vendredi 27 septembre 2013

Pour l’amour de Kant… une balle dans la tête


Une dispute entre deux Russes sur l'oeuvre du philosophe allemand Emmanuel Kant  a conduit à un meurtre. Oui, deux types, comme vous et moi, dans un coin en Russie ont pété un câble en opposant leurs arguments sur telle ou telle assertion de monsieur Kant. L’histoire russe est très intéressante, dans un sens. Un drame humain étant, bien entendu, une grande tragédie. Mais on peut y voir de nombreux indicateurs culturels sur telle ou telle approche de la civilisation et de  l’Histoire. 
Un jeune homme de 28 ans rentre chez lui. Il s’arrête devant un kiosque. Et là, faisant la queue, il entame une conversation avec un autre jeune de 26 ans. L’un et l’autre sont admirateurs de l’œuvre de Kant. L’un et l’autre sont passionnés. Très vite, on en vient aux mains, puis, un coup de flingue éclate. La suite est moins romanesque. Le tireur a pris la poudre d’escampette détalant à toute allure. Bon, il a dû réaliser, après coup, c’est le cas de le dire, qu’il a merdé. Kant ou pas, on ne tire pas sur un autre citoyen. Surtout si c’est un compagnon d’armes en termes de philosophie très pointue.
Cet épisode dans un patelin russe me rappelle, un type que j’ai connu jeune, dans mon quartier d’enfance. Il a purgé dix ans pour avoir été en désaccord avec son voisin sur la carte du monde. L’un disait que la terre était ronde et qu’elle tournait. L’autre, boucher de son état, refusait de croire que la terre était bel et bien ronde. "Non"  qu’il disait et il rouspétait. Et l’autre, calme, lui détaillait  ses connaissances lui montrant même que la Russie et les USA sont presque voisins.
Rien à faire. Le boucher ne voulait rien savoir. Il a argué à son voisin savant que si la terre tournait l’eau des océans se serait déversée sur nos têtes à tous. Et pire. On serait tous en train de gambader dans d’autres contrées. Il a même dit en guise d’argument infaillible que si la terre tournait, "alors moi je me réveillerais à Derb Moulay Chérif et je pourrai dormir à New York". Face à de telles saillies, l’autre voisin l’insulte et veut s’en laver les mains. Mais l’autre lui plante son couteau de boucher dans le dos pensant qu’il le charriât pour en faire la risée du quartier.
Résultat des course un infirme à vie et un boucher qui a écumé des jours pas heureux que la terre tourne ou pas, dans une cellule.
Bon, il y a pire chez nous, on peut s’entretuer juste pour un regard. De là à aiguiser  ses armes en abordant des sphères éthérées sur la métaphysique de la vie et de la mort, ce n’est pas demain la veille que près de chez nous, on aura des joutes, pacifistes, sur l’art et la culture. Chacun son destin. 


L’histoire de ma contrevisite médicale … un an après

Il y a de ces événements drôles dans la vie. De simples petits tracas de rien du tout, mais qui peuvent cacher de véritables gags. Tenez, par exemple, mon dossier pour rembourser une visite médicale qui date d’octobre 2012. J’ai reçu une notification de la part de mon assureur, une grosse boîte internationale, sérieuse et  rigoureuse, qui me dit que je dois faire une contre-visite pour une somme assez dérisoire.

Je n’ai pas eu le temps, parce que j’étais en reportage dehors et que vu la quantité de travail d’un journaliste, il ne faut pas croire qu’on se la coule douce derrière un ordi à manger du clavier. Loin s’en faut. Bref, presque un an passe, je refais  mes lunettes, les yeux s’usant à chaque ligne que les doigts pianotent sur un clavier, et je demande que l’on me rembourse mon dû.

On me dit que nenni, « ton dossier est bloqué ». Il faut refaire une contre visite. Pour mes yeux et mes nouvelles lunettes de vue ? Non, pour l’affection que j’ai eu en octobre 2012 !! Oui, il faut que j’aille voir un médecin, un an après avoir guéri pour qu’il confirme à mon assureur que j’ai bien été malade ! Comment est-ce possible ? Comment le médecin peut-il savoir si j’ai vraiment souffert de gorge, de rhume, de céphalées et autres petites tracasseries, il y a douze mois ?

Mystère. Mais peut-être que la médecine, d’un simple coup de bonjour peut le définir. Oui, la médecine peut même juste, de loin d te dire oui, tu a s été malade et les médicaments que tuas achetés ont bien servi à te soulager. C’est un fait. Mais tenez-vous encore bien. La contre visite en question pour un petit problème de mal de tête (j’ai juste vu un généraliste qui m’a prescrit un antibiotique, du paracétamol et deux autres bricoles pour la gorge) devait se faire chez un neurologue ! Le ciel m’est tombé sur la tête ! Mais pourquoi un spécialiste ? Un neurologue pour définir si j’ai bien soigné mon mal de gorge qui m’a donné un peu de fièvre et des migraines ?

Et oui, c’est comme ça. Un an plus tard, d’octobre 2012 à septembre 2013, un neurologue, que j’ai vu le mardi dernier, a bien vu que j’ai été malade, mais que grâce aux médicaments j’ai recouvert la forme. Mais j’ai eu peur. Je me suis dit, mon dieu, mais est-ce que mon assureur a tellement pensé à moi, qu’il s’est dit qu’il fallait que j’aille faire d’autres examens, on ne sait jamais ?  Je me suis senti aimé par mon assureur. Quel intérêt !

Evidemment, cette contre-visite m’a soulagé. D’un côté, le médecin m’a serré la main et a compris que je suis sain et sauf. De l’autre, mon assureur est tellement soulagé pour ma santé qu’il va me rembourser. Et tout le monde, il est heureux. Et tout le monde il est content.

Cigarette électronique Bonne ou mauvaise ? Qui sait ?


Le Maroc connaît un engouement pour la E-cigarette. Pourtant des études ont pointé des doigts  certains s dangers, quand d’autres études insistent sur son rôle pour arrêter de fumer.



Le numéro de septembre de la revue 90 Millions de consommateurs, en France, vient relancer les débats, déjà assez contradictoires, sur la cigarette électronique. Bonne ou mauvaise pour la santé ? Là est toute la question. Si aujourd’hui, une étude australienne, publiée le 9 septembre 2013, nous apprend que c’est bénéfique pour les consommateurs désireux d’arrêter de fumer et que ses effets sont proches de « ceux des patchs de nicotine », d’autres chercheurs ne l’entendent pas de la même oreille. Pour 60 Millions de consommateurs, les cigarettes électroniques « ne sont pas aussi inoffensives » que le disent leurs fabricants. Certains vont même jusqu’à accuser les industriels de commander des études favorables pour inciter les gens à fumer des cigarettes électroniques.  Contacté par nous, un médecin de la place, nous dit que «  quand je lis une étude où tout est bon surtout quand il est question de fumer, je me méfie.

Vigilance
Par contre, une mise en garde est toujours importante ». En effet, la revue française, qui s’appuie sur de nombreuses études enfonce le clou et nous apprend que les cigarettes électroniques « peuvent émettre des composés potentiellement cancérogènes ». Une conclusion qui s’appuie sur une batterie de tests réalisés sur une dizaine de modèles de cigarettes jetables ou rechargeables. « Dans 3 cas sur 10, pour des produits avec ou sans nicotine, les teneurs en formaldéhyde (ou formol) relevées flirtent avec celles observées dans certaines cigarettes conventionnelles », peut-on lire dans la revu 60 Millions de consommateurs. Pire, toujours selon les tests, «une molécule très toxique, l'acroléine, a été retrouvée dans l'un des modèles testés (E-Roll) à des teneurs qui dépassent même parfois celles que l'on peut mesurer dans la fumée de certaines cigarettes ». dans la foulée, on apprend également que d'autres susbtances toxiques comme l'acétaldéhyde, classé cancérogène possible ou des traces de métaux « potentiellement toxiques » ont été trouvés dans certains modèles d'e-cigarettes. On va encore plus loin pour voir que certains produits annoncés « sans » propylène glycol en contiennent. Tricherie sur les produits, volonté de duper les clients en leur proposant des produits potentiellement dangereux ? Il faut savoir que nous en sommes encore au stade des débuts. Il faut des années pour voir les réels effets de la cigarette électronique sur la santé. Pour Thomas Laurenceau, du magazine de l'Institut national de la consommation en France, « Les cigarettes électroniques sont loin d'être les gadgets inoffensifs qu'on nous présente. Ce n'est pas une raison pour les interdire. C'est une raison pour mieux les contrôler ». 

« On couche toujours avec des morts » La remontée fleuve de l'enfant Ferré


Ludovic Perrin signe un livre juste sur la vie et le parcours d’un homme. Ferré est ici suivi au pas, pour raconter l’humain, l’engagement, la liberté d’être soi.



On est tenté dés les premières lignes d’entonner la chansonnette en rappelant le célèbre refrain : « Avec le temps, tout s’en va ». Sauf qu’ici le propos de Ludovic Perrin est de montrer que justement, avec le temps, l’essentiel demeure. Il ne s’en va pas, pas du tout. Ou alors de rares bribes de la vie que l’on met de côté et qui, souvent, finissent par ressurgir, au moment où on ne les attend pas. Leo Ferré, un homme multiple. Un homme complexe. Un chanteur, un poète, un humaniste, qui avaient ses états de grâce et ses colères noires. Un être humain vulnérable, faillible, avec des failles, ce qui le rend plus attachant, encore plus proche de nous.

Ferré, l’humain
Ludovic Perrin nous prend par la main pour nous faire faire la remontée d’une vie. Le retour amont vers le passé. Qui était alors Ferré ? C’est donc à travers ses écrits, ses cansons, ses prises de positions, ses amitiés que l’on chemine à travers les méandres d’une vie. Ludovic Perrin n’a rien du voyeur qui s’immisce dans les interstices d’une existence pour satisfaire la curiosité des uns et des autres. Non, l’auteur tente une lecture humaine en s’appuyant sur la réalité, dans une approche proche de la psychanalyse pour raconter un homme. Leo Ferré apparait alors  tel qu’on ne l’a jamais connu. L’image de façade, celle véhiculée par les médias s’estompe pour donner corps à d’autres apparences, aussi multiples que fugitives, tant ce bonhomme était insaisissable. Fragile, mais décidé, amoureux, mais sceptique aussi, Ferré incarnait l’artiste, dans toute l’acception du mot. Un homme déchiré, qui tente de ramasser les morceaux d’une vie où la poésie a joué un très grand rôle. Toute cette vie essaimée et corsée est ici rendue dans une écriture limpide au plus près de l’homme. Ludovic Perrin nous fait revivre toute une époque où la poésie dans la chanson avait une grande place. Une époque formidable, avec ses bassesses, ses ratages et ses grands éclats. C’est aussi cela la réussite de ce livre : non seulement un témoignage sur une grande figure, mais le tout d’une période.
    
Editions Gallimard.

Entrée en vigueur de la loi sur la possession de chiens au Maroc: Des Klebs et des hommes


La loi sur la possession des chiens est entrée en vigueur le 2 août 2013. Les sanctions vont de la simple amende à la prison à perpétuité en cas de mort par attaque de chien. Les plus visés sont les Pitbulls.




Fini le temps où chacun pouvait élever le chien qu’il voulait sans en avertir les autorités. Fini  aussi le temps de la permissivité et de la gabegie dans la gestion de graves dossiers liés à des actes criminels impliquant certaines races de chiens. Vols, agressions, rixes et attaques meurtrières ont émaillé les affaires devant la justice pendant de longues années.
Aujourd’hui, la loi 56-12 sur la protection et la défense des personnes contre les chiens méchants et dangereux en rapport avec  leur race et/ou leur morphologie  est entrée en vigueur depuis le 12 août 2013. Une loi très attendue qui devait  marquer un point d’arrêt à la peur que vivent les citoyens  face à la circulation de certaines races de chiens comme les Pitbulls, déjà  acteurs de nombreux assauts provoquant des blessures et des lésions à vie. Une liste des chines jugés dangereux pour l’homme sera diffusée bientôt, mais on sait que le Pitbull, le berger allemand, le Doberman et d’autres races sont en première ligne.  Pour Azouz Awane, président de l’association Najwa des victimes de chiens,  «On enregistre près de 11 000 morsures par an au Maroc. Ces chiens sont souvent utilisés à des fins illégales telles que les agressions, vols, viols et combats. Les dealers les utilisent aussi pour se protéger de la police.» 
pour certaines sources, le chiffre atteint les 50 000 morsures par an. Cela a pris plus d’envergue depuis les années 2000 avec l’arrivée au Maroc de races comme le Pitbull. Un fait confirmé par Azouz Awane qui affirme que« Ces chiens ont été importés d’Europe à partir de 2000. Et plus précisément de la France. Notamment après l’instauration de la loi relative aux chiens dangereux en 1999».
Prison à vie
Aujourd’hui, après plusieurs années de retard et de laxisme, le gouvernement marocain a pris ses responsabilités en votant une loi importante. Dans ce sens, l’article 2 de ladite loi nous apprend que contrevenir aux dispositions de cette loi peut donner lieu à de sérieuses poursuites incluant de lourdes amendes et des peines de prison pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement à vie. En effet, plusieurs  spécialistes, y compris des vétérinaires ont salué une telle loi surtout que certaines attaques de chiens féroces peuvent conduire à la mort. Et c’est déjà arrivé au Maroc avec la mort d’enfants en bas âge bouffés par des Dobermans ou des Pitbulls enragés. Dans certains cas, des criminels ont eu recours aux chiens pour attaquer des demeures, des banques et des particuliers sur la voie publique occasionnant de sérieuses blessures à vie.
Dans ce sens l’article 3 interdit la possession, l’emprunt ou la garde même temporaire, la vente ou l’achat, l’import ou l’export, l’élevage ou le dressage  de ces chiens ou même de conclure la moindre transaction à leur sujet. Pour les chiens jugés non dangereux,  le commerce et le dressage  sont soumis à une autorisation délivrée par les services compétents aux personnes physiques et morales répondants aux conditions requises pour ce faire et fixées par l’article 5. Pour les autorités, il s’agit là d’avoir une complète traçabilité des races canines et de leurs propriétaires pour remonter à la source en cas de trafic, de vol, d’agression ou tout autre acte illicite.

Suivi médical

L’autre point important de cette loi concerne les personnes se portant garante pour garder ou posséder un chien même temporairement. Elles sont tenues d’en informer les autorités pour créer une base de données relatives aux chiens et à leurs propriétaires. Ce qui permet d’avoir un livret médical consignant toutes les informations concernant le chien, son propriétaire, son emprunteur ou son gardien. Cela implique des vaccins à jour, un suivi médical pour détecter les cas de rage ou autre grave maladie qui peut toucher les chiens et se répercuter négativement sur l’homme.
Il va sans dire que cette nouvelle loi stipule que tout chien doit être tenu en laisse sur la voie publique. Il doit aussi porter une muselière et ne pas laisser vagabonder sur la voie publique, à proximité des zones d’habitation et dans les lieux publics. Tout comme il est strictement interdit d’organiser ou de participer à des concours ou combats de chiens ou de leur administrer des substances dopantes et/ou excitantes afin d’accroître leur agressivité et leur dangerosité. Cela s’apparente à un commerce illicite dangereux passible de peines carcérales. 
Sanctions et peines

Suite à l’entrée en vigueur de cette loi, les personnes possédant des chiens ont jusqu’au 12 septembre pour aller voir les services vétérinaires les plus proches  comme l’indique l’article 20. Les sanctions en cas de non respect de ces dispositions peuvent être très lourdes. Il y a d’abord le retrait de l’autorisation de posséder un chien. Ce qui est la plus légère sanction.  Les contrevenants peuvent également se voir  interdire d’avoir une autorisation pendant 5 ans même à des fins de gardiennage. Sinon, il ya des peines de prisons pour des cas spécifiques.  Cela varie de 1, 3 ou 6 mois ou, encore, de 1, 2, 5, 10, 20 ans de prison ou à la perpétuité même en rapport avec les dispositions des articles 400 à 403 du code pénal. Sans oublier des amendes pouvant aller de 200 à 30.000 Dhs.


« Tu montreras ma tête au peuple » de François-Henri Désérable


François-Henri Désérable revient sur l’histoire de France avec beaucoup d’élégance dans un roman solidement construit



De nombreuses figures peuplent ce roman de François-Henri Désérable. La révolution française y occupe une place de choix. De Marie Antoinette à André Chénier en passant par Danton, lors de son périple vers la place de la Révolution ou encore le marquis de Lantenac,  Marat et d’autres pour vivre les derniers instants de dix condamnés à l’échafaud durant la révolution française. Livre relevé, ce premier roman de ce jeune homme de 25 ans, est un pur exercice de style. On revisite une drôle d’époque où la faucheuse décimait à tour de lame. C’est cette précision dans les détails, ces derniers instants de plusieurs vies qui deviennent du coup, le concentré d’une existence. Mais au-delà des personnages qui habitent ces pages, il y a l’atmosphère qui baigne toutes ces histoires.  «Tu montreras ma tête au peuple » fait très vite le lien avec d’autres périodes plus troubles, mais surtout avec l’époque actuel où la mort, qui a étendu son manteau de noirceur, est devenue une grosse et puérile banalité. Ici, dans ce livre, la mort est décrite comme un personnage à part entière. On la sent vivre, on la suit, on l’épie, jusqu’au dernier souffle.  



Collection Blanche, Gallimard.  

Lahbib L’Mseffer expose en Belgique 30 ans d’exploration artistique


Arts plastiques : Le plasticien marocain Lahbib M’Seffer exposera ses derniers travaux en Belgique en octobre 2013 dans le cadre d’une exposition collective réservée à plusieurs peintres arabes, venus d’horizons différents. L’occasion de revenir sur l’œuvre d’un artiste discret.




Lors du Festival Jawhara, qui s’est déroulé fin août 2013, à El Jadida, les aficionados ont découvert toute la palette d’un peintre multiforme. Plus de trente ans après ses débuts en 1983, Lahbib M’Seffer, a étonné avec un sens aigu de la couleur et une approche de la lumière très particulière. Il faut dire que l’artiste a pris le temps d’expérimenter tant de techniques et de sentiers non balisés pour arriver à une maîtrise de son sujet. Dans son atelier casablancais, les périodes s’amoncellent et en disent long sur les préoccupations du peintre.

Large spectre
Le pari de l’artiste est énorme. Doublé d’un défi, aussi. Celui de tordre le coup aux idées préconçues sur la couleur et la lumière. Chez Lahbib M’Seffer, la lumière ne nait pas de la couleur, mais de la forme. Avec un blanc ou un bleu, voire même un rouge, il est capable de faire ressortir la luminosité d’un espace au milieu d’une étendue sombre.  Peinture qui va de l’abstraction à la nature morte ou à la marine, avec cette foultitude de paysages marins, surplombés d’un ciel constamment changeant. Peinture de mouvement, peinture giratoire, qui crée ses propres ambiances passant d’un spectre de lumière à un autre, du simple choix d’une couleur au lieu d’une autre. Face aux travaux de Lahbib M’Seffer, nous vérifions que les couleurs, du noir au blanc, en posant par le rouge, le vert, le jaune… en d’innombrables nuances. Ciel rouge sur une mer ocre, champ ouvert en tonalités de bleu sur fond de marrons, de gris, de jaune pale… il n’y a pas de limite aux champs des possibles dans ce travail qui s’est toujours attelé à faire de la couleur et  de la lumière le propos essentiel de ce qui est donné à voir. C’est cette maitrise qui est en passe de prendre forme aujourd’hui dans un livre, mélange de peintures et de poèmes, décliné sous le titre « Poèmes non écrits », en collaboration avec un autre virtuose de la couleur…..

Grands formats
C’est cette même exigence du détail et de la précision qui a poussé Lahbib M’Seffer a travailler sur de tous petits formats, toujours en collaboration avec … et Abdellah Lahbabi. Trois regards différents, mais qui se rejoignent en creux, dans la force de ce qui est peint, exploré, scruté jusqu’aux confins, pour quelques réussites picturales que l’on aimerait voir reproduites, certes différemment, sur de très grands formats. Ces grands formats qui sont aujourd’hui le socle d’une nouvelle perception de l’espace à peindre. Il ne faut surtout pas croire qu’il est aisé de travailler sur 20 cm sur 20 et de passer à 2 mètres sur 1m50, avec autant d’aisance et de doigté. Pourtant, autant dans une peinture miniature que dans un grand panneau, la précision est telle que l’on sait que Lahbib M’Seffer traite ses tableaux avec insistance. Il travaille, recule, retravaille, repose la toile, puis revient la réanimer s’appuyant à ce qui a été généré, dans ce silence entre l’artiste et son support.

C’est ce qui a amené le peintre à perfectionner son regard sur ce qu’il produit. « Je travaille, je m’amuse, je prends beaucoup de plaisir à voir évoluer la toile devant mes yeux. Je ne suis pas pressé, jamais. J’ai tout mon temps ». Ce que dit ici Lahbib M’Seffer est la définition même de l’artiste. Travailler contre le temps, mais assujettir les heures à la dimension interne de ce qui est senti. En cela, les trois projets en cours de l’artiste, deux livres d’art, entre poésie et couleurs, une prochaine exposition à l’étranger, c’est le retour en force d’un des plasticiens marocains, les plus travailleurs, toujours aussi discret et humble. Une modestie qui lui octroie une dimension particulière, lui qui ne se précipite pas vers la lumière pour mieux briller, mais pour mieux voir. 

Hommage: Antonio Ramos Rosa tire sa révérence


Après Fernando Pessoa, Antonio Ramos Rosa est considéré comme l'un des grands poètes portugais contemporains. Une grande figure des Lettres lusitaniennes qui est décédé le 23 septembre 2013, à l'âge de 88 ans à Lisbonne. Connu pour une oeuvre dense, Antonio Ramos Rosa a multiplié les disciplines. Il n’était pas que poète, mais aussi essayiste et grand critique. Le lauréat du grand prix international de la poésie en 1990 souffrait d’une pneumonie et était depuis quelques années un peu fatigué. Mais il n’a jamais cessé de travailler faisant des mots son pain quotidien.



Né le 17 octobre 1924 à Faro, dans la région d'Algarve dans le sud du Portugal, Antonio Ramos Rosa avait à son actif une centaine d'oeuvres en presque plus de quatre décennies d’écriture. Sa poésie, très réaliste, était aussi moderne, ancrée dans le quotidien est très proche des populations. D’ailleurs, les Portugais ont toujours vu en lui un auteur proche de leurs soucis et de leurs préoccupations. Pour ce militant d'un Mouvement de Jeunesses Démocrates (MUD), arrêté en 1947 et emprisonné par la police salazariste, la poésie était une manière de mener son combat pour la liberté et l’égalité des chances dans un Portugal qui a payé un lourd tribu à la dictature. En 1951, il avait fondé la revue Arvore qui fut l'un des relais des grands noms de la poésie française comme René Char ou Paul Eluard.
Antonio Ramos Rosa avait reçu en 1988 le Prix Pessoa, la plus prestigieuse récompense littéraire au Portugal.

« Sous surveillance » de Robert Redford: L’Amérique lave son linge sale


Robert Redford est très à l’aise quand il traite des thrillers politiques.  L’acteur-réalisateur se penche sur un épisode marquant de l’histoire récente des USA en revenant sur  le cas de Sharon Solarz, une ancienne activiste du groupe radical «Weather Underground». On s’en souvient, cette histoire avait secoué le pays alors en guerre au Vietnam. Une série d'attentats avaient mis le FBI et la CIA sur le pied de guerre, amis plusieurs membres du groupe ont réussit à filer en refaisant leurs vies ailleurs, incognito. Un jeune journaliste, Ben Schulberg s’intéresse à Sharon Solarz et remonte tout le groupe dénichant les membres  un à un pour rétablir une vérité cachée.   Robbert Redford signe un film juste, sans pathos, sur une période trouble de l’histoire américaine. Le tout servi par une bonne brochette d’acteur autour du jeune Shia LaBoeuf, Susan Sarandon, Julie Christie et Sam Eliott.



Réalisé par Robert Redford. Avec Robert Redford. Shia LaBoeuf, Susan Sarandon, Julie Christie, Sam Eliott, Brandon Gleeson…

André Elbaz expose à Madrid: La destruction dans l’oeuvre


Le Musée "ABC" de Madrid accueille, du 24 septembre au 10 novembre 2013, la première exposition du plasticien marocain, André Elbaz, intitulée « La destruction ou l'œuvre ».




Figure majeure des Arts plastiques marocains, André Elbaz revient en force avec une grande exposition en Espagne. C’est à Madrid, au musée ABC, que le peintre marocain expose ses travaux. Il s’agit là d’un événement qui fait partie d’une série de manifestations  organisées par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) en partenariat avec l'Institut français d'Espagne. C’est aussi un hommage appuyé à l’un des plasticiens marocains les plus atypiques et les plus en vue en Europe et  aux USA, depuis plusieurs décennies.   C’est donc plus d’un demi siècle de travail qui est mis en pièces dans un réel travail de déconstruction artistique. D’ailleurs, l’intitulé de cette exposition, « La destruction ou l’œuvre » marque une nouvelle approche chez un peintre qui a toujours poussé les limites du possible. Une sorte de quête interne, guidée par un besoin viscéral de tester, expérimenter, trouver de nouvelles voies pour exprimer une manière d’être et de penser. Le peintre qui expose pour la première fois en Espagne, explique ce choix de détruire ses travaux en disant que « Ce n'est pas facile de détruire, c'est un acte de violence extrême dans lequel il faut arrêter les souvenirs pour créer de nouveau ». Un va-et-vient entre plusieurs étapes artistiques, qui sont toutes de multiples variations du même artiste, a à travers des états d’esprit, des présences, des fulgurances et des absences.
Angle de vue
Pour André Elbaz, la peinture contemporaine travers un moment difficile. Entre crise de créativité, vide et vacuité, l’artiste se doit d’être au plus près de soi-même tout en s’ouvrant sur ce qui se passe dans un monde constamment en mutations.  Pour l’artiste, ce vide actuel, ce manque de force créative découle de « l'incapacité de continuer à peindre après Miro, Tapies et Picasso.»  Tant il est vrai que cette époque des grands maîtres, les Braques, les Gris, les Vieira Da Silva, Brauner et d’autres est bien lointaine aujourd’hui. D’où la nécessité pour André Elbaz de revenir sur son travail, avec une nouvelle dimension axée sur la destruction. Cela peut paraitre étrange à certains, mais André Elbaz a entrepris  la démolition de ses oeuvres.  Il pris sur lui de découper ses toiles, et ses dessins en mille morceaux pour les travailler en installations. Ce n’est pas du recyclage artistique, c’est un changement de point de vue. C’est un regard nouveau porté sur son propre travail.




« Amours d'enfance » de Benjamin Markovits





Ici l’ombre de Lord Byron plane tout le temps. Figure tutélaire qui baigne l’atmosphère de ce roman d’une douce nostalgie et une belle quête de la connaissance. Tout est centré autour du personnage de Peter Sullivan, un professeur de littérature. Pour ce féru des belles lettres, la vie tourne autour de Byron. A sa mort, demeuré  bizarre, c’est un ami très proche qui hérite de ces travaux et de ses manuscrits, tous demeurés dans des tiroirs loin des éditeurs.  Face à une  carrière littéraire qui bat fortement de l’aile, l’ami fidèle décide de travailler sur les recherches de son défunt ami. Il se lance alors, en détective littéraire dans les écrits de Peter Sullivan pour y lire les vies éparses et entremêlées de son ami et de Lord Byron.
C’est un roman bien particulier. Amours d’enfance est  en fait une réflexion soutenue sur la travail d’écriture, sur l’inspiration, les influences, la quête de son à travers les lectures, la pensée des autres, leurs tourments, leurs privations, leurs trouvailles et leur grandes désillusions. Ecrit avec passion tout comme la flamme qui animait Peter Sullivan, Amours d’enfance trace une ligne sinueuse pour aller vers soi. Que vaut la lecture ? Qu’est-ce que la littérature ? Pourquoi ce besoin pressant de plonger dans la vie des autres pour y lire des bribes de la sienne ? Autant de questionnement sur ce qui sous-tend l’acte même de penser pour rendre compte du vécu. Roman labyrinthique où il faut s’accrocher passant d’une vie à l’autre, d’un personnage à un autre, à travers les époques, Amours d’enfance est un voyage à travers les autres, pour rentrer chez soi. 

Des caméras et des citoyens…


Bonne nouvelle. Les trains marocains vont être munis de caméras de surveillance. C’est même la meilleure nouvelle cette année, dans un pays sujet à une morosité politique, économique et sociale sans précédent. Au moins avec des caméras dans les trains, en plus de la sécurité, on aura du spectacle,  à la Marocaine.

En effet, d’après plusieurs sources,  les locomotives des 179 trains de l’ONCF,  verront la mise en service des caméras de détection précoce. Celles-ci doivent  filmer et enregistrer tous ce qui se passe devant les trains et dans les trains.  Elles doivent permettre par le biais des moniteurs, aux conducteurs, de manœuvrer en  maîtrisant leur entourage.  Ce sont donc 330 caméras, montées à l’intérieur et à l’extérieur des machines, qui verront le jour bientôt. 

Evidemment, la question est de savoir si le contenu de  ces caméras va avoir valeur juridique ? À priori, c’est oui. Tant mieux, on pourra alors gérer des affaires de suicides, d’accidents st de grabuges dans les trains, en se basant sur une très bonne source, à la fois fiable et sérieuse. Les images, à moins d’être truquées ne mentent pas.

Mais là où les caméras vont servir, je l’espère, c’est pour épingler les vandales. Tous ceux qui montent à bord des trains, les salissent, jettent les restes de leur nourriture, trouvent même le moyen de fumer alors que c’est interdit.

On le sait l’ONCF fait  beaucoup d’efforts pour offrir un service de qualité à la clientèle, mais celle-ci, dans une large majorité, ne sait pas qu’un train doit être tenu propre, que les toilettes sont faites pour apaiser quelques besoins et que c’est triste, dégueulasse et un manque de civisme criard que de les rendre impraticables.

Ce serait un bel enseignement de filmer certains de nos concitoyens dans les toilettes des trains et dans d’autres WC publiques, dans les cafés, les restos et même les mosquées…

Je ne sais plus où j’ai lu que le rapport humain aux toilettes est un indice de l’état d’avancement d’un pays. Au Maroc, cela relève de pratiques moyenâgeuses.  Et ce sont toutes les souches sociales qui sont concernées.

Alors des caméras dans les trains, je suis pour à 100%. Et des caméras dans les rues aussi pour surveiller nos semblables, leur hystéries au volant, le harcèlement des femmes, les viols, le trafic de drogue, la corruption…
Waw ! J’espère qu’on aura le cran de placer des mouchards partout, on en verra des vertes et des pas mûres du tout. 

Hommage à Hamidou Benmassoud, alias Amidou Le chant du cygne


Hamidou Benmassoud, dit Amidou, est décédé le 20 septembre 2013, à Paris, à l'âge de 78 ans. L’acteur avait tourné une dizaine de films avec le cinéaste Claude Lelouch. Il faisait partie des visages de la Nouvelle vague en France.
 On n’imagine pas la vie et le parcours de Hamidou Benmassoud sans ce départ, très jeune à Paris pour se trouver une place au soleil, dans la grisaille de la capitale. Mais le soleil de celui qui deviendra Amidou tout court, était sur les planches, dans l’acting, auprès de grands noms du septième art. C’est que le petit Hamidou avait du bagout,  une bonne bouille et un certain regard sur ce que sera sa vie, plus tard.  
Direction le Conservatoire d’art dramatique de Paris. Hamidou à 17 ans. Un inconnu dans la ville. Il faut trouver un toit, traveller, subvenir à ses besoins et surtout montrer ce qu’il a dans les tripes. Il aura fallu pour le natif de Rabat en 1935, attendre plus de neuf ans avant de fouler la scène. Ses premiers pas au théâtre, Hamidou les fête à l’âge de 26 ans.  Même le choix de la pièce et de l’auteur est un indicateur des affinités du comédien en hère. Il joue dans la pièce "Les paravents" de Jean Genet. Une pièce importante du nouveau théâtre, écrite par un écrivain controversé et qui fréquentait Sartre, De Beauvoir et des philosophes comme Raymond Aron et Levinas.




L’époque Lelouche
La pièce est un succès. Rien qui casse la baraque, mais Hamidou Benmassoud se démarque tout de même. Il joue juste, il en rajoute un peu, mais bien cadré, il est bon comédien, sensible, chaleureux et surtout il maîtrise son texte.  Un certain Claude Lelouche le repère.  Ce dernier le fait tourner dont le premier long-métrage du cinéaste «Le propre de l'homme » aux côtés de Janine Magnan. Nous sommes en 1960. Claude Lelouche en fera son acteur fétiche. Il fait appel à ses services dans d’autres films plus corsés. Hamidou est déjà devenu Amidou. Son nom de scène. Son nom de  vedette montante, à une époque où les Delon Belmondo et Trintignant tenaient le haut du pavé. Avec Lelouche, il grave son nom sur les affiches avec  la magnifique « Un homme et une femme » en 1966. Il partage alors l’écran avec Jean-Louis Trintignant et la sublime Anouk Aimée. Il se fait un nom. Il tutoie des stars affirmées. Amidou devient une petite coqueluche dans le milieu. On le retrouve à Saint-Germain, à Montparnasse, il fréquente les deux Magots, le Lipp et le Flore. Il est aussi un coutumier de la Coupole. Son nom circule surtout que les projets se suivent, toujours avec Claude Lelouche. Quand sort « Vivre pour vivre » en 1967, Amidou donne la réplique à un certain Yves Montand. C’est un cap dans sa carrière. Il fait la connaissance  de la magnifique Candice Bergen et surtout l’incomparable Annie Girardot. Avec la sortie du Le voyou, où Amidou joue le rôle de Bill, les années 70 semblent lui promettre d’autres succès de salles et une certaine reconnaissance critique. Car il faut le dire, les seconds rôles joués par Amidou passaient souvent inaperçus. On focalisait sur Montand, Trintignant et même Aldo Maccione à ses débuts. Mais Amidou, qui ne jouait pas  du tout l’arabe de service, n’emballait pas. Pas encore.
Passage à vide
Ce qui était censé lui ouvrir grands les portes du cinéma français, s’avère une parenthèse enchantée. Amidou passe par une longue période de vache maigre. Peu de films. De petites apparitions. Des tentatives de retour  sur les planches. Les années 70 et 80 marquent son déclin. Il se refera une santé, encore une fois,  grâce à Claude Lelouche, décidément le seul à croire en lui. Il joue dans « La belle histoire » en 1992 avec Gerard Lanvin, Jacques Gamblin, Béatrice Dalle, Vincent Lindon, Patrick Chesnais… toute une nouvelle génération d’acteurs. Il se contente de ce qu’on lui propose. Il fait avec.  Arrive le film très attendu « And now... Ladies and gentlemen ». Toujours pareil. Amidou fait quelques apparitions. Il faut croire que le train de la grande notoriété  est passé, trop vite. Amidou aurait-il raté quelque chose  au passage ?  était-il mauvais acteur ? Pa si bon comédien que certains voulaient bien le croire ?
Seconds rôles
Quoi qu’il en soit, la carrière qui se profilait devant lui à ses débuts en 1960 est bien loin. Plus de 30 ans après, Amidou attend qu’on l’aide. Il ne s’affirme plus. Il aura bien tenté d’autres réalisateurs comme Georges Lautner dans La valise ou Alain Cavalier dans La Chamade et même Philippe de Broca avec qui il joue dans La poudre d’escampette allant jusqu’à faire des guest staring chez Alexandre Arcady pour L’union sacrée et Le grand Pardon 2 avec Roger Hanin. Amidou le sait, il n’a pas réussi ce qu’il pouvait. Un dernier rôle au cinéma en 2012, toujours chez Arcady dans «Comme les cinq doigts de la main » aux côtés de Patrick Bruel et Vincent Elbaz, est son chant du cygne.  Évidemment Amidou a eu une période cinéma américain. Tout le monde s’en souvient dans « Le Convoi de la peur » ou encore « Rules of Engagement » de William Friedkin. Il a même  joué chez Otto Preminger dans « Rosebud ». John Huston l’embauche dans «A nous la victoire ». Il tutoiera Robert de Niro dans « Ronin » de John Frankenheimer et passera des moments de sympathie sur le tournage casablancais de « Spy Game » de Tony Scott avec Robert Redford et Brad Pitt.
Une carrière en dents de scie. Des  hauts, beaucoup de bas. Mais un homme simple. Un type bien. Le genre de bonhomme avec qui on a envie de passer une soirée et se lier d’amitié. Jamais la grosse tête. Même quand  en 2005, il a reçu des mains du grand cinéaste américain Martin Scorsese un trophée en son honneur lors de la cérémonie d'ouverture du Festival de Marrakech, Amidou est resté humble, modeste, presque gêné de tant d’honneur. C’est cela aussi la marque de fabrique des grands : la tête sur les épaules et beaucoup d’humilité.


« Le cahier de Maya » d’Isabel Allende. Retour aux sources du bien


A 19 ans, on peut déjà avoir fait le tour de la vie. Maya, quitte San Francisco. Elle va dans une île isolée, loin de tout. C’est une idée de Nini, sa  grand-mère. Celle-ci veut l’aider à tourner une page lourde de son passé. Maya a eu des démêlés avec la police. Elle est traquée par le FBI. Drogue, mauvaises rencontres, affaires louches, la vie a été très dure avec une jeune fille, qui aurait pu prendre son destin en main et entreprendre un nouveau voyage. Mais il n’est pas trop tard. Nini compte bien sur l’île de Chiloé pour guérir le corps et l’âme de sa petite fille. Cet exil imposé par les circonstance est-il de taille pour sauver une âme en peine ?





Culture latine

Défile alors le passé de Maya. On découvre que son enfance a été cahoteuse. Des parents absents. Une mère danoise et hôtesse de l’air qui l’abandonne. Son père, pilote d’avion, la confie à sa mère et s’en lave les mains. Très vite, Maya découvre le goût amer de l’absence. Elle goutte aux privations. Elle sait que les lendemains ne seront pas toujours heureux. Mais son grand-père est là. C’est avec lui qu’elle va voir des parties de foot. C’est en sa compagnie qu’elle découvre l’opéra. C’est toujours lui qui lui coiffe ses cheveux. Se tissent alors des liens indéfectibles entre ces deux personnes. L’amour et la paternité prennent un autre sens.
Isabel Allende s’est attelée à une tache pour le moins périlleuse. Traiter la toxicomanie, l’alcoolisme, les affres de la vie et la perdition, avec autant de justesse, confirme cette force narratrice que l’on a déjà aimée dans La maison aux esprits. C’est dans un retour aux sources que Maya peut puiser u peu de sa force perdue. Ce retour amont est très symbolique pour une auteure, bercée aux cultures sud-américaine, elle la Chilienne, qui a vécu les grands soubassements qui ont bouleversé le contiennent latin. Isabel Allende signe ici un roman très actuel, sans compromis sur une société moderne qui peut broyer les rêves des jeunes. Aucune pitié dans un monde fou où les paradis artificiels sont vantés à longueur d’heures par des slogans nihilistes. C’est cette absence d’humanité qui affleure dans ce cahier de Maya, à la fois bouleversant et riche d’enseignements.

Pour rappel, Isabel Allende est née au Pérou en 1942 et a vécu au Chili jusqu'en 1975, puis au Venezuela, et depuis 1988 en Californie. Après La maison aux esprits, publié en 1982 qui s'est vendu à douze millions d'exemplaires, les bestsellers s'enchaînent : Eva Luna, Paula, Fille de la Fortune, Portrait Sépia, Inès de mon âme, L'île sous la mer et une saga autobiographique, La Somme des jours
Editions Grasset. 

mercredi 25 septembre 2013

Événement «Tripin’Mo- rocco » de l’artiste Georges Moquay


Urbaines, cosmopolites, avec des couleurs tous azimuts, les toiles de Georges Moquay peuplées de signes et de symboles universels sont à l'image de son géniteur. Artiste contemporain repéré par le célèbre galeriste Guy Pieters chez qui il a exposé à deux reprises, Georges Moquay défie toutes les frontières sociales, raciales ou encore spatiales. Avec lui, toutes les expériences sont bonnes à prendre, elles l’enrichissent et s’en inspirent pour créer un univers de graffs, de tags, teinté de notes rock, hip-hop et reggae où swing tout un petit monde qui nous entraîne dans sa danse.  



Comme lui, ses toiles font le tour du monde : New York, Paris, Saint-Paul de Vence, Londres, Sydney, Knokke et même Monaco où il est convié en 2007 par la Princesse de Hanovre pour créer des œuvres sur le thème du "Reggae" pour le Bal de la Rose, le Rendez-vous mondain du Rocher. Aujourd’hui, le voici, suite à une résidence artistique à Casablanca, prêt à inaugurer la saison artistique de La Galerie 38. Sa femme est en effet marocaine.  L’exposition Tripin’Morocco présente une quarantaine d’œuvres, des toiles inédites et des masterpieces issues de son ancien travail où chahutent ses mascottes comme son Wigger (contraction de White et de Nigger) revisité pour l’occasion à la marocaine, ses arlequins venus d’un nouveau temps et ses poissons voyageurs. Des poissons qui nous évoqueraient bien un certain rêve arizonien .... D’ailleurs Georges Moquay a passé une grande partie de son adolescence à Phoenix avec sa famille.  Sa famille : pas n’importe laquelle. Enfant de la balle, Georges Moquay baigne dans les pigments depuis toujours. Sa mère n’est autre que l’artiste Rotraut Uecker, son beau-père Yves Klein, son père Daniel Moquay (directeur des archives d’Yves Klein) et son oncle Günther Uecker, icône de la scène artistique allemande et membre du groupe d’artistes ZERO.  

Du jeudi 10 octobre au 21 novembre 2013, à la Galerie 38 de Casablanca