Pour lire l’histoire de Zoli, il faut voyager, avoir le souffle long, une
haleine de montagnard et de grimpeur. Il faut sillonner les plaines de Bohême
jusqu’à la France, en passant par l’Autriche et l’Italie. Il faut traverser
plus de 80 ans, des années trente à nos jours, pour lire une magnifique
histoire d’amour, de trahison et d’exil, tout sur fond de l’esquisse du
portrait d’une femme hors du temps. Zoli marche, grandit, vit et les
bouleversements politiques dans l’Europe du XXe siècle font écho à son parcours
jalonné de rets, de privations, d’amours, de perditions et de tant de patience
et de sagesse.
Sur ce chemin, Zoli trouve les mots pour donner forme à son
univers. C’est le poète communiste Martin Stránsk qui va la remarquer et tenter
d’en faire une icône du parti. Mais c’est sa rencontre avec Stephen Swann,
Anglais exilé, traducteur déraciné, qui va sceller son destin. Zoli est un
oiseau rare et libre. Personne ne peut la posséder. Aucun amour autre que sa poésie
ne peut l’habiter. Swann devra le savoir. Et la femme devient alors, malgré
elle, dans le récit de McCann le symbole de la liberté d’un peuple qui ne sera
jamais assujetti. Et là, il y a les souvenirs, la mémoire qui fait son travail
à la fois de sape et de déstructuration du vécu.
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