El Houssaine Mimouni expose
ses derniers travaux chez Boubker
et Hadia Temli, à la Galerie Tindouf de Marrakech. Ces deux connaisseurs en
Arts plastiques offrent ici aux passionnés de peinture un artiste de très bonne
facture.
C’est
simple. El Houssaine Mimouni a atteint une maturité telle que ses travaux sont
de plus en plus concis. On sent le peintre émonder, élaguer, épurer son espace
de travail. Les toiles donnent à voir ce qui est peint, mais au-delà, une
certaine économie de coloris et de formes qui en dit long sur les évolutions
chromatiques de l’artiste. Nous sommes encore sous l’impact de ces noir et
blanc, ces ocre et rouge, ces éclatements de couleurs qui définissent un
univers profond où l’humain occupe le centre.
Aujourd’hui,
c’est face au temps que le peintre s’escrime. Chaque coup de pinceau, le
moindre trait, la plus infime ligne s’inscrit dans cette recherche de la base
et du sommet, très cher à un poète-peintre comme René Char. Les échelles du
temps s’imbriquent et laissent
voir le vécu, le passé, un condensé d’émotions, de sensations, de
sentiments sur l’existence.
Peintre aux soucis ontologiques bien déclarés, El Houssaine Mimouni donne ici à
voir l’une des plus belles réflexions sur les temporalités humaines, dans une
fragmentation des sens. Ici le rouge et le noir font basculer les sinuosités de
Chronos vers un espace non délimité. Et c’est cette absence de frontière,
couplée à ces passages à niveaux, ici signifié par les échelons du vécu, qui
donne à cette peinture une présence justement intemporelle.
Au-delà du temps
Pour
comprendre cette haute signifiance
liée au secret même de l’existence, chez El Houssaine Mimouni, il faut lire ce
travail comme on lit un récit, non de manière linéaire, mais en se baladant
d’une toile à une autre, toujours rempli de ce que l’on vient de voir, ce qui
vient de nous habiter. Car tout contact avec ces cicatrises temporelles qui
cinglent le cœur des tableaux de Mimouni, on n’en ressort pas indemne. Peinture
sans figures humaines, mais où le visage de l’humanité se profile en filigrane
à chaque trait. Mimouni sait rendre subtil la plus indescriptible de ces
égratignures qui jalonnent le corps même de son support. Dans ce sens, les
travaux présenté aujourd’hui à la Galerie Tindouf par Hadia et Boubker Temli sont
un summum de réflexion sur le temps st ses fuites, le temps perdu, jamais
retrouvé, mais qui peut être comblé par le regard, la mémoire, une certaine
plongée en soi pour que vive la nostalgie.
El Houssaine Mimouni, né en 1957 à Taroudant, vit en France en tant qu’enseignant
d’arts plastiques, depuis près de 30 ans. Depuis 1986, Mimouni compte plusieurs
expositions, individuelles et collectives, en France, notamment à Paris, Tours,
Montpellier, Nantes et Nîmes, au Maroc à Casablanca et Tanger, aux Etats-Unis, au Norvège, en
Allemagne et dans d’autres pays. C’est
l’un des plus grands noms des Arts plastiques marocains.
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