Les
éditions Marsam viennent de publier un recueil de poésie du poète, romancier et
plasticien Aïssa Ikken. Avec des enluminures du peintre lui-même, c’est un
ouvrage de bi-paternité entre expression poétique et dialogue chromatique.
Boris Pasternak avait un jour écrit ceci : «
L’image est le produit naturel de la brièveté de la vie de l’homme et de
l’immensité de la tâche qu’il s’est assignée. C’est cette incompatibilité qui
le contraint à tout considérer de l’œil enveloppant de l’aigle, à traduire par
brefs éclats son appréhension immédiate. Telle est l’essence de la poésie.»
Toute l’œuvre poétique d’Aïssa Ikken verse dans cette quête du fragmentaire.
Nous Sommes face à une œuvre poétique où l’instant dans sa fugacité est
l’expression même du poème. Cette écriture de l’instantané, qui frôle le temps
qui passe, sans l’assujettir à une quelconque contingence. Une écriture de
l’essentiel où le peu compte plus que le beaucoup, où les mots se réduisent
pour atomiser leurs sens et donner à sentir le non-dit. Une approche qui fera
en une vie d’écriture que le poète arrive à «Peser de tout son poids sur le mot
le plus faible pour qu’il s’ouvre et livre son ciel.»
Autant le poète que le peintre sont animés de cette
ferveur candide de ceux dont le cœur est habité par la création. Il y a des
gens pour qui la poésie est un mode de vie, d’autres une enjolivure du
quotidien. Entre les deux, il y a la distance qui sépare l’esprit de l’objet de
la création. «La poésie, c’est comme le radium, pour en obtenir un gramme, il
faut des années d’effort», écrivait Maïakovski pour résumer le sacrifice de
toute une vie pour le verbe. Mais il ne s’agit pas là de mots, mais de
situations qui trouvent racine dans l’existence.
Ces reflets de l’absence
sont à la fois une quête de mémoire, une réécriture du passé et une belle
projection dans ce demain que l’on a tant façonné en esprit. Tout est au futur, nous dit le poète
Ikken. Une vision limpide de demain, dans un retour amont où l’on puise de quoi
éclairer tant d’aurores qui n’ont pas encore luit. Et quand vient
l’impossibilité, il faut tester son endurance. Ne pas rechigner à plier
l’échine, car quand on tombe on aime encore.
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