samedi 30 mars 2013

Le fric, Dieu et le Foot



Il y a eu cette saillie d’un bonhomme, à coup sûr téléguidé par des services à sigles qui a fourgué un innommable document sur la religion musulmane et son prophète Mohamed. Inutile de revenir  sur cet opus qui a condensé tous les ingrédients de la provocation par temps de grande colère. Dans la foulée, la rue a relayé l’information pour en faire le sujet phare des discussions de café. Quand Dieu s’invite autour d’une table pour analyser les tendances modernes de la haute manipulation, les Marocains peuvent passer pour les plus grands gourous. Mais quand Dieu et ses prophètes sont traités avec le même enthousiasme que le football, là il faut faire un arrêt sur image.

Midi pile. Un café du coin. Deux mecs se tapent la discussion sur le départ de l’ancien sélectionneur du onze marocain du ballon rond. Jusque-là tout va bien. On parle de combien ce technicien belge a coûté à la tirelire marocaine, son manque de résultat et de l’arrivée d’un enfant du pays pour ajuster les tirs. Mais tout bascule quand un troisième larron lance, sans sourciller, que la débâcle du sport marocain est un coup monté sioniste, orchestré par des forces occultes. Le but derrière ces manœuvres étant d’ôter tout plaisir au Marocain et partant à l’arabe et par extension à tous les musulmans de la planète.

Il prend à témoin le film cité plus haut, les JO, la coupe du monde et les guerres civiles ou intestines qui rongent le tissu de la Oumma arabe et musulmane. Son acolyte, jusque-là sensé, change de cap et verse dans l’irrationnel, avec le même naturel. Le troisième s’en mêle et se met à finir les phrases à peine esquissées de ces amis.  Le spectacle est d’abord hallucinant. Ensuite, il devient surréaliste. Puis complètement insensé.

Le bon sens justement dicte, face à ce type de conciliabules d’analystes, de ne pas intervenir ni pour confirmer ni pour infirmer. Tu joues le jeu, tu es pris dans la spirale du complot à plusieurs. Tu t’opposes aux idées de tes voisins de café, tu peux être lynché. Quand trois hommes disent que Dieu est en colère parce que l’Occident veut tuer l’islam et que c’est pour cela que le Foot va mal, il n’y a qu’une seule réaction à avoir : revendiquer avec intelligence son droit aux vertus du silence.

Le plus effrayant, c’est que le discours de nos trois théoriciens est partagé par une grande majorité de Marocains, qui sont tous, à les entendre, au fait des rouages de la machinerie politico-religieuse des grands décideurs de ce monde. Comme me l’a suggéré un ami, il faudra peut-être penser à une anthologie des grandes trouvailles marocaines sur les grandes questions  qui secouent le monde. On y trouvera à coup sûr un début de réponse à quelques tares qui frappent de plein front ce pays. Amen. 

vendredi 29 mars 2013

Arbitrage avec Richard Gere: La haute finance et ses tares


Arbitrage avec Richard Gere
 La haute finance et ses tares




On n’y arrive pas encore. Hollywood peine à livrer  un film digne de ce nom sur la crise financière qui a secoué les USA et précipité le monde dans un chaos sans précédent. Il faut y voir peut-être une certaine réticence à faire de l’autocritique quand le monde va mal et que l’industrie du cinéma Made In The USA rafle encore toutes les mises. Bref, quoi qu’il en soit, Arbitrage tente de poser quelques questions. Nous sommes donc dans la vie d’un  certain Robert Miller, un géant de la finance dans la Big Apple. Une vie de famille exemplaire, une femme, une fille qui le seconde et une maitresse, peintre avec qui il passe quelques nuits torrides. 

The American Dream dans toute sa splendeur et sa supercherie. Face à une énorme transaction, il a un accident de voiture où sa maitresse Julie (jouée par Laetitia Casta) trouve la mort. Robert Miller, l’abandonne et fait appel à l’une de ses connaissances, un jeune noir pour endosser le crime à sa place. Le magnat de la finance doit trancher. Ses valeurs morales sont mises à mal. Et c’est là tout le propos de ce film qui laisse un peu à désirer parce que la fin semble légèrement bâclée. 

Mais l’intention est là. Le réalisateur livre le véritable visage des rapports dans cette famille vitrine à l’Américaine. Du déjà vu et en plus beau chez Sam Mendes et son magnifique American Beauty. Toujours est-il que le couple Gere-Sarandon livre un m beau moment d’affrontement entre mari trompeur et femme qui sait. L’engueulade entre le père et la fille qui découvre les magouilles de son paternel est tout aussi poignante. Bref, Arbitrage scrute les limites d’une morale régie par le fric et les transactions. L’humain passe souvent à l trappe devant le pouvoir tranchant du billet vert.

Réalisé par Nicolas Jarecki. Avec Richard Gere , Susan Sarandon et Tim Roth

«Ce qui est arrivé à M. Davison» de Jon McGregor


Jon McGregor signe un recueil de nouvelles à la fois dur et sans compromis sur le monde actuel. Dans cet opus, c’est une Angleterre abimée qui est donnée à voir.




L’étrange M. McGregor. Cet homme déroule les mots comme des couteaux qui émincent tout ce qui se qui se trouve sur leur chemin.  Rien ou presque ne trouve grâce à ses yeux dans une Angleterre disloquée. Le paysage d’abord. Des routes bétonnées où plus rien ne survit en dehors de la rutilante machinerie. Les fêlures des jours défilent dans un univers sans teintes. Et c’est là que l’écriture de Jon McGregor devient jubilatoire.

Des textes très courts, parfois une seule page suffit pour créer un monde avec ses folies, ses déboires, ses attentes avortées. On passe tour à tour, d’une poésie moderne où l’on côtoie quelques sphères insoupçonnées à des passages ultra modernes, lourds, parfois maladroits, mais qui équilibrent le récit. Mais le maître mot ici demeure la précision. McGregor écrit au hachoir. Il suit son idée dans ses confins et ne laisse rien échapper à sa loupe pour rendre les atmosphères morbides, diaboliques, glaciales et mortelles.

Refuge et subterfuge

Pour McGregor, il n’est pas question de surfer sur cette vague moderne de livrer en série des épisodes de vie, facile et  digestes. Non, même en une seule phrase, le condensé est tel que l’on est pris de frayeur devant le destin étrange qui se dessine devant nous.  « Fils de fer », « On se fait signe… », « On faisait juste une ballade en voiture», il s’agit certes de pans de vie, mais ce sont les situations humaines qui marquent. 

Accident, nage dangereuse, catastrophe… le danger guette. Et c’est cette menace qui peut fondre de partout qui tient en haleine. On ne sort pas indemne de telles lectures. « En hiver le ciel », « Cherche vagin », L’œuf et la poule », d’autres dérives, d’autres glissades vers des abimes béants prêts à engloutir l’existence de tant de protagonistes qui semblent désarmés, non devant leur destin, mais une succession d’éléments qui définissent leurs parcours. Entre regrets, volonté certaine de bien faire sans y parvenir, l’implacable machinerie de la vie broie tout au passage. L’apocalypse dans sa terreur post-moderne est né sous la plume de Jon McGregor, il ne reste plus qu’à se trouver un refuge. Ou un subterfuge.




Editions Christian Bourgois. 

Sortie du film "The Place beyond the pines" : Pas de pitié pour les braves


Le réalisateur de Bleu Valentine, toujours avec l’excellent Ryan Gosling, signe un film haletant sur un drame urbain en trois facettes.  Derek Cianfrance semble dépassé par le calibre de ses acteurs et livre un film qui aurait pu être puissant.   





L’idée est de celles qui peuvent donner corps à un grand thriller. Tout y est ; des caractères solides, une belle intrigue, une forte dose d’adrénaline, des coups de théâtre, une belle femme, un héros déchu  et un flic ambitieux. Même le traitement en trois  phases filmiques aurait pu accoucher d’un bijou du genre. Nous sommes dans la vie d’un cascadeur à moto qui se prénomme Luke.  Un jour, son spectacle itinérant revient à Schenectady, dans l’État de New York,. C’est là qu’il retrouve Romina, avec qui il avait eu une aventure il y a longtemps. Celle-ci vient de donner naissance à son fils. Sa vie bascule. Il décide de s’occuper des siens. S’ouvre devant lui le chemin des braquages pour se faire de l’argent et élever son gosse. Tout va bien sauf que sur ce chemin, Luke croise la route d’un flic qui en veut.  On le devine bien, la partie de chassé-croisé entre le braqueur et le policier s’annonce corsée, avec en toile de fond une femme et un enfant.

D’abord, Derek Cianfrance a démontré dans Bleu Valentine qu’il avait un sens aigu de la caméra. Sa vision du scénario est bonne et son traitement est toujours subtil. C’est ce qu’il tente de reproduire ici dans son second opus. D’où la trouvaille de segmenter son film en trois parties. La première est bonne. Une bonne heure de film tendu sur le cascadeur, braqueur, son amour retrouvé, l’entrée dans sa vie de cet enfant qu’il va aimer de toutes ses forces. Ce découpage en trois est la faille du film. Curieusement, ce qui était censé donner de l’a profondeur  à cet opus, le plombe.

Un futur grand

Si Derek Cianfrance a tenu la dragée haute durant une heure, la deuxième tranche de son film donne de sérieux signes d’essoufflement. Moins d’ampleur, moins de reliefs, moins de nervosité. Ceci est peut-être du aux acteurs eux-mêmes. Si Ryan Gosling porte à bras le corps cette première heure et du reste tout le film, la deuxième partie, celle q où Bradley Cooper doit faire le job n’emballe pas trop. Il en fait des masses et  on sent que la concurrence est rude face à un Gosling imposant, naturellement, sans fioritures aucunes. Il faut dire aussi que le personnage du policier est à la base fade, sans caractère. On sait que c’est lui le méchant qui se la joue correct. Et c’est ce parti prix qui ne marche pas. Reste Eva Mendez, que l’on retrouve dans un registre qui lui sied très bien.  Bonne actrice, subtile, très économe, elle n’en p fait pas des masses. Elle est même la bonne surprise de ce film avec une complicité toute évidente avec Gosling.

 Mais la déception de voir els deux parties finales moins abouties que la première n’enlèvent rien à l’acuité du regard de Derek Cianfrance. Il a du coffre ce garçon, il a des choses à dire et surtout il tente d’avoir une signature. Il rappelle cette singularité que l’on pu voir chez un immense cinéaste comme James Gray à qui l’on doit Little Odessa, The Yards ou encore We own The Night. Si Cianfrance se concentre sur son sujet et fait le bon choix de ses acteurs, il fera partie de ces nouveaux noms du cinéma mondial qui offrent de beaux films, sans stupidité hollywoodesque, encore moins ce show off de façade qui fait plus dans le tape à l’œil que dans le travail réellement senti.

  
Réalisé par Derek  Cianfrance. Avec Ryan Gosling, Bradeley Cooper, Ray Liotta, Eva Mendez et Rose Byrne. 

jeudi 28 mars 2013

« La chute de la maison blanche »: Grande et puissante Amérique





Dans le genre super héros qui va sauver le monde, parce qu’il a sauvé le président des Etats Unis, c’est le film parfait pour se goinfrer de clichés  tous plus éculés les uns que les autres. Le pitch est simple : nous avons un type qui s’appelle Mike Banning. C’est un ancien garde du corps du président des Etats-Unis. Le genre de gars qui sait tout faire. Là, il s’occupe des basses besognes des services secrets, parce qu’il a eu un revers de fortune. 

Mais un héros est un héros et la vie finit toujours par lui offrir de quoi le remontrer aux yeux du ponde.  Un jour, un commando nord-coréen lance une attaque sur la Maison Blanche. Les assaillants prennent en otage le président américain et son fils. Et devinez qui va leur sauver la peau ? Bien sûr Mike, le mec qui peut régler leur compte aux Nord-coréens. 

Eh oui, la roue de la fortune tourne dans le bon sens, deux ans après avoir été tenu responsable de la mort accidentelle de la Première Dame, le seul, l’unique, le magnifique Mike va pouvoir faire preuve de sa loyauté et de sa bravoure. Et dans la foulée sauver notre peau aussi, parce que dans la logique du film les « salopards » de Nord-coréens en  s’attaquant à l’Amérique, finiront par gouverner le monde et y semer la pagaille. Et là, il n’y a plus de démocratie dans le monde, mais une sombre dictature conduite par un petit bonhomme, tout rondelet qui a juré de ne laisser sur terre que ces  sujets… Nord-coréens.

Voilà en gros le film. Déjà consommé à toutes les sauces possibles et inimaginables. On a déjà vu cela avec  les Russes, avec les Yougoslaves, avec les Irakiens, les Iraniens, et là, la grande mode, c’est de nous fournir une vision trop débilement manichéenne sur le mal et le bien avec au centre la sainte super grande puissance américaine qu’il faut à tout prix préserver.  Pourquoi, me diriez-vous ? Mais parce que seuls les USA sont bons et gentils et grands et ils veulent du bien à la terre entière.

Rien à racheter dans cet opus. Ni Gerard Butler, encore moins le trop patriotique Aaron Eckhart. Et même si Morgan Freeman est toujours égal à lui-même, dans sa belle sobriété, on regrette qu’il ait associé son beau bagout à une production qui sent le Pentagone la CIA et le NSA à plein nez. Mais bon entre Hollywood et la sécurité c’est un pacte éternel que rien ne peut briser. 

Requiem pour les penseurs arabes toujours interdits


Requiem pour les penseurs arabes toujours interdits

Dans la longue liste des poètes, écrivains, scientifiques et penseurs arabes interdits, la figure d’Al Moutanabi reste l’une des plus marquante. Le poète, poussé par son narcissisme, s’était-il autoproclamé prophète (d’où son nom)? Rien ne le prouve dans l’histoire méconnue  de cet immense poète et penseur arabe.  Certains diront que les poètes ne sont-ils pas porteurs de prophétie ? N’éclairent-ils pas des sentes encore inconnues ? de fait, les poètes comme les penseurs sont des éclaireurs, des sourciers, des porteurs d’eau qui s’engagent sur des voies encore vierges et ouvrent grand l’horizon de l’imaginaire, de la rêverie et de la création.

Dans la même lignée des grandes figures frappées d’opprobre dans le monde arabe et musulman, le nom d’Al Hallaj demeure comme un point noir dans l’indigente histoire de la tolérance en terre d’islam. Soufi, érudit, fin connaisseur d’Al fikh et de la théologie, il a été cloué au pilori. Fin de l’histoire. On nous dira que l’histoire de la chrétienté et du judaïsme est noire de crimes. Bien sûr. Obscurantisme, hégémonie de l’église, inquisition, bûchers, autodafés, et jusqu’à nos jours encore, l’église sévit. 

Mais ceci est un problème que l’Occident a résolu en grande partie. En terre arabe et musulmane, la pensée fait peur. L’intelligence effraie. C’est une fatalité nourrie par l’atavisme. La religion est un tabou. La sexualité est frappée d’interdits et de sanctions. La critique est hérétique. Que reste-t-il aux humains, nés sous le soleil de l’Arabisme et de l’arabité? Raser les murs et sombrer dans une débilité d’un autre âge. Quand un mufti d’Al Azhar déclare apostat toute personne qui pense que la terre tourne autour du soleil, nous avons tous du souci à nous faire.  Tuer un être humain pour ce qu’il pense est le crime le plus hideux qui soit. 

Excommunier les penseurs, les exiler, les couper de leur sol, comme cela a été le cas avec Abderrahmane Mounif, à coup sûr l’une des voix les plus porteuses de l’histoire de la littérature universelle, c’est cela la véritable hérésie. Ou alors tenter d’égorger un homme âge comme Naguib Mahfouz, célébré dans le monde et haï par l’obscurantisme religieux à l’égyptienne. Comment qualifier ce type de folie ? Il n’y a pas de nom pour de tels actes barbares que la volonté de croupir dans la fange de l’ignorance, du non-savoir, de la négation tous azimuts.   

mercredi 27 mars 2013

comment arriver à avoir un bac sans trop se décarcasser


Dans le taxi, j’ai pu glaner quelques perles  sur les épreuves du bac de cette année. Chauffeurs, clients, hommes et femmes, chacun y va de son cru. Et tout le monde, bien entendu, pense avoir raison. Le bac, ce n’est plus une sacrée affaire. Il suffit d’avoir les tuyaux nécessaires, si j’en crois le chauffeur de taxi de ce matin pour passer haut la main.

 « Eh oui. Tout  se vend, mon ami. Les épreuves sont connues d’avance. Il suffit d’avoir quelques  connaissances et un bon réseau et le tour  est joué ». Ces propos qui peuvent être très dangereux ne semblent pas du tout inquiéter le taximan, qui prend pour témoin la bonne femme assise à  ses côtés  et qui connaît un large rayon dans le domaine de la débrouille le jour des examens.

Cette dame d’un âge respectable affirme et elle jure par tous ses saints que son fils a eu le bac parce qu’elle a casqué. « Et cela ne vous dérange pas madame, que votre fils même un tantinet cancre arrive à décrocher un diplôme ? » Mais pourquoi voudrais-je que son fils et elle soient gênés par cela. Un diplôme c’est un diplôme.

Et peu importe les moyens, puisque la fin justifie tout. Et comment. Madame a même laissé entendre que des cadres sont de mèche et arrondissent les fins d’années en faisant du négoce rentable d’exams.  Et cette dame a même voulu nous filer le GSM de quelqu’un qui connaît quelqu’un qui pourrait nous démerder les épreuves de physique à cent dirhams.  

Mais 100 dhs, c’est donné, madame. Oui, mais le bonhomme, il vend des centaines d’épreuves, vous voyez le chiffre, monsieur ? Un peu que je vois, cela arrondirait les fins de plusieurs années si l’on compte les dizaines de milliers de candidats. Sans oublier que l’on ne s’improvise pas vendeur d’épreuves du bac du jour au lendemain. Cela doit être un travail bien rôdé avec une longue expérience et des soutiens un peu partout, des gens à payer, d’autres à amadouer pour que le schmilblic avance sans grabuge.

Quoi qu’il en soit, plus personne ou presque, parce que dans le tas, il y a à coup sûr des élèves au-dessus de tout soupçon, ne veut trimer pour passer son bac et décrocher avec honneur un diplôme aussi symbolique. Le passage de l’âge d’enfant à celui d’adulte avec un bac en poche, devrait se faire dans des conditions de moralité exemplaire. Mais bon, aujourd’hui, comme l’a bien résumé la dame du taxi, seule la fin compte, les moyens on s’en fiche.


à tous ceux qui se délectent de la crise qui frappe l'Europe...


Le chauvinisme est une tare. Quand il est doublé de nationalisme primale, c’est un crime. Un ami, en qui j’ai toujours eu confiance -un homme de bon sens et de culture- est tombé de son piédestal hier. Il m’a sorti, tout de go, que « c’est tant mieux pour l’Espagne cette crise qui l’a mise à genoux. Désormais, ce sont les Espagnols qui vont se démerder des pateras pour franchir le Détroit de Gibraltar dans le sens inverse.» 

Et il ajoute, dans un élan de grande trouvaille qu’après les Espagnols, on verra les Portugais, les Italiens et les Français leur emboîter le pas pour venir « quémander des petits boulots au Maroc où la croissance économique n’est pas si mal que cela ».

D’abord, le climat des affaires au Maroc n’est pas au beau fixe. Loin s’en faut. Les turbulences sont multiples. Les intempéries vont se succéder. Et rien ne garantit que les chiffres de croissance avancées par plusieurs institutions nationales ne soient pas que de la poudre aux yeux. 

Il n’y a qu’à faire un tour dans le vrai Maroc, les quartiers périphériques, les zones populaires, les milieux ruraux, les petites bourgades, les patelins et autres douars, pour se rendre compte, que les Marocains ne sont pas mieux lotis que les Grecs. J’irai même jusqu’à affirmer que les Grecs se portent encore mieux que des millions de Marocains.

Ensuite, l’idée selon laquelle les Espagnols vont affluer en grand nombre par Sebta et Melilla est fausse. Si certains cadres ont trouvé des jobs à Casablanca ou à Rabat, ce n’est que du provisoire en attendant que la situation s’arrange du côté de Madrid. Mais les maçons, les peintres en bâtiment, les menuisiers, les éleveurs, les petits cadres et les saisonniers ne vont pas investir Ktama et ces champs. 

Non. Ce sont d’abord les Marocains immigrés en Espagne qui vont rentrer au bercail. Ils vont laisser la place aux autochtones qui sont dans l’obligation d’accepter n’importe quoi pour ne pas sauter par une fenêtre quand les huissiers débarquent pour les expulser de leurs domiciles, acquis à crédit.

Non, mon ami, les pateras, ce n’est que dans un sens. Pour le moment et jusqu’à nouvel ordre mondial, une fatalité. Pedro et Jaime ne vont pas être rejetés sur les rives de Ksar Sghir. C’est la triste réalité que ni le chauvinisme de bas étage, ni le nationalisme à deux sous ne vont changer.  

Se refuser à voir certaines dures réalités ne les empêche pas de s’enraciner davantage dans le corps du pays. Je préfère être celui qui a ouvert les yeux, qui veut voir la crasse là où elle s’amoncelle que de vivre par succédanés illusoires pour épargner sa bien-pensance et se sentir confortable dans son politiquement correct. 

Go Go Tales, le dernier bijou d’Abel Ferrara


Le réalisateur de Bad Lieutenant et de Nos funérailles, Abel Ferrara, avait présenté Go Go Tales à Cannes en 2008. Quatre ans, après, il sort enfin en salles. Une plongée érotique et sans compromis dans le monde de la nuit. Sublime.




Abel Ferrara est un cinéaste économe. Mais chaque film est un événement. Une leçon de cinéma. Une percée dans l’univers de l’imagerie à un moment où d’autres réalisateurs préfèrent la facilité. Avec GO GO Tales, Abel Ferrara renoue avec le monde de la nuit. Nous sommes dans  le Paradise, un cabaret branché de gogo danseuses situé dans le Sud de Manhattan. 

C’est une réelle fabrique à rêves que dirige un dénommé Ray Ruby. Un soir Ray Ruby et son bras droit, le comptable Jay, doivent affronter la colère de la propriétaire des lieux bien décidée à les expulser. Pire, les danseuses menacent de se mettre en grève. Ray tente sa chance à la loterie... Rien d’extraordinaire, en somme. Sauf que sous l’œil d’Abel Ferrara, le cabaret revêt des aspects à la fois bibliques et expiatoires. Il s’agit d’une descente en roue libre dans les méandres d’une vie parallèle, celle des noctambules. Nous sommes bien avant le 11 septembre. 

C’était une autre vie. Tout fout le camp une fois le drame frappe la ville. Le sexe, le striptease, l’effeuillage de sens, l’argent, la drogue, rien n’y fait. Il faut prendre un nouveau virage. Les esprits s’échauffent, perdent leurs repères et donnent de la voix. Et là, face à  ces petits désagréments de la vie des gens de la nuit, c’est l’autre face du monde qui est révélée.  

Le souci du cinéaste Ferrara, n’est pas de singer un énième film, style vintage sur les cabarets. Mais surtout de montrer qu’en bon électron libre dans un monde régi par les grandes Majors, il peut faire son film comme il l’entend, avec sa propre vision des choses. C’est justement cette métaphore d'un cinéma indépendant créatif, en panne sèche de financements qui rend cet opus à la fois atypique, captivant et surtout profond. 

Oui, on peut aussi faire de grands films, avec de vrais sentiments, signant de grands acteurs comme Willem Dafoe, sans se payer la tête des gens.  D’ailleurs, Willem Dafoe joue également l’autoportrait du cinéaste comme un clin d’oeil très vicieux et inspiré. Et c’est jubilatoire.

mardi 26 mars 2013

A la mémoire des animaux du Maroc


La journée mondiale des animaux a apparemment été fêtée au Maroc, début octobre 2012. Des animaux sauvages, s’entend. Sauf qu’en matière de faune qui gambade dans les savanes et autres prairies, le Maroc  a perdu, il y a de cela, très longtemps, son dernier lion de l’Atlas.  Que reste-t-il alors ? Des singes magots, qui sont en voie de disparition. Des loups, qui n’existent plus, sauf une espèce de chacal solitaire, qui a été découverte par une équipe espagnole, dans ce même Atlas.  Il n’y a plus de rapaces ou presque, pas de tigre, pas d’éléphant, pas de léopard, ni de jaguar, encore moins de puma ou de lynx, pas de crocodiles, pas de Rhinocéros ni d’hippopotame… les gazelles ont disparu. Tout a été décimé.

Il reste quelques cigognes qui continuent à couler des jours plus ou moins calmes jusqu’à nouvel ordre et des flamants roses qui, arrivent de moins en moins dans la lagune de Oualidia. Le tableau est noir, c’est vrai. Mais si c’est triste, c’est aussi la réalité de la faune sauvage au Maroc. Même dans les zoos, les rares lions et autres hyènes sont si mal en point que c’est un crime de les garder en vie. Il nous faut d’autres zoos, d’autres réserves naturelles, d’autres programmes d’introductions d’animaux sauvages en milieu naturel, pour réveiller un peu notre optimisme.

 Mais de quels animaux sauvages parle-t-on, alors ? Peut-être des chiens et des chats. Ces derniers existent en surnombre au Maroc. Ils errent le long des boulevards, aboient, miaulent de faim. Et de temps à autre, ils mordent ou griffent. Il y a aussi quelques serpents qui ont échappé aux charmeurs de Jamaa Elfna, à Marrakech. Des scorpions qui n’ont pas encore été séchées pour servir d’encens chez les droguistes. Il y a aussi des pigeons, qui n’ont pas encore été capturés pour servir de boustifaille dans des mariages.  Il ne faut pas, non plus oublier, quelques poissons, qui nagent encore dans le large et qui vont finir, un jour ou l’autre dans la marmite. Sinon, plus d’animaux sauvages. 

Donc plus de fête mondiale ou nationale. A moins de vouloir juste raviver des douleurs et dire qu’au Maroc, les choses sont tellement dures que le seul être vivant qui vaille encore la peine d’être préservé, c’est l’homme. Et encore. 

lundi 25 mars 2013

Ultra-moderne oisiveté à la Marocaine


Je me souviens de mes années d’adolescence. Une pile électrique. Tout m’intéressais. Je voulais vivre des journées de 72 heures, tellement le temps me paraissait court pour faire tout ce que je voulais en une seule journée. J’avais trouvé à l’époque la parade. Dormir le moins possible pour ne pas perdre de temps. Il me fallait lire, écrire, sortir, aller jouer un match de foot, faire mes séances de muscu, aller au cinéma, sortir avec une copine, voyager, faire les 400 coups, mordre à pleines dents dans la vie. Le Carpe diem dans toute l’acception du terme. Et vivre l’instant présent n’était pas un vocable pour la forme, mais une réalité du quotidien.

Aujourd’hui, autour de moi, au sein de ma famille, chez des mais, je vois des jeunes qui n’ont rien de jeune. Ils sont avachis devant leurs consoles de jeu. Ils ne jurent que par des icônes insipides comme Messie et  Ronaldo. Ils passent des heures à se tourner les pouces. Ils sont déjà gros, presque décomposés de l’intérieur. A 18 ans, ils en paraissent 36. Les parents sont démissionnaires. Les gosses, eux, mangent au fast-food, avalent des pizzas douteuses, boivent des Red Bull et autres Burn, et ne brûlent pas la moindre calorie.

Inutile de demander  à un jeune d’aujourd’hui ce qu’il lit. Il n’a pas le temps. Ni  quel film il a été voir au cinéma. Il n’a toujours pas le temps. Il écoute Lady Gaga et Pitt Bull, quand il vient des quartiers soi disant huppés. Et il chantonne du Bilal quand il descend des bas fonds de la ville. Son rêve ne va pas au-delà de la minute qu’il tente en vain de tuer. Au-delà, c’est trop lui demander. Il n’a pas la force de faire des projets, le jeune d’aujourd’hui. Le père, s’il a du fric, lui garantit ses dépenses. Si le paternel est fauché, le fils devient hettiste, finit drogué, se fait des balafres sur les bras, et  passe par la case pénitencier, histoire de devenir quelqu’un.

Pour les filles, c’est pire. Entre chiffons et cosmétiques, l’esprit est presque aseptisé. Paralysé. Avez-vous déjà passé cinq minutes à discuter avec une jeune fille marocaine ? Quel désastre et quel ennui.  Même belles, elles sont d’une fadeur à faire pâlir les plus moches. La faute à qui ? Difficile de le savoir. Il y a de tout. Parents, écoles, société, entourage, l’air du temps, certains atavismes à la Marocaine. Sincèrement, il n’y a pas de quoi être fier des jeunes marocains d’aujourd’hui.  On se demande même comment sera le Maroc dans vingt ans quand on scrute de plus près sa jeunesse. 

Des Marocains et des prisons


 A défaut d’être premier  en sport, en droits de l’homme, en progrès sociaux et autres avancées dans le monde du savoir, les Marocains tiennent le haut du pavé en tant que prisonniers en Europe. Eh oui. Il faut bien être premier dans quelque chose. En Belgique, selon le dernier rapport des prisons, un détenu sur dix est Marocain. On devance, avec 1175 prisonniers l’Algérie, la Roumanie,  les Turcs, les Congolais et les Français. Ce n’est pas rien. Et ce n’est pas un fait belge. En Espagne, on est aussi parmi l’élite des pénitenciers, tout comme en Italie. Avec un large pourcentage sur les étrangers aux Pays-Bas, en Allemagne et en France.

On a même des représentants en Nouvelle-Zélande, en Groenland et au Chili. C’est dire que le Marocain est un grand voyageur, qui n’hésite pas à aller voir de près à quoi ressemble une prison en terre étrangère. Selon certains sociologues, qui se sont penchés sur la question, c’est là un trait de caractère. Le Marocain a une nette  inclination pour le marquage du territoire. Des fois, la case prison fait bien l’affaire. Encore une fois à défaut d’autre fait glorieux. Car, n’est pas détenu qui le veut. D’ailleurs, chez nous,  la prison est faite pour les hommes, les vrais, les durs à cuir. Oui, c’est le proverbe qui le dit.

Est-ce une fatalité ? Il paraît que non. Mais que par les temps qui courent, le Marocain n’a pas beaucoup de choix. Etant donné la crise, même qualifié un Marocain n’a pas trop d’opportunité. Reste le crime. Et là, il semble que le Marocain présente des atouts forts. Sauf qu’il se fait prendre. Ce qui ne joue pas trop en sa faveur. Car un bon malfrat est un malfrat en liberté. Une fois derrière les écrous, on devient un nom de matricule qui sert des rapport de fin d’années sur les statistiques et autres chiffres pas si honorifiques. 

Toujours est-il que l’on nous dira qu’il vaut mieux être détenu en Belgique qu’au Maroc. Ce n’est pas si évident qu’il y parait. Car si les pénitenciers marocains accusent de nombreuses tares, en Europe, la barbarie dans les prisons a atteint des nivaux indescriptibles. On parie que de nombreux prisonniers dans des pays d’Europe voudraient retrouver leur pays d’origine histoire de purger leurs peines. Mais là, non plus, ce n’est pas possible. Déjà que les prisons marocaines sont surpeuplées, a chacun sa poisse en attendant de retrouver le chemin de la rédemption. Amen. 

vendredi 22 mars 2013

« Le prix à payer » de Nick McDonell





28 ans, cinq livres dont deux qui sortent coup sur coup chez Flammarion aujourd’hui, Mission accomplie et Le Prix à payer que nous traitons aujourd’hui. Pourtant, dans ce roman d’espionnage, où l’on retrouve tous les ingrédients du genre, c’est l’approche qui est marque. 

Il y a une telle distanciation entre l’auteur et ses personnages qui les rend plus proches, plus humains, parce que plus vulnérables. D’abord Susan. Un poste à Harvard, une belle vie de famille, elle a même raflée le Pulitzer pour l’histoire poignante d'Hatashil, un orphelin qui devient guerrier au sein des rebelles somaliens. Puis, il y a David. Lui est né en Somalie. Et il est habitué de Harvard. Ensuite, il y a Michael. Il décroche son diplôme à l’université du Massachussetts et se fait happer par les services secrets qui l’enrôlent. On le devine, il sera en mission en Somalie. Où ? dans le village natal de David. 

Et là, il tombe nez à nez sur Hatashil. Bel imbroglio et jeux de pistes dans un roman qui se joue des contours du livre d’espions et se fait à la fois l’écho de deux univers : le monde clos des universités et les exigences de la politique dans ses sombres coulisses. 

Roman actuel sur une Somalie qui échappe à tout contrôle, Nick Mcdonell, plonge dans la face cachée de ce qui se trame entre le bureau ovale, la CIA, la NSA et cette Corne africaine, trop complexe et compliquée à gérer. Y défilent certes l’amour, le mensonge, mais surtout un regard acerbe sur une Amérique en perdition q dont l’image sainte est écorchée  par plusieurs endroits.

 Le prix à payer. Nick MacDonell. Editions Flammarion.

Le vieux marin de Jorge Amado: Capitaine au long cours


L’écrivain brésilien, Jorge Amado revient sur son personnage Vasco Moscoso de Aragon, un loup de la mer qui essaime des aventures là où la  houle le transporte.  Un roman aussi costaud que son protagoniste très haut en couleurs. Jouissif.




Pour Jorge Amado, le vieux marin Vasco Moscoso de Aragon, est une magnifique trouvaille romanesque.  On comprend très vite que nous ne sommes pas dans les mêmes sphères d’écritures que le Lord Jim de Joseph Conrad. Nous sommes  tout aussi bien loin des limiers de la mer qui fleurissent chez Hermann Melville.

Bien sûr, Vasco Moscoso est Latin,  Sud américain. Un homme aux multiples facettes. Un personnage  qui ne peut voir le jour a que sur les rives du Brésil.  Il nous raconte des histoires. Il parle d’aventures. C’est un marin. ? Un homme qui a roulé ses rafiots par mauvais temps et grande houle. Dans les faubourgs de Bahia, il est l’attraction des uns et des autres. Cet homme à la faculté de transfigurer le monde. 

Ce qu’il narre n’a cure des réalités. A la limite, personne ne cherche à savoir si ce qui est dit est la vérité ou son corollaire l’imaginaire. L’essentiel est là : des histoires, des visages, des vies, des drames, des joies, des espoirs et des rêves. Et c’est là la force ce  personnage. C’est là aussi la grandeur de Jorge Amado, grande figure des lettres sud-américaines.

Avec une telle maîtrise de son sujet, le tout décliné avec drôlerie et acuité, Jorge Amado corse son récit. Le vieux marin se voit obligé de prendre les commandes d’un navire dont le commandant est mort. Moment de vérité. Mais loup des mers ou simple rêveur, Vasco Moscoso s’en tire avec les honneurs. Bref, Ce livre est un  foisonnement de détails, de situations humaines aussi riches d’enseignements sur un continent métissé dans la beauté est éternelle.

Le vieux marin de Jorge Amado. Editions Stock. 

  

A propos du Kadhafi marocain de Derb Ghallef


Il y a des destinées posthumes. A défaut de faire une grande sortie par la grande porte ouverte de l’histoire, des figures du calibre de Moammar Kadhafi dont on connaît l’humiliante fin, peuvent au moins se payer  quelques instants de résurrection. Au Maroc, un type ressemblant à s'y méprendre à Kadhafi a été aperçu en train de faire ses courses dans une épicerie.

Le bonhomme a cultivé la ressemblance jusqu’à devenir le sosie du dictateur libyen. Mieux. Il s’est même prêté au jeu de la célébrité en acceptant   les flashs des badauds et autres curieux, très amoureux du  Colonel.  Si ceci n’est pas l’immortalité, qu’est-ce que ceci peut-il bien être ?  Une photo posthume avec un assassiné, c’est du scoop. Pour certains, c’est même un message de l’au-delà. La sacralité passe par là. Surtout dans un monde où le sacré est en perte de vitesse. Malgré les slogans fanatiques et communautaristes.  

Certains ont même dans leur porte feuille, une photo du guide. Elle peut, dans certains cas siéger sur le même plastique que Ben Laden et Saddam. Trinité arabo-musulmane. Le fer de lance de la force des musulmans. Tous, selon une certaine rue arabe, sacrifiés sur l’autel de la barbarie occidentale.

C’est cette même idéologie très réconfortante et victimisante qui fait que des  jeunes veulent marcher dans les pas de leurs illustres prédécesseurs. Looks, attitudes, chevelure, démarches, gestes et effets de manches, il y en a même qui pousse le culte de la personnalité jusqu’à prénommer leur progéniture, Saddam, Oussama, Moubarak, Moammar… Non sans fierté.

La rue arabe manque d’idoles. A une époque où des incultes deviennent des exemples à suivre. A un moment de l’histoire où l’indigence intellectuelle définit l’échelle social, quand des petits s’habillent en grand et des malvenus dictent ce qu’il faut suivre comme tendance, normal que l’arabe lambda et partant le Marocain en mal de repères, s’accroche à l’image de criminels de guerre, de dictateur, de fous d’Allah comme effigie de ralliement des masses.

C’est ce que certains sociologues pourraient appeler la revanche par procuration des plus écrasés. Quand on massacre leurs idoles, ils les portent en bandoulière ou alors scotchent leurs portraits dans les toilettes. C’est cela et rien d’autre les destinées fatales.