Récit. Mission accomplie est le récit du passage du jeune
écrivain, Nick MacDonell, au sein de la première division de cavalerie
américaine, en 2009. Envoyé par le
magazine Time sur le front irakien, l’auteur en tire un texte puissant.
Un écrivain dans l’apocalypse
de la guerre. Ce n’est pas nouveau. Des ainés l’ont déjà fait. Mais Nick
McDonell a cette particularité d’être très jeune. Seulement à 25 ans, il
intègre la première division de cavalerie américaine parcourant l'Irak de Bagdad à Mossoul. Une plongée en spéléologue dans ce monde fascinant et horrible
qu’est un pays en guerre. Tout passe au crible de l’écart qui sépare les
soldats, les véritables acteurs de ce drame humain à ciel ouvert où seule la
mort fait office de loi, et un écrivain qui observe, note tout, se
concentre sur les détails de
toutes ces vies dont les trames se jouent devant lui.
C’est cette panoplie de
visages scrutés dans leurs confins qui octroient à ce récit de guerre toute son
acuité. Nick McDonell se garde de porter des jugements. Même quand il relate
l’amertume de ces commandants de guerre, dont le cœur s’est endurci au contact
de la mort, il reste l’homme qui essaie de comprendre toutes les ramifications
des sentiments humains.
C’est la même attitude face aux interprètes, mal aimés
et soupçonnés par les populations ou alors les soldats qui tentent d’en finir
avec la rébellion. Ce sont des microcosmes pris dans les affres des champs de
batailles. A chacun sa guerre, avec sa cohorte de non-dits. A chacun sa rédemption
ou l’impossibilité d’y accéder tant le poids de l’absurde est écrasant.
Au-delà des réalités
Nick McDonell qui a déjà parlé
de l’Irak dans Guerre à Harvard, où l’on se souvient de ces écrans qui
diffusent à longueur de journée les combats, via des chaînes qui ont fait leur
jus sur la mort comme CNN et Fox TV. On le sentait déjà, le jeune écrivain nous emmenait avec lui, au-delà des écrans, pour voir ce qui se passe de
l’autre côté.
C’est cette quête des réalités qui échappent au prisme des médias
qui font de Mission accomplie un ouvrage riche, humain, sérieux sur une guerre
qui n’est pas finie, qui a toujours des jours noirs devant elle, avec son lot
de vies fauchées, de rêves éteints et d’espoirs avortés. Avec en prime, ce
renvoi à la fameuse saillie de George W. Bush, déclarant, lors d’un célèbre
discours, en 2003, "Mission
accomplie, je déclare la fin des combats militaires en Irak".
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