Paru en 2010 dans la prestigieuse collection La Pléiade, les œuvres
complètes de Jorge Luis Borges retracent le parcours d’un géant des lettres
modernes.
«Je n'écris pas
pour une minorité choisie, qui ne m'importe guère, ni pour cette entité
platonique tellement adulée qu'on surnomme la Masse. Je ne crois à aucune de
ces deux abstractions, chères au démagogue. J'écris pour moi, pour mes amis et
pour atténuer le cours du temps.» Eh, oui. C’est cela et rien d’autre la
littérature telle que les grands auteurs la conçoivent. Jorge Luis Borges
(1899-1986) est l’auteur d’une vie qui se confond avec la littérature.
Il
écrivait des textes en attente de ces bons lecteurs qu’il tenait pour « des
oiseaux rares, encore plus ténébreux et singuliers que les bons auteurs ». Et
l’acte de lire lui paraissait « plus résigné, plus courtois » que celui
d’écrire. La plupart des écrivains se sont attachés à changer un peu l’univers
par ce jeu de symétries, de versions et de perversions que Borges tenait pour
l’unique champ de manoeuvres des lettres. Il confessait, pour sa part, être «
de ceux qui veulent changer l’imaginaire ».
Dans un sens, il y est parvenu
avec des textes forts, limpides, prophétiques. Jorge Luis Borges était content d'entrer
dans cette «Bibliothèque». Il a même guidé le travail de traduction et
d'annotation, en livrant avec générosité ses réflexions sur son œuvre. On aurait pu affirmer que c’est là une
version achvée du travail de cet immense auteur, mais Borges avait écrit dans
sa préface à la traduction en vers espagnol du Cimetière marin de Valéry
que «l'idée de texte définitif ne relève que de la religion ou de la fatigue».
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