mercredi 17 avril 2013

Que mangent les Marocains ? La malbouffe fait des ravages


Des scandales alimentaires qui se succèdent, l’affaire Findus, l’eau en bouteille contaminée, de la viande canine en saucisses… les consommateurs marocains ne savent plus ce qu’ils mangent ni d’où proviennent les produits qu’ils mettent dans leurs assiettes.

Les Marocains ont eu très peur. Mercredi 3 avril 2013, un accident survenu sur le boulevard Zerktouni avait donné corps à des articles de presse sur plus de trente-sept cadavres de chiens tués, préparés et destinés à la consommation sous forme de saucisses. Un démenti de la direction générale de la sûreté nationale vient calmer les ardeurs et mettre un terme à la rumeur et à la panique. Ce qui n’empêche pas que ce simple fait divers est survenu à un moment où de plus en plus de Marocains se posent de sérieuses questions sur ce qu’ils mangent.

 D’où viennent les viandes, poulets, dindes, saucisses, viandes hachées, charcuteries, œufs et autres produits laitiers douteux? Comment sont traités les légumes et les céréales ? Y a-t-il ou non des insecticides et des pesticides à craindre ? Et l’eau que nous buvons, celle du robinet, n’est-elle pas dangereuse ? Contient-elle des restes toxiques de matières chimiques ? Et  l’eau en bouteille, en provenance d’Europe, comme les marques Vittel, Célestine et d’autres, qui ont été au centre d’un autre scandale sanitaire en France pour des raisons de contamination à des médicaments,  est-elle retirée des marchés locaux ?

Sécurité sanitaire
La malbouffe est partout. Au Maroc, les contrôles sanitaires sont rares. Il est vrai que des entités comme l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) ont mis en place des stratégies pour mieux contrôler les produits alimentaires non seulement finis, mais mêmes les matières premières et les produits intrants. Selon l’Onssa, contactée par MHI, «Le contrôle de ces produits s’effectue d’une manière inopinée et selon des programmes arrêtés par les services de contrôle en tenant compte des monographies régionales, de l’évaluation des risques liés aux produits, des périodes de l’année (saison estivale, mois sacré de ramadan, campagne agricole,….), des alertes déclenchés au niveau national ou international et autres.» cela a été certes le cas, lors du scandale des produits surgelés de la marque Findus. 

En effet,  le 20 février 2013, l’ONSSA avait procédé à la saisie conservatoire de 1,6 tonne de plats cuisinés de marque « Findus » au niveau des points de vente et chez l’importateur. Mais les plats de Findus ne sont pas les seuls concernés par la fraude. Les boulettes de viande vendues dans les magasins Ikea, les raviolis de Panzani, les lasagnes de Nestlé ou encore le chili con carne d’Iglo le sont aussi.
Pour le Marocain lambda, si les produits d’importation, vendus très cher sont frauduleux et présente des dangers pour la santé, que penser des produits locaux, viandes et autres charcuterie fabriqués de manière rudimentaire par des particuliers, et vendus à des prix très bas. Il y a de quoi se poser de sérieuses questions.

Hygiène douteuse

Il suffit de faire un tour dans plusieurs marchés marocains, superettes, super et hyper marchés, pour voir l’ampleur du manque d’hygiène. Boites de lait éventrées, yougourt périmés et dans les emballages sont troués, de la farine jonchant les rayons, des biscuits ouverts, glaces sans respect de la chaine de froid,  voire du poisson à l’odeur nauséabonde, mais étalés sur les rayons. Si certains enseignes ont mis le holà en exigeant plus de rigueur et de sévérité d’abord à l’égard de leur personnel pour mieux contrôler les dates de péremption et les produits endommages par les transports  en les retirant des ventes, d’autres enseignes font fi du strict élémentaire en termes de propreté et d’hygiène. 

Comme le précise Soumia Bouriamin chef du département qualité du groupe Label’Vie, contactée par MHI, «Le consommateur n’est pas toujours averti.  C’est nous qui prenons toutes les dispositions nécessaires pour assurer sa protection contre d’éventuelles pratiques frauduleuses.» Est-ce que tout le monde le fait ? Pas si sûr. Chez de nombreuses enseignes, les consommateurs, en dehors, des problèmes liés aux tarifs fixés et aux tarifs de vente, se plaignent d’avoir trouvé des produits périmés vendus sans scrupules en surface. Quand vous protestez, on vous signifie de laisser ce produit et d’en prendre un autre. Aussi simple que cela.

Intoxications graves
Ceci en ce qui concerne les en droits plus select et plus chic. Chez les épiceries du coin, chez les buralistes, on retrouve des cafards dans la farine, des petites bestioles dans les lentilles vendus en vrac, dans le riz et les pâtes alimentaires. On tombe aussi sur pire. Le pain vendu peut comporter des morceaux d’insectes et il n’y a aucune traçabilité n’était le bonhomme à la mobylette qui distribue le pain chaque matin aux détaillants.

Quant aux snacks et autres boui-bouis et gargotes, le bon sens voudrait que l’on s’abstienne. C’est simple, on ne sait pas ce qu’on mange. Même un simple plat de lentilles peut causer de graves intoxications comme cela a été le cas à l’un de nos collègues qui s’est restauré dans un petit snack pas loin de u bureau. La kefta est douteuse, et personne ne saura dire si c’est de l’agneau, du veau, de l’âne ou un mélange des trois. Le poulet est avarié ainsi que la dinde qui ont viré au rouge et au bleu. Pourtant, ils sont étalés pour attirer la clientèle. Là où vous allez au Maroc, souks de campagne, marchés, petites sandwicheries, pizzerias improvisés dans un petit cagibi, les produits sont intraçables. 

Même les moutardes et autres ketchups utilisés sont souvent de marques inconnues. Les ustensiles en plastique qui servent de couverts sont  sales, usés et fendus de partout ce qui favorise la germination des bactéries. Pourtant, c’est achalandé. Le secret ? Ce n’est pas cher. C’est à la portée des plus pauvres. Et ces derniers ont d’abord le souci de se remplir le ventre et de  calmer la faim quitte à ingurgiter des produits potentiellement mortels.

Risques majeurs
Avez-vous déjà vu un boucher vous servir la viande, qui a absorbé tous les gaz des pots d’échappement ? Il vous coupe dans le tas à mains nues sans mettre de gants. Il peut être blessé et saignant et il se saisit de la barbaque et vous la donne. Son sang faisant office de bonus. Chez les boulangers, quand on va acheter des légumes et des fruits, c’est le même rituel. Le plus risqué c’est le poisson. Partout des cageots à même le sol, sous le soleil, sentant mauvais et les gens achètent. Les vendeurs de jus, c’est encore pire. Les détaillants des gâteaux faits soi-disant maison, que l’on voit pas loin de Derb Ghallef, et surtout les vendeurs de Lben et de semoule. L’odeur est tellement rance que l’on a le haut le cœur. Et là non plus, pas le moindre contrôle.

C’est cela la réalité des produits alimentaires que les Marocains mangent. D’un côté ce que l’on achète dehors est suspect vu le manque d’étiquetage sérieux, de traçabilité ses produits et des ingrédients. De l’autre, tout ce qui est restauration rapide, même les grands fast-foods, demeure suspect. Entre le manque de fraicheur des produits, le non respect de la chaîne de froid et le manque d’hygiène du personnel, il y a péril en la demeure. 

Ceci sans parler des légumes, fruits et céréales et les risques liés  aux pesticides et aux insecticides qui finissent par se retrouver dans l’assiette. Idem pour l’eau potables et les nappes  phréatiques et autres cours d’eau touchés par les produits chimiques, que le bétail avale et qui finissent aussi dans l’assiette.



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