La contrebande des marchandises en provenance d’Espagne a battu
tous les records en 2012. C’est un
marché évalué à quelque 1,2
milliard d’euros par an qui représente un déficit pour les caisses de l’Etat de
15 MMDS.
La bonne nouvelle pour
l’économie marocaine est la levée des droits de douane sur les marchandises en
provenance d’Europe, notamment l’Espagne, premier fournisseur en produits de
consommation de tous genres. Pourtant selon une enquête réalisé par le ministère espagnol du commerce, la
suppression tarifaire en mars 2012, n’a eu aucun impact positif sur le commerce
légal en réduisant ce que le gouvernement espagnol nomme le commerce
atypique. Entendons par là, la
contrebande et l’économie parallèle qui fleurit entre Sebta et Melilla et les
marchés marocains.
En effet, selon les autorités espagnoles, de mars 2012 à
mars 2013, la contrebande s’est amplifiée, notamment au niveau des produits
laitiers, de biscuiterie, de fruits secs, produits d’entretien ménager,
l’électronique et les produits vestimentaires. Des chiffres corroborés par les autorités marocaines qui
estiment que chaque Marocain dépense en moyenne 150 euros soit l’équivalent de
1700 dhs, par an en produits de
contrebande provenant de l’Espagne. Au total, le marché de la contrebande est
évalué à quelque 1,2 milliard d’euros par an soit l’équivalent de 15 milliards
dhs de marché parallèle qui ne profite pas aux caisses de l’Etat.
Crise
oblige
Si les chiffres ont éclaté ces
derniers mois, il faut y voir l’impact de la crise économique sur la vie des
résidents marocains en Espagne. Ces derniers, sans boulot, en proie au chômage
qui a dépassé les 26 pour cent, se sont recyclés dans d’autres activités pour
survivre. Mais ils ne sont pas les
seuls. Selon plusieurs ONG espagnoles, même des Espagnols ont trouvé dans la
contrebande un terrain de jeu juteux en attendant le retour à la normale.
A preuve, les allers-retours
enregistrés au niveau des postes frontaliers de Tarajal à Sebta et Melilla.
Mais aussi au niveau d’Algésiras ou des convois de voitures remplies de
marchandises, prennent le chemin du Maroc pour écouler les produits à des prix
défiant toute concurrence. Selon
les autorités douanières espagnoles, au niveau des
frontières terrestres entre le Maroc et l’Espagne, le prélèvement à
l’importation, équivalent à la TVA, a augmenté de 5% à Sebta et 9% à Melilla,
en 2012.
Depuis le début de l’année 2013, ce pourcentage a déjà augmenté de
18%, à Sebta. Pour les responsables de la Chambre de commerce, et la
Confédération des chefs d’entreprise
à Sebta, « cette augmentation ne peut s’expliquer que d’une seule façon
: l’augmentation des exportations « atypiques » vers le Maroc. » Le Conseil avance,
par ailleurs, une augmentation de 25% depuis le début de l’année au
niveau des deux villes occupées.
Marchés noirs
Ces
produits acheminés de l’Espagne, on ne les retrouve pas uniquement dans des
marchés comme Derb Ghallef, qui a, du reste, bâti sa réputation sur le coût
réduit des produits proposés, mais partout, chez le buraliste du coin, dans les
superettes, chez tous les détaillants. Cela va du chocolat au fromage en
passant par le lait, les yogourts, les pates, le riz, le beurre, les limonades,
le thé, le café, le sucre, les fruits secs, les conserves de tous types et même
des produits surgelés.
Les filières sont nombreuses qui acheminent des
marchandises a des prix bas pour inonder le marché. Souvent au détriment de la
qualité. Certaines grandes enseignes ont même tiré la sonnette d’alarme pour
dénoncer des trafics au niveau des étiquetages et des dates d’expiration.
Reste
que pour des centaines de milliers de Marocains le marché parallèle est la
seule soupape économique pour survivre. Si certains ont fait fortune dans la
contrebande, pour les adeptes du marché noir, il est question de faire face à
la pauvreté en revendant des produits achetés bon marché à une clientèle dont
le pouvoir d’achat est tout aussi précaire.
Aujourd’hui,
d’autres régions approvisionnent le marché marocain en produits de Contrebande.
Il s’agit de Gibraltar et des Iles Canaries où de grandes quantités de
marchandises atterrissent dans les provinces du Sud. Sans oublier le trafic de
médicaments et de gaz avec les Algériens de l’Est. En 2012, 70%
de l’économie de la région du Maroc oriental dépend de la contrebande.
Selon un
récent rapport sur le commerce illicite, la Chambre de commerce, d’industrie et
de services de Oujda, le chiffre
d’affaires moyen de cette activité est estimé à 6 milliards de dirhams par an. Le
secteur informel emploie plus de 10 000 personnes et couvre l’essentiel des
besoins de consommation», conclut le même rapport.
Encadré
3,3 milliards de cigarettes de contrebande vendues au Maroc
Si l’on en croit les chiffres
émanant d’une étude réalisée par un cabinet privé sur le trafic des cigarettes
au Maroc, 18 % de la consommation globale des cigarettes proviennent de la
contrebande. Selon les spécialistes,
cela équivaut à 3,3 milliards de cigarettes consommées annuellement par
les Marocains. Evidemment, cette consommation n’apporte pas le moindre denier au
fisc marocain. Pour les autorités marocaines, les recettes fiscales du pays seraient
lourdement affectées par le marché de la contrebande des cigarettes. Ce circuit
illégal de distribution fait perdre à l’Etat pas moins de 3,3 MMDH par an. Mais les dégâts de ce marché parallèle
affectent aussi les débitants de tabac qui connaissent annuellement une perte de
revenus estimée à 153 millions DH. Pour exemple, il faut citer le cas du
phénomène de la marque de cigarettes «American Legend», qui est non seulement non référencée au Bulletin Officiel dans
la liste des produits autorisés à la vente sur le territoire marocain, mais qui
est également extrêmement nocive
pour la santé des consommateurs. Pourtant, selon les autorités marocaines, elle «représente plus de 34%
des volumes vendus sur le marché de la contrebande». Ce qui revient à plus de 1,2 milliard de cigarettes
«American Legend» vendues chaque année sur le marché parallèle. Pire,
l’expansion de ce marché noir de la cigarette affecte également les
travailleurs marocains qui produisent du tabac. Selon un communiqué de Imperial Tobacco Maroc, «cette
activité fait vivre plus de 3000 planteurs.» qui souffrent aujourd’hui d’une
demande en baisse, à cause d’un marché inondé par des produits de contrebande vendues à des prix très bas.
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