La
plupart des personnages de ces dix nouvelles sont inscrits dans la pure
tradition du mouvement Pop. Ils sont à la fois frivoles et ravageurs. Ils ont
eu une jeunesse folle puis ils ont vu le temps passer. Entrés de plain-pied
dans l’enfer de la vie conjugale, c’est une autre dimension de la vie qui s’offre
à eux. Tout défile alors, états d’âme dépressifs, conflits à n’en plus
finir, rêves cassés à l’abattoir des jours. Ce livre devient du coup une
plongée dans les affres de la vie à la quarantaine.
Le
couple est y un personnage central où l’on brosse des portraits aussi fous qu’improbables.
Dans ces nouvelles à la fois légères et acides, on retrouve
toute la verve de Hanif Kureishi, qui possède un sens aigu de l’observation
cruelle de ses contemporains. Dans ce dernier livre, qui explore les fêlures
de personnages ballottés par leurs sentiments et leurs désirs, parfois au
bord de la mort ou de la folie, c’est un ancrage du réel dans le monde
irrationnel des sens. Inutile de chercher un personnage indemne dans cette
cohue urbaine à la dérive. Toujours sur le fil du rasoir, il laisse
transparaître le malaise du couple et de la famille, un sentiment ambigu,
quelque part entre tendresse et détestation.
À
travers des nouvelles qui disent la banalité et la dureté du quotidien, l’auteur
nous emmène toujours au plus près d’une fêlure. Celle de la société
britannique, celle du monde contemporain, celle de tout un chacun. On y
retrouve des clichés certes, mais aussi des archétypes de ce vieux conflit
entre des êtres qui ne peuvent ni vivre ensemble ni supporter la vie séparés.
Et c’est cette frontière qui délimite l’âme que tente de décrire Hanif
Kureishi. Sans pathos, sans le moindre remplissage, l’auteur axe son récit sur
les détails de la vie dans ce qu’elle de plus insignifiant et qui, parfois, se
révèle important.
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