mercredi 10 avril 2013

Reflets de l’absence d’Aïssa Ikken


Les éditions Marsam viennent de publier un recueil de poésie du poète, romancier et plasticien Aïssa Ikken. Avec des enluminures du peintre lui-même, c’est un ouvrage de bi-paternité entre expression poétique et dialogue chromatique.




Boris Pasternak avait un jour écrit ceci : « L’image est le produit naturel de la brièveté de la vie de l’homme et de l’immensité de la tâche qu’il s’est assignée. C’est cette incompatibilité qui le contraint à tout considérer de l’œil enveloppant de l’aigle, à traduire par brefs éclats son appréhension immédiate. Telle est l’essence de la poésie.» 

Toute l’œuvre poétique d’Aïssa Ikken verse dans cette quête du fragmentaire. Nous Sommes face à une œuvre poétique où l’instant dans sa fugacité est l’expression même du poème. Cette écriture de l’instantané, qui frôle le temps qui passe, sans l’assujettir à une quelconque contingence. Une écriture de l’essentiel où le peu compte plus que le beaucoup, où les mots se réduisent pour atomiser leurs sens et donner à sentir le non-dit. Une approche qui fera en une vie d’écriture que le poète arrive à «Peser de tout son poids sur le mot le plus faible pour qu’il s’ouvre et livre son ciel.» 

Autant le poète que le peintre sont animés de cette ferveur candide de ceux dont le cœur est habité par la création. Il y a des gens pour qui la poésie est un mode de vie, d’autres une enjolivure du quotidien. Entre les deux, il y a la distance qui sépare l’esprit de l’objet de la création. «La poésie, c’est comme le radium, pour en obtenir un gramme, il faut des années d’effort», écrivait Maïakovski pour résumer le sacrifice de toute une vie pour le verbe. Mais il ne s’agit pas là de mots, mais de situations qui trouvent racine dans l’existence. 

Ces reflets de l’absence sont à la fois une quête de mémoire, une réécriture du passé et une belle projection dans ce demain que l’on a tant façonné en esprit.  Tout est au futur, nous dit le poète Ikken. Une vision limpide de demain, dans un retour amont où l’on puise de quoi éclairer tant d’aurores qui n’ont pas encore luit. Et quand vient l’impossibilité, il faut tester son endurance. Ne pas rechigner à plier l’échine, car quand on tombe on aime encore.


Aïssa Ikken, Reflets de l’absence. Éditions Marsam

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