mercredi 17 avril 2013

Cultures OGM au Maroc: La tumeur est dans le pré


Une étude française, publiée le 19 septembre 2012, fait état de tumeurs cancéreuses causées par les organismes génétiquement modifiées, OGM. Au Maroc, les autorités se veulent rassurantes tandis que des voies montent au créneau pour demander des lois et des législations sur les produits importés d des USA. 

Ciel mon maïs. Après plusieurs épisodes sur l’existence ou la non-existence des Organismes génétiquement modifiés  (OGM) au Maroc, le débat est aujourd’hui lancé. En effet, déjà en 2002 plusieurs voies avaient alète sur l’existence de produits OGM en consommation au Maroc. Vite oubliés, ces alertes ont repris en 2003 et en 2006, puis en 2008,  toujours sans suite. Aujourd’hui, c’est l’étude française qui vient d’être publiée le 19 septembre 2012, qui relance la polémique. Cette étude de chercheurs français affirme que la consommation de certains maïs transgéniques serait dangereuse pour la santé humaine. Les tests pratiqués sur des rats ont donné des résultats inquiétant qui sont en cours de vérification au sein de l’Union européenne.

Réaction rapide
« Au Maroc, et en application du principe de la précaution, les aliments transgéniques sont interdits à la consommation humaine », a affirmé le ministère de l’Agriculture et des pêches, dans un communiqué rendu public le mardi 25 septembre 2012. Pour le ministère de l’Agriculture, les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) ne figurent ni dans les produits importés, ni dans ceux produits localement destinés à notre alimentation.
Il s’agit là d’une réaction importante de la part dues autorités marocaines, qui ont pris les devants pour rassurer l’opinion publique, surtout que le monde est aujourd’hui secoué, depuis le 19 septembre 2012, par une étude qui prouve que les OGM provoquent des tumeurs cancéreuses. Le ministère de l’agriculture marocain  insiste sur le fait que même si la pratique et les législations à travers le monde admettent la présence d’OGM dans certains aliments destinés à l’alimentation animale, les variétés de maïs transgénique ciblées par cette étude « ne sont pas autorisées au Maroc, même pour des fins d’alimentation animale ». C’est on ne peut plus clair. Pourtant le vide juridique dans ce sens est énorme. De fait, il n’y a toujours pas de législation sur les OGM au Maroc. Pour un analyste comme Najib Akesbi ceci constitue une grande lacune pour le contrôle des produits. D’autant que l’inquiétude sur la présence des OGM dans les produits vendus sur le territoire national s’est amplifiée depuis l’adoption du traité de libre échange avec les Etats-Unis en 2004.  

Une étude accablante
Face aux propos rassurants des autorités marocaines, des voix montent au créneau et affirment que les OGM sont bel et bien dans nos assiettes. Selon Fatima Alaoui, secrétaire générale du parti des Verts au Maroc, « au Maroc, il faut faire une étude non seulement sur les rats, mais aussi sur les humains» pour vérifier si les organismes génétiquement modifiés ont fait leur entrée dans les marchés marocains ou pas. Pour cette militante écologique, les OGM sont bel et bien présents au Maroc. Comment peut-elle être aussi sûre ? Sur quoi s’appuie-t-elle pour avancer une vérité scientifique aussi grave de conséquences ?   Fatima Alaoui rappelle pour preuve une étude réalisée à El Jadida en 2006, par des ingénieurs français à l’initiative de son mouvement. Cette étude avait révélé la présence de plants de tomates OGM dans cette zone. «Les Marocains consomment les produits distribués par des supers marchés qui importent de tout, c’est là où il faut voir la part des OGM dans les produits», précise Fatima Alaoui, pour qui,    «le problème des OGM est qu’il y a beaucoup d’intérêts en amont comme en aval.» Quels sont alors les produits visés ? Pour de nombreux écologistes marocains, il y a d’abord le maïs, le blé, mais surtout des chocolats, des barres chocolatées et du soja. 

Libre-échange
On le sait, le Maroc importe des denrées alimentaires des USA où l'étiquetage et la traçabilité ne sont pas obligatoires  comme les céréales, les huiles végétales, les sauces et les  additifs. On importe aussi du Canada  des produits comme le soja, aujourd’hui pointé du doigt par de nombreuses études sur les OGM. Sans oublier également que le secteur pharmaceutique importe des médicaments et vaccins. Mieux encore, le Maroc en fabrique à partir d'ingrédients importés et qui peuvent être des produits biopharmaceutiques. Toutes ses données avancées pour les détracteurs des OGM au Maroc se trouvent dans nos  supérettes. D’ailleurs aujourd’hui, plusieurs marques de maïs affichent clairement la mention Sans OGM. Cela voudrait-il dire qu’il y a d’autres produits de la même famille qui, eux, comportent des OGM ? Les observateurs avancent aussi le fait que plusieurs produits laitiers, des comptes, des farines, des chips, des fromages et des confitures comportent des traces de produits génétiquement modifiés. Mais rien n’apparait sur les emballages. Ce qui fait dire à un  économiste de la place, « que le Marocain quand il fait ses provisions, il regarde le prix et ne se soucie que rarement des ingrédients ».

Liens indirects
Il faut ajouter à la liste des produits OGM, les liants, les rehausseurs de goûts et les additifs contenus dans les produits agroalimentaires, qui ne sont pas tous fabriqués au Maroc. Il est donc tout aussi possible de se retrouver avec des OGM inclus dans les aliments fabriqués localement. Parmi les autres produits ciblés, on peut citer des produits dont la matière de base peut être un OGM, comme la farine et la semoule de maïs, l’huile de maïs, les chips de maïs salées ou encore les corn-flakes et autres sauces à base d’huile de colza. Il y a aussi des produits dont l’un des ingrédients peut être à base d’OGM. Il peut s’agir de sirop de glucose, de produits de pâtisserie, de farine de maïs dans le pain, de biscuits apéritifs, de semoule de maïs, de plats cuisinés, de charcuterie, de crèmes desserts, de biscottes, de préparations pour desserts déshydratées, potages, bières, glaces et même des chewing-gum. Amidon, sorbitol, enzymes, caramel... une longue liste d’additifs est en fait dérivée du maïs, culture qui a été le plus sujette à transformation génétique.
L’autre point qui inquiète, c’est que certains agriculteurs ont recours à des cultures spéciales et ciblées pour des clients étrangers. Ces derniers fournissent eux-mêmes leurs semences  pour des produits comme la tomate, le melon, les plantes, les herbes… qui peuvent être génétiquement modifiées.  


  

Qu’est-ce qu’un OGM ?
L'OGM est défini par la réglementation européenne comme "un organisme dont le matériel génétique a été modifié d'une manière qui ne s'effectue pas naturellement par multiplication et/ou par recombinaison naturelle". Il s'agit des techniques de génie génétique qui permettent de transférer dans le patrimoine d'un organisme un ou plusieurs gènes apportant une caractéristique nouvelle. Les techniques de génie génétique peuvent être appliquées aussi bien sur des organismes animaux ou végétaux que sur des micro-organismes. Les gènes introduits, du fait notamment de l'universalité du code génétique, peuvent provenir de n'importe quel organisme : virus, bactérie, levure, champignon, plante ou animal. Ce qu’il faut aussi retenir aujourd’hui, c’est que les chercheurs mettent en garde contre les dangers liés à la consommation des OGM.  Ces derniers émettent des insecticides qui sont présentés par certains chercheurs et par les industriels comme formidables car on n'aurait alors pas besoin de mettre d'insecticide. La reproduction sexuée des plantes fait intervenir, pour une bonne part d’entre elles, la pollinisation croisée, ce qui a pour conséquence qu’une plante OGM peut parfaitement transmettre les nouveaux gènes à une autre plante voisine non transgénique appartenant à la même espèce. C’est ce qu’on appelle la pollution génétique. Celle-ci contrairement à toute les autres pollutions crées par l’homme est irréversible : elle se transmet de plantes en plantes sans qu’aucun contrôle soit possible.  

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