samedi 3 août 2013

« Broken City » avec Mark Wahlberg


Mark Wahlberg et Russell Crowe réuni dans le même film sur fond de magouilles politiques. Un thriller nerveux signé Allen Hugues




C’est un bon polar. Un thriller vissé et serré.  Le genre de film où l’on est pris à la gorge rapidement. Tout est passe rapidement. On s’embarque dans une intrigue que l’on sent foireuse, tant les non-dits et les magouilles fleurent à la surface. C’est l’histoire de  Billy Taggart un ancien flic reconverti en détective privé tente tant bien que mal de faire tourner son affaire. Un personnage campé avec brio par l’excellent Mark Wahlberg, toujours aussi sobre et efficace. Le jour où l’homme le plus puissant de New York, le Maire (un Russell Crowe glacial)  lui confie la mission d’enquêter sur la supposée infidélité de sa femme, il est loin d’imaginer qu’il va se retrouver au cœur d’une vaste machination sur fond de campagne municipale. Tout part en vrille. Les choses s’enchaînent et le film part sur les chapeaux de roue. Allen Hugues réussit le tour de force d’allier dans le même film ce côté famille de gangsters à la James Gray, l’excellence de la vision et le traitement en moins et cette intrigue folle et touffue chère à James Ellroy, le grand écrivain américain. Deux univers parallèles pour un film qui se laisse savourer sans accrocs. 

Lutte contre l’hépatite B et C au Maroc Entre diagnostics et options thérapeutiques


Au Maroc, l’hépatite B et C atteint respectivement 3% et 1% de la population et 90% des porteurs de ces virus ne sont pas encore diagnostiqués, selon les enquêtes réalisées par SOS Hépatites.


Placée cette année sous le signe de : « C’est ça l’hépatite. Comprenez-la. Combattez-la », cette journée de débets sur l’hépatite B et C, organisée à Casablanca le 26 juillet 2013, est une l’occasion pour souligner la nécessité pour le gouvernement d’adopter les stratégies visant renforcer la prévention de ces affections qui constitue un enjeu économique et sociétal majeur. Comme le précise le Pr Driss Jamil, président de SOS Hépatites, « Après le Programme d’accès au diagnostic et aux traitements de l’hépatite C lancé par SOS Hépatites en collaboration avec l’INDH et les laboratoires Roche Maroc, le plan national de lutte contre les hépatites a été mis en place. » Un travail de fonds qui s’est penché sur les réalités du terrain pour mieux cerner l’étendue de la maladie. «Une telle initiative constitue certes un acquis majeur dans la lutte contre ces infections en permettant la prise en charge d’un certains nombre de malades démunis. Le revers de la médaille réside en revanche dans le manque de  mécanismes nécessaires pour la mise en application effective des mesures prises dans ce cadre.» Cela se traduit par   de réelles compagnes de communications, de l’information tous azimuts pour juguler un réel problème de santé publique au Maroc.  Ce qui fait dire au Pr Jamil qu’ «Un effort en matière d’information des bénéficiaires actuels et potentiels reste fortement recommandé. Il en est de même pour la prévention notamment par des campagnes de dépistage gratuit au profit du grand public surtout si l’on sait qu’au Maroc, l’hépatite B et C atteint respectivement 1% et 3% de la population et 90% des porteurs de ces virus ne sont pas encore diagnostiquées, selon les enquêtes réalisées par SOS Hépatites. »,

Dans ce contexte, le Pr Jmail, qui aussi le représentant de l’Alliance Mondiale des Hépatites au Maroc,  insiste également sur la nécessité de mettre à la disposition des malades, toutes les options thérapeutiques recommandées à l’échelle internationale. « Les nouveaux traitements médicaux augmentent considérablement les chances de guérison des personnes atteintes d'hépatite B ou C. A l’instar de ce qui se fait dans des pays voisins, nous appelons vivement les autorités concernées à mettre à la disposition de ces malades toutes nouvelles thérapies mises au point contre ces inflammations aigües et chroniques qui peuvent déboucher sur une cirrhose ou un cancer. »

Noureddine Chater et les révolutions arabes Une certaine lecture du Monde Arabe


Nourreddine Chater est un spécialiste de la calligraphie arabe.  Mais pas uniquement,  ce jeune peintre a une très bonne maîtrise de ses outils et un sens aigu de la couleur  et de la forme.





Le choix est vite fait. Il est clair. Les bouleversements qui ont secoué le monde arabe sont déclinés dans ce travail récent du plasticien Noureddine Chater avec beaucoup de sensibilité. Certes  l’écriture est là, alignée comme un parchemin où on doit parcourir les grandes mutations d’un monde livré aux changements set aux mutations. Mais ce palimpseste est aussi une nouvelle carte à créer pour cette Arabie, jadis heureuse. Œuvres aux dimensions imposantes, trois visages déchus. Trois destins, trois nations, pour résumer une époque. Housni Moubarak, Zine Alabidine Ben Ali et le Colonel Moammar Kadhafi. Trois révolutions qui ne se ressemblent pas. Trois futurs incertains. C’est cela la force d’un tel travail. Non seulement, il rend compte d’une réalité, mais il la transcende pour nous parler de demain. Ce lendemain qui s’écrit encore en pointillé.
Ce travail, très actuel fera partie à la rentrée en octobre 2013, d’une exposition collective qui se déroulera en Italie, lors d’une rencontre sur les grandes mutations artistiques dans le monde arabe avec des artistes d’Irak, de Jordanie, de Palestine, d’Egypte, de Tunisie et du Maroc.
Souci humain.
Couleurs humaines

Voici donc une manière très intéressante d’allier calligraphie arabe et actualité humaine et politique. Noureddine Chater a cette capacité de rendre les deux aspects de son travail, autant les formes liées aux courbes de l’écriture que les couleurs qu’il choisit en fonction de son sujet, à la fois complémentaires, mais parfois en parfait dissonances pour marquer le chaos, l’incertitude ou encore l’indéfini. Pour le peintre, il ne s’agit pas d’aligner des jets de coloris pour remplir un espace, le rendre touffu et partant impénétrable à la compréhension de celui qui le regarde. Aucun trait n’est ici un hasard. Tout est destiné à servir d’ossature ç un sens global qui sous-tend toute l’œuvre. D’ailleurs, le travail de Noureddine Chater  se lit comme un feuilleton, une œuvre complexe, d’une toile à une autre. Pour ce natif de 1975, représenté par la Matisse Art Gallery à Marrakech et à Casablanca, la calligraphie est une manière de revisiter l’histoire, de lui redonner une nouvelle dimension dans  ses multiples signifiances.
De ce fait, l’œuvre de Noureddine Chater, n’est pas uniquement un bon témoignage de la force de la calligraphie Arabe, mais elle la dépasse et s’affirme comme un travail qui met en lumière l’interaction entre le textuel et le figural, l’idée et la forme. Le mot prend ici d’autres sinuosités. Il éclate au grand jour. Il va au-delà de ses innombrables variations, pour ouvrir de nouveaux champs de lecture.
Dimension universelle
Un travail qui a toujours été un souci pour le peintre. D’ailleurs, en 1989, à l’âge de 19 ans,  Noureddine Chater obtient le Prix de « la Jeune Peinture » de la ville de Leidz, en Tchécoslovaquie. C’est dire que son travail, très précoce sur le mot a été remarqué lors de grandes messes dédiées à cet art. Depuis, cette première distinction, Noureddine Chater participe à de nombreuses expositions de renom. On a exposé  ses travaux en France, au Portugal, en Allemagne, au Sénégal et au Maroc. Son travail est couronné en 2006 par sa nomination en tant que lauréat du concours «Le Maroc Avenir», organisé par la Fondation de la Caisse de Dépôt et de Gestion à l’occasion du 50ème anniversaire de l’indépendance du Maroc.
Aujourd’hui, Noureddine Chater est face à un nouveau pallier que ses œuvres ont déjà franchi pour s’ancrer dans une réflexion universel sur le mot et la calligraphie.
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jeudi 1 août 2013

Interview de Shlomo Sand, écrivain et historien israélien, auteur de « Comment j’ai cessé d’être juif», paru le 13 mars 2013 aux éditions Flammarion


Shlomo Sand est un écrivain israélien. Il est également historien travaillant sur l’histoire contemporaine. Son parcours a été marqué par les deux premières années de sa vie qu’il a passées dans un camp de réfugiés juifs polonais, en Allemagne. Ses parents ont ensuite émigré en Israël où il a grandi.  Après la guerre des Six Jours en 1967 à laquelle il a participé comme simple soldat, il a milité dans l’extrême-gauche israélienne favorable à un Etat palestinien.  Il affirme agir contre l’injustice d’Israël et sa politique de colonisation. Il affirme aussi que les USA et l’Union européenne doivent imposer un Etat palestinien pour assurer la sécurité des populations dominées par Israël.  L’historien israélien soutient l’idée d’une complicité accrue de l’Occident face à la situation dans les Territoires occupés. Sans oublier de fustiger les différents gouvernements israéliens, toutes tendances confondues, qui manipulent l’opinion publique mondiale en écrasant les Palestiniens.




Abdelhak Najib : Votre dernier livre est intitulé « Comment j’ai cessé d’être juif ? » Pourquoi ? Et comment cesse-t-on d’être juif ?

Shlomo Sand : Je ne peux pas supporter les lois israéliennes qui m’imposent d’appartenir, malgré mes idées et mes principes, à une ethnie fictive. Je refuse aussi d’être vu par le monde comme un être qui appartient à un club d’élus. C’est dans ce sens, que j’ai décidé de présenter ma démission et de cesser d’être Juif. Je suis Israélien et non Juif.
Abdelhak Najib : Quelle est la différence selon vous ?  
Shlomo Sand : Si je vous dis que les anciens Hébreux sont les ancêtres des Israéliens, c'est comme si je vous disais que les Gaulois sont les ancêtres des Français, c’est complètement faux. Mais le fait de l’attester est une manipulation, une dénaturation de l’Histoire pour servir de basses fins politiques.

Abdelhak Najib : Dans l’un de vos livres vous affirmez qu'il n'y a pas de droit historique des Juifs sur la "terre d'Israël", expliquez-nous pourquoi ?  

Shlomo Sand : Je pense qu’il est inconcevable d’avoir des droits historiques sur une terre après 2000 ans. On le voit aujourd’hui avec les Serbes qui ne peuvent plus affirmer un droit historique sur le Kosovo du simple fait que leurs ancêtres ont habité sur cette terre il y a plusieurs siècles. Ou alors les Allemands prétendre avoir des droits historiques sur l'Alsace Lorraine, ou les Arabes sur l'Andalousie... Je vous le dis sans détours : le mythe du retour à la terre promise a été la condition sine qua non de la colonisation sioniste. Et ça a marché.

MHI : Pour vous le mythe de l'exil d'Israël et du peuple juif n’existe pas. Pourquoi ?

Shlomo Sand : Quand j’ai écrit « Comment le peuple juif fut inventé », j’ai essayé d’expliquer qu'il n'y a pas d'ethnos juif. Autrement dit,  il n’y a aucun  lien génétique qui rattache les juifs du monde entier aux anciens Hébreux.    Dans ce sens, l'idée de l'exil du peuple juif, chassé par les Romains en 70 après J.C. est un mythe. Chercher dans les annales de l’Histoire, vous ne trouverez aucun livre d'historien sérieux pour vous parler de ce supposé exil. D’ailleurs, le judaïsme a été, à ses débuts, une religion prosélyte, qui s'est propagé par la conversion des autres peuples. Il est aberrant de parler aujourd’hui de "peuple juif", pas plus qu'on pourrait parler d'un "peuple hindou". Mais on peut parler de "peuple israélien". L'utilisation de cette thématique ethnique était destinée à justifier la conquête de la Palestine.   


Abdelhak Najib: Vous êtes accusé de remettre en cause l'existence de l'Etat d'Israël. Pensez-vous que l’Etat hébreu est un Etat hors-la-loi ?

Shlomo Sand : Je suis accusé à tort. Je n’ai jamais comparé la shoah et la naqba (l'exode des Palestiniens en 1948). Mais la shoah ne doit en aucun cas servir d’excuse historique pour la colonisation du peuple palestinien.  Je ne nie pas le droit des Israéliens juifs d'aujourd'hui à vivre dans l'Etat d'Israël. Ce serait une fatale erreur de revenir sur l'existence de l'Etat d'Israël. Cela peut engendrer une nouvelle tragédie, une nouvelle catastrophe dans toute la région.  Vous savez, en 1988, j’ai applaudi quand j'ai entendu Yasser Arafat dire qu'il acceptait l'existence de l'Etat d'Israël. Mais je souhaite que cet Etat accorde les mêmes droits démocratiques à tous ses citoyens, juifs comme palestiniens. Ce que je veux, c’est qu'un Palestinien puisse se sentir à Tel Aviv comme un juif ailleurs dans le monde, respecté et considéré comme un citoyen à part entière.

Abdelhak Najib: Pourquoi la paix entre le peuple juif et le peuple palestinien devient de plus en plus impossible ? À qui profite cet Etat des choses ?

Shlomo Sand : Je crois que la solution à deux Etats est la seule solution pour la survie de l'Etat d'Israël. Il n’y a pas d’autres choix. Il est aussi possible sur un plan moral de créer un Etat binational comme le pense l'extrême gauche. Mais cela reviendrait à dire que les juifs deviendraient minoritaires sur le plan démographique dans leur pays. Evidemment, les racistes en Israël ne vont pas l’accepter. C’est que la vérité est que la société israélienne est actuellement l'une des plus racistes du monde occidental.  

Abdelhak Najib : Aujourd’hui, 42% des terres de Cisjordanie ont été colonisées. N’est-il pas trop tard pour la paix ?

Shlomo Sand : Je pense que oui. Regardez  les principaux partis centristes  comme le parti travailliste, le parti laïc et le parti Hatnouah. Ils ont tous montré leurs limites pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Vous savez, même Yitzhak Rabin, l'artisan des négociations d'Oslo, n’a rien fait dans ce sens. Il n’a jamais osé toucher à une seule colonie. Et ce, même après le massacre de 29 Palestiniens au Caveau des patriarches à Hébron en 1994.
Il ne faut pas se leurrer, la gauche sioniste n'a jamais été moins colonialiste que la droite.
Abdelhak Najib: Finalement, c’est la même idéologie qui prédomine en Israël…
Vous savez ce qu’on dit en Israël ? La vraie différence entre la gauche et la droite sionistes, c'est que pour la droite, Dieu n'est pas mort, tandis que pour la gauche Dieu est mort. Sauf qu’avant de mourir, il leur a promis la terre d'Israël. 

Abdelhak Najib : Pensez-vous que la paix aura lieu un jour ?
Shlomo Sand : Je peux vous dire que je suis vraiment pessimiste.  Mais pas fataliste. Il reste un unique espoir. Il faut absolument que le président américain Barack Obama, fasse pression sur Israël pour négocier avec les Palestiniens. Sans une réelle détermination extérieure, il n'y aura pas de changement en Israël. Ni de paix.  Mais si on laisse les Israéliens poursuivre leur aveugle politique de colonisation, cela mènera à sa propre destruction. Vous savez le spectre de la guerre est aussi un leurre. Il n'y aura pas de solution armée à ce conflit. La négociation est la seule voie pour la survie de l'Etat d'Israël.