vendredi 27 décembre 2013

Et dire que le Maroc voulait organiser la Coupe du Monde



Des fois, il vaut mieux, par égard pour les Marocains et pour la communauté internationale, ne pas trop s’agiter prétendant que le Maroc est capable d’organiser la coupe du monde de football. On l’avait bien vu à chaque fois que le pays a voulu entreprendre une telle affaire, l’échec a été cuisant. En cause, non pas la volonté des responsables et du peuple d’abriter une telle fête sportive, mais le manque de sérieux des dossiers marocains. Ceci on le sait, pourtant rien n’a été fait depuis 20 ans pour redresser les torts et se doter d’infrastructures dignes de ce nom pour que le Mondial devienne une réalité marocaine.
Pourquoi un tel préambule ? C’est simple, des images circulent sur le Net et les chaines internationales présentant les matches et les séances d’entrainements des clubs lors de la Coupe du Monde des clubs abrité par le Maroc, à Agadir et Marrakech. Pour les séances de préparation du Bayern de Munich à Agadir, le stade jouxtait un terrain vague, des bâtisses en briques derrière, comme s’il s’agissait d’un terrain de quartier abandonné à son sort. Le Maroc peut très se passer de ce type de publicité à contre emploi où l’on étale toute l’indigence de nos infrastructure aux yeux du monde. Je n’ai rien contre de telles images, on les côtoie au quotidien partout dans le pays, mais de là à vouloir organiser une coupe du monde, il y a beaucoup de chemin, que le pays n’a pas encore parcouru. D’où ma première idée de ne pas prendre les Marocains pour des cons et de leur faire miroiter de faux rêves qui tournent vite au cauchemar.
Recevoir six clubs pour une petite coupe, c’est une chose. En recevoir trente deux, avec des millions de supporters, c’est une autre paire de manche dont le Maroc est aujourd’hui incapable. Et on ne va pas nous sortir cet argument fallacieux comme quoi on a déjà construit un stade à Marrakech, un autre à Tanger, un troisième à Fès et un quatrième à Agadir.  Et avec quelles routes on va relier ces stades. Et quels seraient les camps de concentration des équipes nationales ? Et les hôpitaux dignes de ce nom, les hôtels, les moyens de transports… etc ?
Dans vingt ans, peut-être, avec un peu de chance, on pourrait accueillir la coupe du monde. Mais d’ici là, il faut arrêter de s’agiter et se mettre au boulot. Il faut construire une bonne dizaine de stades avec tout ce qui s’en suit comme annexes et aménagements secondaires. Il faut investir dans les routes, les voies ferrées, les centres de soins, des hôtels et des villages sportifs de haut niveau. De toutes les manières, il faut bien s’y atteler, coupe du monde ou pas, si cela marche, tant mieux. Si on  a pas le coupe, restent les infrastructures.

Bon à savoir: La Fibromyalgie n’est pas psychosomatique


Contrairement à ce qui est était admis dans les milieux scientifiques, la fibromyalgie n’est pas une maladie seulement psychosomatique. Pour plusieurs chercheurs, c’est même une véritable pathologie qu’il faut prendre très au sérieux. D’ailleurs la question fait la Une de la revue de l’Académie américaine de la douleur, accompagnée d’un éditorial du Professeur Robert Gerwin, de l’Ecole de médecine John Hopkins  à Baltimore. En efeft, ce sont là les travaux d’une équipe de chercheurs d’Albany, aux Etats-Unis, dirigée par les  Dr. Frank Rice Phillip Albrecht, qui a mis le doigt sur  certains changements de l’organisme humain qui seraient responsables de la fibromyalgie. Les médecins pensent que  quand  la   température du corps chute (hypothermie) ou qu’elle grimpe (hyperthermie), l’organisme est équipé  d’un thermostat, l’hypothalamus qui nous évite des désagréments plus ou moins graves. Et quand nous utilisons nos muscles, c’est un autre thermostat appelé shunt arterio-veineux qui entre en jeu pour garder notre température stable.  Mais selon les chercheurs d’Albany, c’est un dysfonctionnement de ce shunt atério-veineux qui serait responsable des douleurs de la fibromyalgie. « Lorsque ce shunt est défectueux, les muscles et les tissus de la peau ne peuvent pas être nourris correctement et leurs déchets ne peuvent pas être évacués. Il en résulte une accumulation d'acide lactique dans les muscles et le tissu profond qui affecte le système musculaire et provoque les douleurs qui voyagent d’une partie à l’autre du corps » expliquent les médecins. « Ce dysfonctionnement du shunt envoie également des messages erronés à notre système nerveux central et les nerfs hypersensibilisés envoient à leur tour des signaux de douleur ». Cette découverte devrait enfin ouvrir la voie aux recherches sur le traitement de la douleur de la fibromyalgie, une maladie qui touche de plus en plus de femmes. 

2013, une année à oublier… à quelques exception près



Quelle drôle d’année. 2013 aura cristallisé tous les maux de la société marocaine. Crise économique sans fin, vide politique avec le départ des ministres istiqlaliens du gouvernement, élimination de la Coupe du Monde, une CAN ratée et tant d’autres travers qui ont secoué l’actualité du pays en douze  longs et interminables mois.
Bref les Marocains ont dû faire contre mauvaise fortune, un cœur d’acier pour ne pas  tomber raides  à cause d’un infarctus inattendu, foudroyés par le manque, l’invisibilité, le désespoir et la frustration.
La morosité ambiante a gagné beaucoup de terrain durant cette triste année. Partout, on se lamente. Le fric, nerf de la guerre, manque cruellement. Enfin, il manque aux pauvres, qui sont devenus encore plus nécessiteux. Quant aux riches, ils ont serré la ceinture, levé le pied des affaires pour voir de quoi il en retourne. On ne sait jamais, des fois que la crise s’éternise, mieux vaut ne pas trop se découvrir. C’est que chez les gens fortunés, il y a une ligne de conduite infaillible : quand le climat est au beau fixe, on fait des emplettes. Quand les intempéries menacent, on se terre… « Wait and See », disait un économiste anglais dont j’ai égaré le nom.
Un ami qui travaille dans un tribunal m’a même dit qu’en 2013, il a vu de nombreux couples divorcer. Encore des dégâts collatéraux de la crise et du manque de pognon. Car là aussi, il ne faut pas se leurrer, en mariage comme en tout du reste, tant qu’il y a de l’oseille, ça va. Quand les billets viennent à manquer,  ta femme peut te quitter ou alors c’est toi-même qui comprends qu’il faut que tu partes. Ce qui revient au même.
D’autres personnes ont décidé de quitter le pays. Ils ont dû penser qu’ailleurs, les choses vont aller mieux. Pa du tout. C’est même pire ailleurs. Les immigrés  en savent quelque chose, eux qui ont souffert durant plus d cinq ans dans une Europe aux abois. Là encore un mai, économiste, cette fois, m’a dit que seuls les riches peuvent changer d’air facilement en allant bronzer sous d’autres cieux. Crise ou pas, quand on a des thunes, on grille la vie par les deux bouts. C’est même, selon une étude américaine, une bonne thérapie pour faire passer le temps… de la crise. 
Quoi qu’il en soit, ici au Maroc, on en a bavé, cette année. On a tellement tiré la langue qu’on n’a fini déshydratés. Certains ont trouvé le salut dans des lubrifiants mondains, histoire de se réhydrater. D’autres ont tenu bon. Là, je ne sais pas comment, mais beaucoup de Marocains, presque la majorité écrasante, n’a même pas dit «aïïe ». Rien. On a mal, on accuse le coup, on serre le ventre, on crie à l’intérieur et on attend que Dieu nous vienne en aide. C’est peut-être là la meilleure thérapie : s’en remettre à Dieu à défaut   de compter sur les humains. Amen.






« Le regard et l'écrit »
de V.S. Naipaul



Sir Vidiadhar Surajprasad Naipaul, Booker Prize en 1971, Prix Nobel de littérature en 2001, signe un ouvrage clé sur l’écriture et la pensée.



On s’en souvient dans « A la courbe du fleuve », Vidiadhar Surajprasad Naipaul écrivait «Le monde est ce qu’il est ; ceux qui ne sont rien ou ne cherchent pas à devenir quelqu’un n’y ont pas leur place». Lui, le grand écrivain, est devenu Sir et livre des écrits qui restent pour la postérité. Cet homme né dans les  Caraïbes, à Trinidad-et-Tobago en 1932, d’origine indoue, charrie dans son sillage plusieurs affluents culturels, comme un long fleuve puissant et serein. C’est cette impression de profondeur et de force qui se dégage de ce dernier ouvrage édité chez Grasset : «Le regard et l’écrit». On y trouve de tout : impressions indienne et anglaise, l’enfance, l’âge adulte, l’actualité du monde, l‘écriture et la volonté de dépassement par la compréhension de ce monde où l’on vit. On apprend alors que la vie se joue d’abord devant soi, sur un bout de trottoir, dans les ruelles sombres avant qu’elle ne soit peaufinée dans les écrits. La vie se lit aussi sur les visages des déshérités de la terre, les pauvres, les déchus, ceux qui n’ont jamais rien, mais qui s’accrochent à tout. Ce livre est une leçon modeste de vie, sans prétention aucune.  C’est un regard par les mots sur le monde, la vie, le bonheur, les illusions et les rêves.
Né en 1932 à Trinité-et-Tobago, dans les Caraïbes, mais descendant d’immigrés indiens, Vidiadhar Surajprasad Naipaul est l’un des plus grands écrivains de langue anglaise, couronné d’abord par le Booker Prize en 1971 puis par le Prix Nobel en 2001. Il vit en Angleterre, retiré dans son cottage du Wiltshire.




Editions Grasset.  




« Vivre à présent » de Nadine Gordimer: 
 Au nom de tous les miens


La prix Nobel de littérature, la Sud-africaine Nadine Gordimer publie un nouveau roman, très actuel. Toujours une histoire d’amour et  de sentiments pour cette amoureuse de la vie.




C’est le récit d’un amour pas comme les autres. Dans une terre qui ne ressemble pas aux autres. C’est un couple métissé. C’est l’histoire de Steve, blanc, mi-juif mi-chrétien et Jabulile, femme zoulou. Nous sommes de plain-pied dans l’Afrique du Sud, post-Apartheid. Les deux amoureux sont de fervents  militants contre la ségrégation raciale. Ce sont deux passionnés de la vie. Ces deux vétérans de la lutte contre l’apartheid, appartenaient à la fameuse l’Umkhonto, le bras armé de l’ANC. Leur mariage défiait déjà les lois et les interdits, comme un pied de nez au destin dicté par les blancs, dans une terre de noirs. C’est en somme le propos du dernier roman de Nadine Gordimer, prix Nobel de littérature en 1991.
Le récit suit le parcours de ce couple qui finit par élire domicile à
 Johannesburg, en 1994. C’est là, dans la fournaise d’une ville toujours sous tension, qu’ils vont rencontrer d’autres amis de l’ANC. C’est là qu’ils vont faire la connaissance de voisins homosexuels, qui voient désormais la vie différemment étant débarrassés des préjugés d’alors. Steve est chimiste. Son travail était aussi au service de la révolte contre les racistes.
Jabulile, elle, a vécu les affres de l’incarcération et des coups sur le corps, qu’elle vit toujours comme des stigmates d’un passé à jamais inscrit sur sa peau.

 Perdition

 Si tous les opprimés savaient à quoi s’en tenir du temps de l’Aparthied, aujourd’hui tout est biaisé. Les donnes sont faussées. Comment prétendre aujourd’hui tourner une page aussi noire et mener une vie normale dans cette société intégrée, après toutes ces années de combats et clandestinité ? C’est le propos de Nadine Gordimer, qui livre une histoire très actuelle sur une Afrique du Sud, toujours prisonnière de siècles de barbarie et de clichés. Cette nouvelle vie n’est pas du tout ce que l’on croit. Quand on gratte le vernis, on découvre d’autres facettes, horribles. C’est ce jeu de pistes pour lever le voile sur certaines réalités qui donne toute sa force à un roman juste et humain.


Nadine Gordimer est une écrivaine sud-africaine, prix Nobel de littérature en 1991. Si elle a grandi dans l’environnement privilégié de la communauté anglophone blanche, elle n’en est pas moins restée sensible aux inégalités raciales et aux problèmes sociopolitiques de son pays. Elle choisit d’ailleurs de s’engager contre le système de l’apartheid par le biais de l’écriture, et encore aujourd’hui, ses livres ont valeur de témoignage historique. Chacun de ses romans est une déclaration d’amour à son pays, qu’elle n’a jamais quitté et pour lequel elle continue de jouer un rôle important.

Editions Grasset. 280 dhs. 

vendredi 20 décembre 2013

Noureddine Chater expose chez Matisse


Le peintre marocain Noureddine Chater expose ses derniers travaux à la galerie Matisse de Marrakech. Une exposition qui voit aussi la participation du peintre Noureddine  Daifallah. L’exposition se tient du 21 décembre 2013 au 19 Janvier 2014. C’est là un rendez-vous importants pour les amoureux de la calligraphie marocaine qui vont ici trouver deux expressions de cet art très puissant qu’est le trait couplé au mot. On retrouve encore une fois les travaux de Noureddine Chater, un jeune peintre, qui a une réelle vision de son travail.  



Pour ceux qui connaissent les œuvres de Noureddine Chater, on voit bien qu’il a cette capacité de rendre les deux aspects de son travail, autant les formes liées aux courbes de l’écriture que les couleurs qu’il choisit en fonction de son sujet, à la fois complémentaires, mais parfois en parfait dissonances pour marquer le chaos, l’incertitude ou encore l’indéfini. Pour le peintre, il ne s’agit pas d’aligner des jets de coloris pour remplir un espace, le rendre touffu et partant impénétrable à la compréhension de celui qui le regarde. Aucun trait n’est ici un hasard. Mais une volonté certaine d’écrire et de raconter une histoire. Normal pour un peintre qui déjà à 19 ans, a obtenu le Prix de «la Jeune Peinture » de la ville de Leidz, en Tchécoslovaquie. Depuis cette première distinction, Noureddine Chater participe à de nombreuses expositions de renom. On a exposé  ses travaux en France, au Portugal, en Allemagne, au Sénégal et au Maroc. Son travail est couronné en 2006 par sa nomination en tant que lauréat du concours «Le Maroc Avenir», organisé par la Fondation de la Caisse de Dépôt et de Gestion à l’occasion du 50ème anniversaire de l’indépendance du Maroc.


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Les Marocains souffrent des difficultés d’accès aux soins: Grand corps malade


Tous les voyants sont au rouge au niveau de la santé au Maroc. Des médicaments trop chers, difficultés d’accès aux soins,  manque de médecins, anarchie, corruption et déficit d’éthique de la part de certains praticiens, le pays a mal à sa santé.

La santé est la cinquième roue du carrosse au Maroc.  Ce n’est un secret pour personne. Aujourd’hui les rapports se suivent et versent tous dans la même direction. Dernier en date, celui du Conseil économique, social et environnemental (CESE), rendu public à la mi-décembre 2013,  qui fait un diagnostic sans compromis sur l’état de santé des Marocains et leur calvaire quotidien pour se faire soigner. Le CESE a mis le doigt là où cela fait très mal pour dénoncer les fortes inégalités dans l’accès aux soins et la centralisation du secteur de la santé qui nuit beaucoup aux Marocains. Le tout couplé au manque de moyens humains et matériels, la cherté des soins, la corruption, l’absence de coordination entre le public et le privé et un état d’anarchie qui prend de plus en plus d’ampleur, surtout dans les urgences.
Situation catastrophique
D’abord le déficit humain et matériel. Le ministre de la santé, El Hossein El Ouardi, lui-même, a affirmé devant le Parlement que le Maroc souffre d’une pénurie en personnel, qui tourne autour de 7.000 médecins et 9.000 infirmiers. Ce  manque touche tous les établissements hospitaliers, reconnaît le ministre de la santé.  En effet, le Maroc ne compte que 6 médecins pour 10.0000 habitants, alors que le standard de l’OMS est fixé à 1médecin pour 650 habitants. Le ministre assure que le gouvernement a lancé un programme de formation pour 3.300 nouveaux médecins chaque année. Un plan qui date déjà de quelques années, sans grand résultat, mais qui, selon le ministre de la santé, se poursuit  pour permettre au Maroc d’avoir 10 médecins pour 10.000 habitants d’ici 2020.

La deuxième plaie de  la santé au Maroc demeure encore et toujours ses urgences. D’après les statistiques du ministère de la santé plus de 4,7 millions de patients ont été admis aux urgences en  2012. Ce qui nous donne une hausse de 13 % en comparaison avec 2011.  Mais les critiques fusent de toutes parts pour lever le voile sur une série de dysfonctionnements qui gangrène ce secteur vital de la santé pour les Marocains. La situation est telle que des médecins eux-mêmes déconseillent aux populations de ce rendre dans ces lieux devenus « dangereux pour la santé des citoyens». Des structures figées depuis de nombreuses décennies, les centres d’urgence au Maroc n sont dans l’incapacité d’assurer des soins urgents à des malades  ou des accidentés en détresse. Tout le corps médical sérieux est d’accord là-dessus. Toute assertion contraire est apparentée «à du mensonge», comme l’assène de nombreux professionnels de la santé.
 Rural oublié
L’autre point noir de la santé est celui lié au monde rural. Là, les disparités sont nombreuses. Selon Hakima Himmich, membre de la commission des affaires sociales du CESE, les médecins rechignent à travailler dans les zones rurales. Pourtant, les chiffres officiels nous montrent que 70% des 2 500 centres de santé sont concentrés dans le milieu rural. Pourtant, ils sont inefficaces parce qu’ile manquent de médecins, d’infirmiers et de moyens matériel dignes de ce nom. Il faut savoir que 24% de la population marocaine accèdent difficilement aux soins et vivent à plus de 10 km d’un centre de santé. Cette situation entraine inévitablement une forte mortalité maternelle et infantile dans certaines zones. A ce niveau le CESE attire l’attention sur le problème de l’avortement qui a besoin d’un débat national urgent puisque les chiffres officiels font état de  en 2012 près de 50 000 adolescentes qui ont accouché.
Public-privé
Il faut aussi se pencher sur les inégalités entre secteurs public et privé. Pour les spécialistes, le manque de coordination entre les deux services pénalise lourdement la santé au Maroc. On le sait, le privé emploie 50% des médecins, 90% des pharmaciens en plus de 10% des infirmiers. Pourtant, c’est le secteur public qui prédomine dans « l’organisation de l’offre des soins de santé de base », comme le soulignent les responsables du CESE.  Une concertation avec le public semble donc nécessaire pour l’amélioration des soins. Un dysfonctionnement qui a conduit à la fermeture de quelque 143 de centres de soins publics alors que d’autres centres sont très peu fréquentés.
Reste la cherté des médicaments. C’est là où se concentre le plus grand décalage entre revenus de la majorité des Marocains et les dépenses médicales. 53% des dépenses de santé sont supportées par les ménages. Il y a eu des gestes pour baisser les prix de certains médicaments, mais ce n’est pas du tout suffisant.  Pour les maladies les plus graves, cardiovasculaires, maladies rénales, diabète et autres cancers, mieux vaut être riche pour se faire soigner. Sinon, les pauvres, qui sont la majorité des Marocains, peuvent bien mourir en attendant des soins hypothétiques.
  

Exposition de Farid Belkahia: « Dans l’atelier de l’artiste »


Evénement :  La galerie d’art L’Atelier 21 présente une exposition de Farid Belkahia, du 10 décembre 2013 au 20 janvier 2014. Une exposition qui veut reconstituer l’atelier de l’artiste à l’intérieur des murs de la galerie. Une belle première.





Farid Belkahia est à coup sûr un nom qui sonne fort dans les annales des arts plastiques marocains. Il fait partie des pionniers et son parcours témoigne d’un travail en profondeur sur de nombreux sujets, à travers de nombreuses périodes picturales. Cette exposition proposée par la galerie d’Art l’atelier 21 constitue un défi tant pour l’artiste que pour les galeristes Aicha Amor et Aziz Daki. En effet, il est ici question de créer une nouvelle approche en termes d’exhibition artistique. Le concept est original et offre un regard autre sur le travail de l’un des plasticiens majeur du Maroc. Pour revenir sur 60 ans de travail assidu et sans interruption, il est clair que l’on n’allait pas se  contenter juste d’accrocher des tableaux aux murs et convier des aficionados. Non, l’équipe de l’Atelier 21 a mis en place une idée novatrice à la hauteur de l’événement. Il a fallu reconstituer l’atelier de l’artiste, sans en faire une pâle copie. L’idée est de rendre cette atmosphère qui préside au travail, là où les oeuvres naissent, se tordent, se plient aux exigences du temps, se mettent à l’abri, au repos, là où elles sont constamment reprises jusqu’au moment où elles n’appartiennent plus à celui qui leur a donné corps, mais à celui qui regarde.

Dans l’histoire

Et quand on a accumulé les travaux pendant plusieurs décennies, la tâche est ardue. Mais le pari pris par la galerie a rendu un bel hommage à un artiste atypique.  D’ailleurs, la réalisation de ce projet a été confiée à l’architecte et scénographe, Philippe Delis, qui a réussi à reconstituer l’environnement dans lequel Farid Belkahia évolue. Evidemment, les deux espaces sont très éloignés l’un de l’autre. Le but n’étant pas de reproduire mais de recréer une ambiance, un certain regard. D’autant plus que certains des œuvres exposées ont quitté pour la première fois l’atelier marrakchi de Farid Belkahia pour élire domicile, le temps d’une exposition, à Casablanca.
En somme c’est là une belle leçon de la part d’un artiste hors pair et d’une galerie dont le professionnalisme est indiscutable. Le vernissage a d’ailleurs été l’un des plus beaux et des plus réussis de ces dernières années avec des invités de marques et de grandes figures comme Jack Lang, président de l’Institut du Monde Arabe de Paris, ami et grand connaisseur des travaux de Farid Belkahia.

 Un parcours de maître

Farid Belkahia est né le 15 novembre 1934 à Marrakech. Il a fait ses études à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris de 1955 à 1959. Il a ensuite été formé, de 1959 à 1962, à l’art de la scénographie dans l’institut de théâtre de Prague. En 1965-66, il perfectionne son apprentissage à l’Académie Brera de Milan. De retour au Maroc, Farid Belkahia a occupé le poste de directeur de l’Ecole des Beaux-Arts de Casablanca de 1962 à 1974. Après une période de peinture expressionniste, Farid Belkahia a orienté son art vers des schémas plus géométriques et a diversifié les supports de sa peinture. Après une longue période de cuivre de 1962 à 1974, il s’est intéressé à la peau teintée avec des pigments naturels, tels que le henné ou l’écorce de grenade, entre autres. Ses œuvres, teintes sur peau, sont essentielles dans l’histoire de la peinture au Maroc. Farid Belkahia est considéré aujourd’hui comme l’une des grandes figures des arts plastiques en Afrique et dans le monde arabe. Le prestigieux musée national d’art moderne (Paris), dit musée du Centre Pompidou, vient d’acquérir une des œuvres de l’artiste qui a été révélée au public dans l’exposition « Modernités plurielles » qui se poursuit jusqu’au 26 janvier 2014 à Paris.

Du 10 décembre 2013 au 20 janvier 2014

Action humanitaire Lalla Essaydi fait don d’une de ses oeuvres





L'artiste photographe  Lalla Essaydi a répondu à l'appel à solidarité pour sortir le couple Mi Fatouma et Ba Mahjoub de la situation désastreuse dans laquelle ils se trouvent à Marrakech. La plasticienne marocaine qui vit aux Etats Unis d’Amérique a fait don d’une toile estimée à plus de 100 000 dhs pour venir en aide à ces deux vieilles personnes livrées à elles-mêmes et vivant depuis de longues années dans des conditions inhumaines. Une mobilisation plus grande a suivi ce geste de la photographe mondialement connue. D’autres artistes, des médecins et des responsables politiques  se sont mobilisés pour venir en aide à ce vieux couple. C’est là une action humanitaire importante qui doit susciter d’autres gestes généreux pour sauver d’autres vies et surtout des personnes dans des situations précaires, oubliées par les autorités. D’ailleurs, de nombreuses fois, des artistes marocains, qui ne roulent pas sur l’or, ont fait montre de grande générosité en participant à des ventes caritatives pour des soins pour enfants et d’autres actions humaines.

« Danse dans la poussière rouge » de Murong Xuecun: Chroniques d’une justice corrompue


L’écrivain chinois Murong Xuecun signe un roman profond sur la corruption dans les milieux judiciaires en Chine. Un livre référence sur une société que l’on connaît peu.




Il n’est pas aisé de pénétrer dans les soubassements des couloirs de la justice. Surtout pas en Chine où les compartimentations entre services semblent avoir été érigées en bouclier pour ne jamais rien comprendre. Encore moins voir. Pourtant c’est ce qu’a tenté Murong Xuecun dans Danse dans la poussière rouge. Et il a réussi son pari de révéler les rouages d’un rouleau compresseur nommé justice où la corruption gangrène tous les étages des affaires du plus banal  au plus corsé. Murong Xuecun nous raconte ici les pérégrinations d’un avocat qui a décidé de se lancer pieds et mains liés dans l’enfer de la corruption tous azimuts pour faire fortune. Rien ne lui résiste.  Il ne recule devant rien, non plus. Ni morale, ni décence, ni serments ne peuvent faire face à sa convoitise. Parue en 2008, cette histoire revient sur la vie tourmentée de Wei Da. C’est un simple campagnard, issu du milieu rural, qui a pu devenir juriste en distribuant des pots de vin à tout va. Pour Murong Xuecun, la poussière rouge dont il est ici question, terrain d d’une danse bizarre qui ne dit pas son nom, est le symbole de ce monde rempli de mal, où les gens peuvent se déchirer pour avoir  ce que l’autre a dans les mains. Un monde cruel. Un monde sons lois. Sans pitié. Un monde pire qu’une jungle. Car, à parcourir ces pages, la justice et ces corollaires paraît comme une hydre dont les membres se multiplient sans cesse pour broyer des hommes.
  Monde à la dérive
Pour ce jeune juriste, pourtant né durant la Révolution culturelle, le monde devrait se couvrir d’une fine poussière blanche, presque imperceptible. Mais tout se colore de rouge. Couleur de sang. Couleur de l’infamie, dans un monde sans sentiments. Rien de manichéen dans cette fable. Il n’est pas non plus question de bons sentiments pour dénoncer des gens mauvais, animés par la cupidité. Mais juste une histoire bien ficelée pour lever le voile sur des pratiques humaines où il ne subsiste rien d’humain. Cette descente aux enfers montrent à quel point l’être humain peut devenir vil. Il est capable du pire et de l’inimaginable pour arriver à ses fins. Ici le personnage principal est allé si loin qu’elle a pensé tuer une petite amie devenue gênante. Entre cynisme et cruauté, Danse dans la poussière rouge est l’un des romans les plus puissants de cette dernière décennie en Chine. Un livre actuel et sans compromis.
  
Collection Bleu de Chine, Gallimard.  

jeudi 19 décembre 2013

« CASA-PANDOR » Une exposition de Carole Schoettel


Elève du grand peintre Constantin Nepo, Carole Schoettel vit et travaille à Casablanca. Après des études d’arts appliqués à Paris, et aux Beaux-Arts de Casablanca, elle participe à des oeuvres monumentales sous la direction de Nepo à Tanger et à Marrakech.  Son style est inspiré à la fois d’influences andalouses, tziganes et marocaines, mais il ne se départit jamais d’un grand classicisme sur le plan technique. Ceci se traduit chez Carole Schoettel par une exigence sans compromis sur le plan des couleurs, de la construction de ses toiles.  Après une expérience de trois années en Afrique de l’ouest, au cours desquelles elle approfondira sa technique du portrait au pastel, elle revient au Maroc en 2011 et retrouve avec bonheur des influences tantôt orientalistes, tantôt urbaines et contemporaines, notamment lorsqu’elle saisit l’essence de l’atmosphère des scènes de vie à Casablanca.




Elle traverse ces multiples univers avec comme unique fil rouge une sensibilité et une sensualité qui confèrent à ses oeuvres une finesse reconnaissable au premier regard.  Plus récemment, elle explore l’hyper-réalisme avec une nouvelle approche de la lumière, comme si le monde de Carole Schoettel était vécu à travers les vitres d’une boîte sans fond.
Du 11 décembre 2013 au 4 janvier 2014

« Bad Boy » d’Abdelkader Ben Ali Le coup de poing mène à tout


Roman : “Bad Boy” est le titre du dernier roman de l’écrivain maroco-néerlandais Abdelkader Benali. C’est une histoire inspirée du parcours et de la vie du champion du monde de kick-boxing, le maroco-néerlandais Badr Hari.



Bad Boy était l’un des surnoms de ce champion d’origine marocaine, hors normes. Badr Hari était une bête des rings. Un corps noueux, un mental d’acier et une détermination à toutes épreuves. Dans Bad Boy, Abdelkader Ben Ali nous livre l’histoire d’Amir Salem. C’est un jeune issu des bas fonds d’Amsterdam. Très vite, Ilva gravir les échelons. A vingt ans, il devient une star du sport mondial. Mais celui quia marqué de fer rouge l’histoire de la boxe dans le monde voit la vie lui réserver d’autres surprises.  «Au moment où je m’apprêtais à écrire un roman sur la vie d’un jeune maroco-Néerlandais, je découvre Badr Hari lors d’une émission phare de la télévision marocaine et cela m’a inspiré », nous apprend Abdelkader Ben Ali. Il y a à la fois de la fascination, de l’admiration et une curiosité d’écrivain pour aller au bout de ce personnage très atypique. «J’étais fasciné par la personnalité de ce champion, issu d’une simple famille d’immigrés, qui s’est avéré être plus qu’un sportif hors pair : un bon orateur, un charmeur et un homme de caractère ». En effet, quoi de plus fort que la vie d’une icône des rings qui devient aussi un exemple à suivre pour d’autres raisons, en dehors des combats sportifs. Mais pour des causes sociales et humaines plus nobles. Pour Abdelkader Ben Ali, le parcours de Badr Hari, de son vrai nom Badr El Houari,  n’est qu’un prétexte narratif pour faire la lumière sur des thèmes de grande actualité, notamment l’immigration et l’intégration des Marocains résidant à l’étranger dans leurs sociétés d’accueil.
L’histoire d’un dur
Pour l’histoire, il faut souligner ici que Badr Hari est né en 1984 à Amsterdam. Celui que l’on a connu surtout pour le surnom de «Golden boy », est un ancien champion poids lourd de K-1. En 2007, il devient le premier champion des poids lourds (-100 kg) en K-1 après avoir vaincu le Russe Ruslan Karaev et en finale le Japonais Yusuke Fujimoto par KO au premier round. Il est arrivé en finale du tournoi K-1 World Grand Prix Final en 2008 et 2009. Mais le destin bascule un jour quand il est arrêté en 2011 et poursuivi en justice pour plusieurs agressions et délits. En attendant un verdict dans cette sombre histoire, Abdelkader Ben Ali, le natif de 1975, revient sur cette vie et tente de faire la lumière sur plusieurs zones d’ombre. Dans la lignée de son premier roman, «Noces en mer », paru en 1996, l’écrivain marocain travaille sur les différences entre la première et la deuxième génération des Marocains résidant aux Pays-Bas.  

Les retombées du festival international du film de Marrakech: Quand la culture devient levier économique


Depuis 2001, le festival international du film de Marrakech (FIFM) a su s’imposer comme un événement majeur de la scène culturel marocaine. En 13 ans, il a aussi participé à faire rayonner l’image du Maroc dans le monde.





Avec Cannes, Venise et Berlin, Marrakech est aujourd'hui l'une des capitales mondiales du 7ème art. Il est aujourd’hui évident que le festival international du film de Marrakech est devenu au fil des ans, l'un des rendez-vous cinématographiques les plus prestigieux dans le monde. De grands noms, de grande figures, des cinéastes de génie, des acteurs et actrices parmi les plus reconnues de leur époque, avec toujours une grande sélection de films, tournée vers un cinéma profond, juste et novateur.
Cette année, ce sont pas moins de 23 nationalités différentes qui sont présentes à Marrakech. Plus de 130 films, une délégation scandinave pour l'hommage aux lumières du Nord avec plus de 40 noms entre réalisateurs, acteurs, actrices, producteurs et scénaristes. A leur tête des noms comme Nicolas Winding Refn, Mads Mikkelsen ou encore la sublime Noomi Rapace. Après les cinémas indien, mexicain, coréen, chinois, français et britannique, voilà que la Norvège, la Suède, le Danemark, la Finlande et 'l’Islande s'offrent au public cinéphile.

Cultures du monde

Depuis la première édition, en 2001, le festival du film de Marrakech s'est bâti autour de l'idée du partage et de l'ouverture vers toutes les culture et toutes les cinématographies. Un voeu royal, née d'une vision pour faire du Maroc l'un des pays du Sud, un pays arabe, qui s'ouvre aux autres et qui reçoit la beauté des différentes cultures dans un esprit de partage universel. Comme l'a dit, Martin Scorsese, le vendredi 29 novembre 2013,  lors de la cérémonie d'ouverture du festival de Marrakech, le Maroc est une terre bénie, un pays d'accueil, ouvert sur le monde. Un pays de paix où l'art tient une place de choix avec un festival de renommée mondiale. Ces paroles ont trouvé écho chez Sharon Stone, à qui le Festival a rendu hommage cette année. Pour la grande icône américaine, il est rare aujourd'hui de trouver un autre pays arabe avec autant d'atouts, d'attraits, de stabilité à tous les niveaux pour l'essor des arts et des cultures.

Proximité du peuple

Marrakech est certes une ville mondialement connue, depuis des siècles. Elle est aujourd'hui l'écrin parfait pour un grand spectacle où les stars côtoient le peuple. Cette proximité est unique. Elle est le fruit de la confiance et de l'amour que vouent les grands noms à leurs publics marocains et de ce public mature qui sait rendre cet élan avec sérénité et un grand sens de la responsabilité.
Comme l'a souligné la grande actrice Juliette Binoche, qui a reçu un hommage vibrant le samedi 30 novembre 2013 au Palais des Congrès, le Maroc est un pays incroyable. Celle qui a tourné dans le monde entier et dont son dernier film a été en partie filmé à Ouarzazate, s'est dit appartenir à cette terre, son père et son grand père ayant vécu au Maroc. Pour elle, la réputation dont jouit le royaume à l'étranger est sans faille. Le bouche à oreille fonctionne tellement que de très nombreuses figures attendent le moment de venir au Maroc pour découvrir ce dont leurs amis leur ont parlé.
Tout le monde s'accorde à dire qu'avec le festival du film de Marrakech le pays a su se placer comme l'une des destinations artistiques les plus courues depuis que des figures comme Oliver Stone, Francis Ford Coppola, David Lynch, Leonardo Di Caprio, Harvey Keitel, Nuri Bilge Ceylan, Abel Ferrara, Jim Jarmush, Forest Whitaker, James Gray et tant d'autres ont témoigné de leur amour pour cette terre.

Home Sweet Home
Encore une fois, il faut prendre pour exemple, le mot de Martin Scorsese à l'ouverture cette année, disant qu'il était heureux "de rentrer à la maison". Se sentir chez soi dans un autre pays est le signe infaillible de l'impact qu'a le Maroc partout dans le monde. Ce rayonnement du festival est aujourd'hui  senti comme un atout politique et économique de premier ordre.
Si Marrakech change et se transfigure le temps d'un festival de dix jours, avec toutes les télévisions du monde qui filment, interrogent, recueillent des témoignages et immortalisent des paysages à couper le souffle, c'est tout le Maroc, avec tous les Marocains, qui sont vus dans le monde, comme un pays et un peuple d'amour et de générosité.

Les chaines de télévision ont diffusé depuis le début de ce festival jusqu'à ce jour des centaines de documentaires sur le Maroc. Ses atouts, ses rivages, son histoire, ses gens, leurs coutumes  et traditions, leur culture dans  ses multiples variations…  C'est mieux que toutes les campagnes publicitaires du monde. Il a suffi d'une idée de génie pour lancer un défi, qui en treize ans, est devenu, l'image même du pays: quand le cinéma épouse les reliefs d'une pays, la magie opère. Et Marrakech est aujourd'hui, une étoile parmi les plus belles dans le firmament des Arts  et des Cultures.

« Ici & maintenant » Correspondance entre Paul Auster et J.M. Coetzee (2008-2011)


Deux grands écrivains, Peul Auster l’Américain et J. M. Coetzee, le Sud-Africain, échangent des points de vue sur le monde, l’écriture et l’art. Instructif.




Ce livre est l’histoire d’une amitié qui naît. C’est aussi le récit d’une relation entre deux écrivains qui jouissent d’une grande estime dans le monde. Si J.M. Coetzee a déjà été honoré par le Nobel, Paul Auster ne saurait tarder tant son œuvre est actuelle et profonde.  C’est donc  une rencontre qui préside à cet ouvrage épistolaire entre deux sensibilités différentes mais qui se rejoignent dans l’essentiel.  En effet, c’est en Australie, lors du Festival d’Adélaïde de 2008, que Paul Auster et J. M. Coetzee font connaissance. Autant dire deux grandes figures de l’écriture moderne qui se découvrent. De cet échange naît la volonté de donner corps à une série de correspondances pour approcher le monde tel qu’il est, partager des analyses, des commentaires et surtout une vision sans compromis sur le métier d’écrivain et sa signification aujourd’hui. Coetzee a pour outil de travail l’e-mail, Auster, lui, est encore un fervent adepte du fax. La coupure technologique n’entame en rien cet attrait de l’un vers l’autre à travers deux littératures qui font partie de ce qui s’écrit de mieux de nos jours. Entre anecdotes, faits sérieux, actualité du monde, Auster et Coetzee nous aide à voir le monde autrement, avec plus de filtre et moins de clichés.


Editions Actes Sud.  

« Etre arabe », Entretiens avec Christophe Kantcheff De Farouk Mardam Bey, Elias Sanbar et Christophe Kantcheff


Trois auteurs combinent leurs travaux pour donner corps à un ouvrage important pour comprendre ce qu’est d’être Arabe. Etre arabe, un ouvrage référence pour démêler le vrai du faux sur un sujet très complexe.





Ce sont d’abord des questionnements qui fusent dans ce livre signés par trois auteurs sous forme d’entretiens.  Nous sommes en 2013. Le monde arabe est en pleine mutation. Etre arabe signifie-t-il encore quelque chose. Et qua valent des concepts comme l’arabisme, l’arabité, le nationalisme arabe et panarabe ? Les Arabes n’ont-ils pas raté les principales mouvances du XIX et XX ème siècles. N’ont-ils pas accusé beaucoup de retard alors que l’Occident a fait un bond en avant à tous les plans?  Quelle place occupe le conflit palestinien dans l’équation de l’arabité entre identité et communautarisme ? Comme l’explique l’un des auteurs de ce livre, Christophe Kantcheff, «L'idée centrale de ce livre est de s'opposer à la caricature diffamatoire ou auto-diffamatoire sur l'identité et l'histoire de l'arabe».

Troubles et dissidences
Cet ouvrage est d’autant plus nécessaire qu’il arrive à un moment où les commentaires pullulent sur ce que les médias ont nommé printemps arabe, avec des révoltes urbaines, des révolutions ratées et des rêves de libertés ajournée.  C’est quoi au juste être arabe au Caire, à Casablanca, à Tunis, à Oran ou à Beyrouth ? Y a-t-il des différences entre ces peuples ? Vivent-ils les mêmes mutations et mouvances ?  Ce qui est sûr c’est que le divorce a depuis longtemps été consommé entre gouvernants et gouvernés. Ce qui rend les espoirs de la démocratie de plus en plus lointains. Entre des tyrannies qui ont trop duré et des tentatives de démocratisation, le monde arabe est aujourd’hui confus. Certains pays comme la Syrie vivent le chaos absolu quand d’autres pays comme la Libye et l’Egypte traversent des troubles dont on ne voit pas la fin. Dans ce contexte, combien de temps faudra-t-il encore pour voir de nouvelles approches de gouvernance émerger sur les décombres d’un asse lourd d’exactions.
Etre arabe jette aussi la lumière sur ce qui se passe en France, terre d’accueil de plusieurs identités arabes. Entre montée du communautarisme, de l'antisémitisme et de l'islamophobie, quelle place pour l’Arabe ?
Dans cette série de sept entretiens réalisés à Paris entre novembre 2004 et juin 2005, deux intellectuels arabes, l'un syrien, l'autre palestinien, répondent sans détours à toutes ces interrogations pour clarifier un peu une atmosphère floue alimentée par des commentaires souvent oiseux des Occidentaux et des Arabes eux-mêmes.

Editions Actes Sud. Collection Sindbad.