Des scandales alimentaires
qui se succèdent, l’affaire Findus, l’eau en bouteille contaminée, de la viande
canine en saucisses… les consommateurs marocains ne savent plus ce qu’ils
mangent ni d’où proviennent les produits qu’ils mettent dans leurs assiettes.
Les Marocains ont eu très peur. Mercredi 3 avril
2013, un accident survenu sur le boulevard Zerktouni avait donné corps à des
articles de presse sur plus de trente-sept cadavres de chiens tués, préparés et
destinés à la consommation sous forme de saucisses. Un démenti de la direction
générale de la sûreté nationale vient calmer les ardeurs et mettre un terme à
la rumeur et à la panique. Ce qui n’empêche pas que ce simple fait divers est
survenu à un moment où de plus en plus de Marocains se posent de sérieuses
questions sur ce qu’ils mangent.
D’où viennent les viandes, poulets, dindes,
saucisses, viandes hachées, charcuteries, œufs et autres produits laitiers
douteux? Comment sont traités les légumes et les céréales ? Y a-t-il ou
non des insecticides et des pesticides à craindre ? Et l’eau que nous
buvons, celle du robinet, n’est-elle pas dangereuse ? Contient-elle des
restes toxiques de matières chimiques ? Et l’eau en bouteille, en provenance d’Europe, comme les
marques Vittel, Célestine et d’autres, qui ont été au centre d’un autre
scandale sanitaire en France pour des raisons de contamination à des
médicaments, est-elle retirée des
marchés locaux ?
Sécurité
sanitaire
La malbouffe est partout. Au Maroc, les contrôles sanitaires sont rares.
Il est vrai que des entités comme l’Office national de sécurité sanitaire des
produits alimentaires (ONSSA) ont mis en place des stratégies pour mieux
contrôler les produits alimentaires non seulement finis, mais mêmes les
matières premières et les produits intrants. Selon l’Onssa, contactée par MHI,
«Le contrôle de ces produits s’effectue d’une
manière inopinée et selon des programmes arrêtés par les services de contrôle
en tenant compte des monographies régionales, de l’évaluation des risques liés
aux produits, des périodes de l’année (saison estivale, mois sacré de ramadan,
campagne agricole,….), des alertes déclenchés au niveau national ou
international et autres.» cela a été certes le cas, lors du scandale des
produits surgelés de la marque Findus.
En effet, le 20 février 2013, l’ONSSA avait procédé à la saisie
conservatoire de 1,6 tonne de plats cuisinés de marque « Findus » au niveau
des points de vente et chez l’importateur. Mais les plats de Findus ne sont pas les seuls concernés par la fraude. Les
boulettes de viande vendues dans les magasins Ikea, les raviolis de Panzani,
les lasagnes de Nestlé ou encore le chili con carne d’Iglo le sont aussi.
Pour le Marocain lambda, si les produits d’importation, vendus très cher
sont frauduleux et présente des dangers pour la santé, que penser des produits
locaux, viandes et autres charcuterie fabriqués de manière rudimentaire par des
particuliers, et vendus à des prix très bas. Il y a de quoi se poser de
sérieuses questions.
Hygiène douteuse
Il suffit de faire
un tour dans plusieurs marchés marocains, superettes, super et hyper marchés,
pour voir l’ampleur du manque d’hygiène. Boites de lait éventrées, yougourt
périmés et dans les emballages sont troués, de la farine jonchant les rayons,
des biscuits ouverts, glaces sans respect de la chaine de froid, voire du poisson à l’odeur nauséabonde,
mais étalés sur les rayons. Si certains enseignes ont mis le holà en exigeant
plus de rigueur et de sévérité d’abord à l’égard de leur personnel pour mieux
contrôler les dates de péremption et les produits endommages par les
transports en les retirant des
ventes, d’autres enseignes font fi du strict élémentaire en termes de propreté
et d’hygiène.
Comme le précise Soumia
Bouriamin chef du département qualité du
groupe Label’Vie, contactée par MHI, «Le consommateur n’est pas toujours
averti. C’est nous qui prenons
toutes les dispositions nécessaires pour assurer sa protection contre
d’éventuelles pratiques frauduleuses.» Est-ce que tout le monde le fait ?
Pas si sûr. Chez de nombreuses enseignes, les consommateurs, en dehors, des
problèmes liés aux tarifs fixés et aux tarifs de vente, se plaignent d’avoir
trouvé des produits périmés vendus sans scrupules en surface. Quand vous
protestez, on vous signifie de laisser ce produit et d’en prendre un autre. Aussi
simple que cela.
Intoxications graves
Ceci
en ce qui concerne les en droits plus select et plus chic. Chez les épiceries
du coin, chez les buralistes, on retrouve des cafards dans la farine, des
petites bestioles dans les lentilles vendus en vrac, dans le riz et les pâtes
alimentaires. On tombe aussi sur pire. Le pain vendu peut comporter des
morceaux d’insectes et il n’y a aucune traçabilité n’était le bonhomme à la
mobylette qui distribue le pain chaque matin aux détaillants.
Quant
aux snacks et autres boui-bouis et gargotes, le bon sens voudrait que l’on
s’abstienne. C’est simple, on ne sait pas ce qu’on mange. Même un simple plat
de lentilles peut causer de graves intoxications comme cela a été le cas à l’un
de nos collègues qui s’est restauré dans un petit snack pas loin de u bureau. La
kefta est douteuse, et personne ne saura dire si c’est de l’agneau, du veau, de
l’âne ou un mélange des trois. Le poulet est avarié ainsi que la dinde qui ont
viré au rouge et au bleu. Pourtant, ils sont étalés pour attirer la clientèle. Là
où vous allez au Maroc, souks de campagne, marchés, petites sandwicheries,
pizzerias improvisés dans un petit cagibi, les produits sont intraçables.
Même les moutardes et autres ketchups utilisés sont souvent de marques inconnues.
Les ustensiles en plastique qui servent de couverts sont sales, usés et fendus de partout ce qui
favorise la germination des bactéries. Pourtant, c’est achalandé. Le
secret ? Ce n’est pas cher. C’est à la portée des plus pauvres. Et ces
derniers ont d’abord le souci de se remplir le ventre et de calmer la faim quitte à ingurgiter des
produits potentiellement mortels.
Risques majeurs
Avez-vous
déjà vu un boucher vous servir la viande, qui a absorbé tous les gaz des pots
d’échappement ? Il vous coupe dans le tas à mains nues sans mettre de
gants. Il peut être blessé et saignant et il se saisit de la barbaque et vous la
donne. Son sang faisant office de bonus. Chez les boulangers, quand on va
acheter des légumes et des fruits, c’est le même rituel. Le plus risqué c’est
le poisson. Partout des cageots à même le sol, sous le soleil, sentant mauvais
et les gens achètent. Les vendeurs de jus, c’est encore pire. Les détaillants
des gâteaux faits soi-disant maison, que l’on voit pas loin de Derb Ghallef, et
surtout les vendeurs de Lben et de semoule. L’odeur est tellement rance que
l’on a le haut le cœur. Et là non plus, pas le moindre contrôle.
C’est
cela la réalité des produits alimentaires que les Marocains mangent. D’un côté
ce que l’on achète dehors est suspect vu le manque d’étiquetage sérieux, de
traçabilité ses produits et des ingrédients. De l’autre, tout ce qui est restauration
rapide, même les grands fast-foods, demeure suspect. Entre le manque de
fraicheur des produits, le non respect de la chaîne de froid et le manque
d’hygiène du personnel, il y a péril en la demeure.
Ceci
sans parler des légumes, fruits et céréales et les risques liés aux pesticides et aux insecticides qui
finissent par se retrouver dans l’assiette. Idem pour l’eau potables et les
nappes phréatiques et autres cours
d’eau touchés par les produits chimiques, que le bétail avale et qui finissent
aussi dans l’assiette.
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