Roman prophétique, les Possédés de Dostoïevski avait
anticipé la ruine des valeurs dans un monde anarchique, en proie à tous les
types de terrorisme.
La
confession de Stavroguine restera dans les annales de la littérature
universelle comme l’un des plus marquants passages où l’on résume la condition
humaine entre désespoir, dépassement de soi, horreur et volonté d’être
meilleur. «Est-il possible de croire? Sérieusement et effectivement? Tout est
là. » Stavroguine se lance dans une longue chevauchée verbale pour justifier
ses travers, cautionner le mal ou réinventer une nouvelle morale faussement
pieuse. Personnage complexe, il n’a aucune limite.
Seul Dieu lui sert de frein.
Et encore. Dans la même panoplie des figures archétypales, on trouve Kirilov
qui aura lancé à son insu, selon la formule d’Albert Camus, le suicide
philosophique. Il y a Chatov aussi, personnage intriguant. Tous ces personnages
sont possédés par un démon. Il y a d’abord le socialisme athée, ensuite le
nihilisme révolutionnaire et enfin la superstition religieuse. Dostoïevski nous
met face à trois idéologies qui sont très éloignées des limites de la condition
humaine. Du coup, elles sont toutes incapables de rendre compte de l'homme et
de la société et appellent un terrorisme destructeur.
Sombre tragédie d'amour et de mort,
Les Possédés sont l'incarnation géniale des doutes et des angoisses de
Dostoïevski sur l'avenir de l'homme et de la Russie. Dès 1870, il avait pressenti
les dangers du totalitarisme au XXè et XXI è siècles.
Editions Gallimard.
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