vendredi 12 avril 2013

Une terre si froide de Adrian McKinty: Une énigme irlandaise


L’écrivain irlandais, auteur de la trilogie Michael Forsythes, signe un autre triptyque dont c’est là le premier volet. Un roman noir sur fond de crimes et d’une enquête policière  pleine de rebondissements.



Belfast et ses histoires. Cette terre si lointaine et si froide mais où les passions sont si chaudes. C’est là dans ces contrées gorgées d’histoire ancienne et récente que Adrian McKinty plante le décor de sa nouvelle trilogie dont c’est là le premier opus. Et comme toujours en Irlande, ce pays si européen et pourtant si à part, ce sont les paysages qui impriment leur atmosphères aux histoires des hommes. 

Nous sommes en 1981. Nous sommes dans une région appelée Carrickfergus. Il y a un homme qui a tenu une grève de la faim et il vient de passer l’arme à gauche. Bobby Sands, c’est son nom,  bouleverse l’ordre établi avec une mort, pas si attendue que cela.  La tension est palpable partout. Sean Duffy doit enquêter sur un cadavre découvert dans un terrain isolé, avec une main coupée. Tout le monde connaît la victime ; c’est un homosexuel qui jouit d’une grande notoriété dans le coin.  Suit une deuxième victime, toujours selon le même modus operandi.   

C’est peut-être là le début d’une longue liste de corps qui vont s’amonceler plongeant l’enquête dans l’impasse. Et  si c’était un serial killer, bien décidé à en découdre avec le pays st ses habitants ?  Sean Duffy doit réussir son enquête, mais ce n’est pas là chose aisée quand on est un flic catholique en Ulster.   

Polar cinglant
La politique est toujours là, tapie quelque part, à attendre en étendant ses filets qui finissent par piéger un jour ou l’autre. Et c’est sur fond de tension confessionnelle, avec un macchabé de gay, une main coupée que Adrian McKinty doit nous balader à travers les méandres d’une Irlande multiformes. Il y a d’un côté les ravages de la guerre civile irlandaise. Il y a le spectre de l’IRA, mais aussi la volonté de trouver un peu de paix  dans ce champ de bataille qui demeure ouvert prêt aux déclenchements de toutes les guerres. McKinty réussit au final à livrer une enquête  bien ciselée, avec juste ce qu’il faut d’humour à l’irlandaise, sans pathos, sans fioritures. 

Ce qui touche également dans Une terre si froide, c’est  la présence de Belfast comme un personnage à part entière, qui juge, regarde, observe, intrigue, en douce, sans se faire remarquer. Mais tout passe par la ville. Les uns et les autres sont marqués de fer rouge tant l’histoire de Belfast est lourde, toujours présente et jamais lue, tout à fait. Sur cet amas de vies, d’attentes, de pertes, de perditions, de peurs, d’espoirs ajournées, Adrian McKinty construit le premier chapitre de sa nouvelle trilogie, dans un style pur, qui va à l’essentiel, sans jamais tomber dans la moralisation plate.


Editions Stock. 

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