L’acteur américain, Tim Blake Nelson,
passe derrière la caméra et livre un film dans la pure lignée du cinéma
indépendant. Appuyé sur un scénario solide, Feuilles d’herbe est un pur joyau
underground.
La référence
à Walt Whitman est flagrante. Le titre reprend le recueil de poème du célèbre
poète américain. Et le scénario, écrit par le réalisateur-acteur, Tim Blake
Nelson, met en scène deux frères jumeaux, l’un professeur de philosophie
antique et l’autre, un criminel notoire. Tour à tour, on passe d’une citation
de Socrate, d’une pensée De Heidegger, d’un titre de Nietzsche à une
transaction entre trafiquants de drogues au fin fond de l’Oklahoma.
Le bien et le mal
Le film se
décline en dualité bien tranchée
entre deux univers qui finissent par
s’interpénétrer en une seule vie doublée d’une vision convergente de
l’idée de la famille, de la morale et du sens du bien et du mal. Le tout avec
une plongée dans le sous-sol de la culture juive américaine avec ses manies,
ses tares et ses archaïsmes, ici incarnée par un chef de clan maffieux incarné
par un sublime Richard Dreyfuss.
Quand aux frères jumeaux, c’est Edward Norton qui prête sa bouille et sa
silhouette à ce duo très éloigné que rien n’est sensé rapprocher. Sauf
peut-être cette mère, un peu folle, par moment très sage, jetée dans une maison
de vieux, jouée par une excellente et sobre Susan Sarandon.
Feuilles
d’herbe se veut une lecture très actuelle des dérives de la société américaine
qui peut produire au sein de la même fratrie un philosophe reconnu et un tueur
patenté. Et le réalisateur Tim Blake Nelson, très rompu aux films sur l’Amérique profonde (il a partagé
l’affiche avec Georges Clooney chez les frères Coen dans O Brother), a su
cadrer les paradoxes d’une société à plusieurs vitesse moralisatrices. D’un
côté, la sagesse qui finit par s’allier au crapuleux. De l’autre le crime qui peut trouver dans la pensée
américaine une certaine légalité. Cela dépend de quel point de vue, on se situe
dans notre approche des vastes et hypothétiques idées du bien et du mal.
C’est
d’ailleurs cette dimension aux allures manichéennes qui fait de ce film est un
grand moment du cinéma moderne américain. Loin de la guimauve hollywoodienne,
ces feuilles sont d’or.
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