jeudi 22 mai 2014

Séminaire à Casablanca sur le «Tcharmil» Fatalité ou effet de mode ?

Un séminaire sur le «Tcharmil» a été organisé, le 20 mai 2014, à Casablanca, par l'Association Relais Prison-Société. L’objectif de cette rencontre, qui arrive à un moment où le phénomène social fait encore couler beaucoup d’encre,  est de jeter toute la lumière sur les tenants et les aboutissants de ce problème de société à la fois inattendu et incompréhensible. Comme l’ont souligné les membres de l’association Relais prison-société, le but donc est de donner à voir quelles sont les sources de ce phénomène et quelle approche citoyenne adopter pour mieux le saisir, en définir les contours et comprendre surtout ses ramifications sociales. Cette conférence devait apporter «les éclairages nécessaires pour entrevoir des pistes d’actions aptes à contrer le fléau de la déviation de nos jeunes», expliquent les responsables de l’association. Pour débattre de ce sujet complexe, plusieurs sensibilités ont été réunies : des représentants des autorités, des journalistes et des chercheurs qui ont abordé la thématique de: « La délinquance juvénile au sein de la société marocaine à travers le phénomène du «Tcharmil». Plusieurs interventions ont pu jeter la lumière sur les réalités de ce que l’on appelle aujourd’hui « Tcharmil ». A travers  les points de vue de figures comme l’universitaire et sociologue, Jamal Khalil, un spécialiste des drogues et de leur impact sur les jeunes comme Taoufiq Jallal ou encore le chef du district Casa-Anfa El Bahri Hamid sans oublier Sghir Rochdi, premier adjoint au procureur du Roi à Casablanca, ce sont des visions issues des réalités du terrain qui ont apporté tout l’éclairage qu’il faut pour appréhender une réelle problématique de société. Pourquoi une telle résurgence ?  Quelles sont les causes de l’apparition de ce phénomène ? Pourquoi ce cri de la jeunesse et dans quels visées ? Comment surtout rectifier le tir et aider cette jeunesse à se ressaisir et à trouver des débouchées dans l’avenir ? Cela ne peut se faire que par un réel travail de terrain, un accompagnement citoyen qui mobilise l’ensemble de la nation pour éviter ce genre de dérapages. Comme l’ont rappelé plusieurs sociologues marocains, ce phénomène est une manifestation de colère, une alerte qu’il faut prendre au sérieux. Et avec ce genre de débat, initié par la société civile, autour d’acteurs sociaux engagés pour la cause nationale, il est évident que les Marocains ont pris le pouls de cette situation, non seulement au niveau de la sécurité des citoyens, mais aussi au niveau du débat d’idées pour construire une plate-forme d’échanges et de dialogue avec les jeunes pour le bien des jeunes.




Braquage de l’aéroport de Bruxelles Hassan Baghli, haute voltige

Hassan Baghli est-il le braqueur de Tanger ? Est-ce la même personne qui a participé à des faits de haut vol en Belgique, qui s’est réfugié au Maroc, dirigeant une entreprise, qui est passé à l’acte en braquant un fourgon de transport de fonds subtilisant un butin de 7 millions dhs ? On s’en souvient, le 24 février 2014, quatre hommes cagoulés se sont attaqués à un fourgon blindé au centre ville de Tanger. Coup spectaculaire, modus operandi déjà connu des services de police, tout porte à croire que c’est l là le fait d’une bande rompue aux braquages de ce calibre. Pour les enquêteurs marocains, qui arrêtent Hassan Baghli, le lien est vite fait avec l’affaire du même style en Belgique. Il s’agit du fameux casse de l’aéroport de Brussels Zaventem, le 18 février 2013. Huit hommes masqués, déguisés en policiers et lourdement armés, avaient commis l’incroyable en prenant pour cible un avion de la compagnie aérienne Swiss qui transportait un chargement de la société Brink's. Les voleurs savaient tout sur ce transport. Ils avaient bien étudié leur coup, date d’arrivée, chargement, circuits de passages, sécurité, caméras de surveillance et le timing ficela au poil pour ne rien laisser au hasard. 38 millions d’Euros de butin dérobé. Que des diamants ou presque. C’est le casse de la décennie. Très vite, les auteurs du casse se volatilisent. Un mandat d'arrêt international a été émis sur la bande et principalement sur un ressortissant marocain. Il s’agit de Hassan Baghli. Le parquet de Hal-Vilvorde est formel : les soupçons sont lourds et Baghli est la cible.   
Hassan Baghli fait aujourd’hui partie de la liste des quatre individus arrêtés par la police marocaine. 36 ans, connu des services de police, Hassan Baghli a grandi dans le quartier de Cureghem d’Anderlecht. Quartier difficile, célèbre pour ses accrochages avec la police. Hassan Baghli a appris là, les bases du crime  à grande échelle. Il est fiché au grand banditisme belge depuis les années 1990. Il est condamné à Bruxelles en 2002 à dix années de réclusion criminelle pour une dizaine de vols avec violences et des braquages. Hassan Baghli est aussi recherché en France et à Bruxelles. Pour la police européenne, il faisait partie  du fameux gang des super-truands Maâche/Bekhti qui préparait un hold-up à Strasbourg. On s’en rappelle, la police avait découvert un dépôt d’armes et des explosifs dans un hangar qui devait servir pour le casse du siècle. Baghli est aussi accusé dans une attaque à main armée contre un hôpital belge pour organiser l’évasion d’un détenu. Il a aussi été mêle à des tentatives d’homicide volontaire. Son nom revient dans d’autres braquages armés contre des dépôts de sociétés de transport de fonds en Belgique et aux Pays-Bas. Bref, c’est un criminel de haut vol comme on en voit rarement. Hassan Baghli aura donc deux procès. L’un en Belgique, l’autre au Maroc. Les peines risquent d’être très corsées.



  

José Anigo s’installe au Maroc




José Anigo, qui a entraîné le club français de l’Olympique de Marseille, pour la fin de la saison 2013-2014, a été remplacé par le technicien argentin Marcelo Bielsa. Mais ce n’est pas un limogeage. Au contraire, José Anigo reste lié au club phocéen et vient s’installer au Maroc. Il est chargé de mission pour le compte du club pour superviser et recruter des talents issus de l’Afrique. Il prend Marrakech, où il possède déjà une maison,  comme ville de séjour et en fait une plate-forme de travail pour dénicher les futures pépites du ballon rond. Dans l’entourage de José Anigo, tout a été mis en place pour qu’il commence son travail dés cet été. Certains affirment déjà que parallèlement à son poste de coach sur le banc de l’OM, il portait déjà la casquette du recruteur. On s’en souvient, il a été présent, il y a quelques semaines, lors d’un match du Raja de Casablanca pour juger des aptitudes de Mouhcine Mitouali.

Faouzi Skali décoré des insignes de Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur au Sénat français

Faouzi Skali, le fondateur du Festival de Fès des Musiques Sacrées du monde a été décoré le 12 mai 2014,  au Sénat français. Après un magnifique discours d’éloge sur le parcours et le travail de Faouzi Skali, lu par Bariza Khiari, première vice-présidente du Sénat, Christian Cambon, le président du groupe  d’amitié France-Maroc, a remis  au nom du Président de la république Française, les insignes de Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur à Faouzi Skali. La cérémonie fut grandiose, rehaussée par la présence de nombreuses figures de la politique, des mondes des arts et de la culture ainsi que de nombreux intellectuels marocains résident à Paris. Il faut aussi signaler la présence des Ambassadeurs du Maroc accrédités à Paris et à l’Unesco, respectivement Chakib Benmoussa et Zohour Alaoui. Lors de ce grand moment de partage qui distingue le Maroc en la personne de Faouzi Skali, Christian Cambon est revenu sur l’histoire des 20 ans d’existence du Festival des Musiques Sacrées de Fès. D’ailleurs lors de cette fête culturelle, l’édition 2014 du festival a été déclinée avec un programme riche qui marque deux décennies d’ouverture, de partage pour des valeurs de paix et de tolérance entre les cultures du monde.  

Découverte de gaz au Maroc 776 milliards de mètres cubes à Sidi Mokhtar ?

En moins de deux mois de travaux, le forage de la zone Kamar 1, à Sidi Mokhtar, dans la région d’Essaouira, a déjà donné des résultats, qualifiés par les observateurs d’«exceptionnels ». La société britannique, Longreach Oil & Gas Ltd, a terminé la première phase de ses recherches dans ce gisement, le 8 mai 2014. Les premières déclarations ayant filtré parlent de découverte importante et de site riche et prometteur. En effet, les estimations sont colossales. La Chine, qui suit de très près la grande ruée sur le pétrole et le gaz au Maroc, parle de réserves en gaz naturel estimées à 292 milliards de mètres cubes. Ces réserves pourraient atteindre les 776 milliards de mètres cubes. Pour Amina Benkhadra et l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) : «ces indices sont des signes encourageants pour poursuivre l’exploration de cette zone ». Au niveau de Longreach Oil & Gas Ltd, l’optimisme est de mise. Il s’agit là de «résultats d’explorations très prometteurs ». Ce qui fait dire à Malcolm Graham-Wood, un expert britannique, consultant en industrie de l'énergie et conseiller de banques d’investissements pour les questions de Pétroles et de Gaz, que c’est là une « découverte très importante ». Il lie d’ailleurs ces annonces au climat qui règne en Europe sur le conflit avec la Russie à propos des retombées de la crise ukrainienne sur l’approvisionnement en gaz. Si les données se confirment, de nombreux analystes britanniques parlent déjà du Maroc, comme le futur grand pays gazier et pétrolier en Afrique. Ce que les officiels marocains évitent de confirmer en ce moment. Si les propos très discrets du ministère de tutelle et du gouvernement, ont changé depuis un mois exactement passant à plus d’optimisme, il n’en demeure pas moins que Rabat joue la carte Wait and See. Aucune précipitation. Aucune annonce en grandes pompes. On gère le dossier avec précautions. Mais la présence au Maroc de plus de 30 compagnies, parmi les plus fiables et les plus sérieuses au monde, comme Chevron et BP, prouve que le pays a déjà entamé une nouvelle voie dans la gestion de ses ressources énergétiques. Sans oublier cet appel du ministre de l'Energie, des mines, de l'Eau et de l'Environnement, Abdelkader Amara, le 15 mai 2014, aux responsables russes pour qu’ils viennent explorer au Maroc. « La Russie a une grande expérience et dispose de gros moyens. Nous sommes très intéressés de voir les sociétés russes explorer dans les bassins sédimentaires marocains ». Serait-ce là, l’indice majeur qu’attendaient tous les observateurs pour attester des richesses gazières du Maroc ? Pour beaucoup, l’année 2014 semble déjà être l’année du tournant pétrolier marocain. Wait and See.




Cigdem Aslan, héritage anatolien





Dans la catégorie musiques du monde, programmée cette année pour la treizième édition du festival Mawazine Rythmes du monde, c’est une voix gorgée de l’histoire anatolienne qui va à la rencontre des mélomanes. Cigdem Aslan est une voix rare. Cette jeune stambouliote, qui allie l’art du chant lyrique, au Samaa dans son sens soufi, en passant par la musique sacrée, se joue des références. Elle brasse, avec beaucoup d’aisance, héritages turcs, islamiques, grecs, tziganes en les nourrissant des chants sublimes des steppes de l’Asie centrale et de ses impacts indéniables sur les répertoires kurdes et arabes.  Comme tous les artistes turcs, Cigdem Aslan c’est d’abord une magnifique voix. Ensuite, il y a la maîtrise, la force du contenu, une grande présence et complicité avec le public. Le tout mâtiné d’une belle dose de charme discret.  D’effacement presque, pour laisser la voix porter au plus loin. C’est d’ailleurs le propre de ce type de musique. Le message est spirituel. On s’adresse au cœur. On veut prendre le mélomane aux tripes. On te fait vibrer toutes les cordes de ton âme, en parlant d’amour, de Dieu, d’espoir et de désir.  Le lundi, 2 juin 2014, à Chellah, rendez-vous est donc donné pour ce qui est déjà annoncé comme l’une des rencontres musicales majeures de cette édition. Cigdem Aslan, qui maîtrise ce chant, né dans le Sud-Ouest de la Turquie, pas loin de Izmir, ancienne Smyrne, offre tout son vécu de kurde alévie, pour offrir une musique qui adoucit vraiment les mœurs.

“Super Oum” Part One Fatima Mazmouz pose la question de l’identité

Fatima Mazmouz est un grand nom de la photographie marocaine. Artiste reconnue mondialement, elle expose jusqu’au 27 mai 2014 ses derniers travaux intitulés, Super Oum, part one. En clair, Fatima Mazmouz se met en scène. Là, en l’occurrence, elle se prend en photo, enceinte, et pose des questions sur l’identité, le brassage des cultures, la richesse civilisationnelle marocaine en relation avec des héritages venus d’autres pays et d’autres horizons. L’acte suprême d’enfanter est ici mis en abyme. Il ne s’agit pas d’une énième représentation du corps et de la maternité. Loin de là. Chez Fatima Mazmouz, c’est une série de questionnements qui affleurent. Qui sommes-nous ? Qu’est-ce que la naissance ? Quelle identité donner au nouveau-né ? Quelle est la place de la femme dans la société ?  Quelle lecture ethnologique et politique faire  de la femme et de son rôle social comme assise de la famille ? 



Fatima Mazmouz revient à des archétypes de l’expression artistique. Ces facettes de son corps  portant la vie à venir, sont une promesse de futur. Mais cette promesse se nourrit du passé. Elle se saisit aussi de différentes références humaines. Fatima se donne à voir en mère déesse indienne. Elle est catcheuse aux prises avec le temps et la vie. C’est un modèle moderne très sophistiqué. Elle est plusieurs femmes à la fois. Elle met en lumière plusieurs référentiels humains qui en disent long sur les origines et leurs sinuosités historiques. C’est cela le propos de Fatima Mazmouz : dépasser le premier degré. Creuser des voies de lecture pour approcher la culture marocaine dans sa multidimension. Ici la grossesse se lit aussi comme position économique et politique. Enfanter c’est créer un élément supplémentaire qui devient lui-même productif. Donner la vie, c’est ouvrir le champ des possibles. Super Oum, ou super maman, c’est le retour amont vers une source unique, celle du don et du partage. C’est ce qui caractérise ce travail si généreux, si interrogatif, qui va au-delà de ce qui est dit, pour révéler des pans cachées du rôle de chacun de nous dans l’élaboration d’un projet de vie dans la société.

  

Jusqu'au 27 mai 2014, à la Galerie FJ,  4 rue de la Réunion, Casablanca.