L’écrivain allemand, Wilhelm Genazino signe un roman sur le quotidien
de l’homme, avec ses espoirs brisés et sa perdition.
Il s’agit dans ce livre d’une
plongée en spéléologue dans les tréfonds du quotidien des humains. Hommes et
femmes sont ici confrontés à
eux-mêmes, souvent sans la moindre concession ni compromis de la part d’un des
auteurs modernes les plus efficaces quand il s’agit de rendre compte de
l’absurdité de l’existence. D’abord pour ceux qui ne connaissent pas Wilhelm
Genazino, il faut savoir qu’il fait partie aujourd’hui des grands noms de la
littérature germanique.
Auteur d’une quinzaine de romans, on lui doit entre
autres, La stupeur amoureuse ou encore Un appartement, une femme, un roman. Genazino
a déjà été couronné du plus prestigieux prix allemand, le Georges Buchner en 2004. Ici, dans Une petite lumière dans le
frigo, Genazino revisite un thème
très cher à son imaginaire : l’homme et ses travers, le quotidien et ses
petits à côtés qui nuisent.
Héros sons nom
C’est simple, pour mieux ancrer cette vision noire et
sarcastique sur l’individu moderne, Genazino ne daigne même pas baptiser son
personnage clé. Le héros sans nom a pourtant une identité. Le nom est somme toute très secondaire
ici. Il est monsieur tout le monde, celui qui peut être vous-même, votre ami,
une connaissance, un voisin de palier. Même son âge n’est pas défini.
Mais, à coup sûr, il ne s’agit pas d’un
jeune homme de vingt ans. La trentaine bien entamée pour pouvoir être sur le
véritable champ de bataille de la vie. Mais on sait qu’il architecte. Il agence
des demeures, mais la sienne reste en désordre. Il vit en spectateur, le héros
de Genazino. La vie défile et lui n’a aucune prise sur elle. Malaise, mal-être,
retenue, peur, désillusion, lassitude…
Il y a de cela dans la vie de cet homme qui ressemble à s’y méprendre à
n’importe quel autre allemand. Mieux encore, et c’est là où le travail de
Wilhelm Genazino est capital, il peut être Marocain, Américain, Ivoirien, Turc.
Cette dimension universelle qui traverse les écrits de Genazino rend compte, à
la fois avec ironie et juste ce qu’il faut d’acuité pour nous dépeindre un
monde moderne en déphasage.
Au final, ce qui fait notre passé, notre présent et
ce futur à la fois voulu et craint, finit par se condenser dans un spectacle
effrayant baigné par la solitude. Car c’est d’elle qu’elle s’agit. Seul avec
les autres, seul au milieu du monde, seul face à soi sans trop se reconnaître.
Editions Christian Bourgois.
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