Les déchets médicaux menacent
toujours la santé des Marocains et leur environnement. Face à ce plusieurs
associations lancent des appels pour la gestion et le traitement des
médicaments périmés.
Les déchets médicaux prennent de
nombreuses formes. On en trouve partout. Et de tout. Des déchets qui
proviennent des salles des opérations et des laboratoires comme les placentas, les appendices, le
sang, les pansements, les déchets radioactifs… ou encore des seringues usagées,
des médicaments périmés jetés à la poubelle. Une variété de déchets qui finissent souvent dans des
décharges publiques. Pour tous les spécialistes, médecins, infirmiers,
observateurs, laborantins, ces déchets sont une réelle menace tant pour la
santé publique que pour l'environnement. C’est un fait établi, un simple tour
devant les grands hôpitaux du pays, les poubelles des infirmeries et certains
cabinets de médecins, suffit pour mesurer l’ampleur du danger. Certaines personnes
se sont même spécialisées dans la collecte des médicaments périmés pour les
revendre dans des circuits clandestins.
Quand on est contaminé, les
risques peuvent être gravissimes. Selon tous les médecins, le contact avec ces
déchets médicaux peut provoquer
des maladies chroniques, des infections
comme le sida, les hépatites B et C, des infections gastro-entérites, des
infections respiratoires, des contaminations dermiques…
Chiffres alarmants
Les chiffres officiels montrent à quel point le Maroc est à la
traîne en termes de gestion des déchets médicaux. En effet, la quantité des
déchets produite annuellement est estimée à 40.000 tonnes. A titre d’exemple, une seule séance de dialyse produit pas
moins de 1 kg de déchets, alors qu'un accouchement est à l'origine d'environs 2
kg de déchets. Des spécialistes et des chercheurs estiment que ces chiffres ne
traduisent pas ma réalité du terrain. Quoi qu’il en soit, il a fallu attendre
l’année 2006 pour qu’une loi soit décrétée par le gouvernement marocain. Il
s’agit de la loi 28-00 relative à la gestion des déchets médicaux et à leur
élimination et qui définit différents types de déchets, spécifie leur mode de
gestion et réglemente la gestion des déchets dangereux. Mais cette loi demeure
tributaire des aléas et de certaines pratiques irresponsables. Plus de 5 ans après la mise en application de cette loi,
c’est aujourd’hui la société civile qui prend le relais. De nombreuses
initiatives voient le jour avec plus au moins de succès. L’une des plus importantes
est celle menée par l'association Sebou de Fès. Cette initiative qui sera
expérimentée début 2012 par l'association, consiste en un projet de collecte et
de traitement des médicaments périmés et non consommés. L’action est
baptisée «Médiper».
Un projet citoyen
Comme
l’explique Mohamed Hemmou, le responsable du projet Médiper cette action « va
permettre de résoudre le problème des médicaments périmés qui finissent dans
les poubelles et ne peuvent pas être recyclés en raison de leur petite taille et
de leur composition complexe. Ce projet est constitué de 3 étapes, d'abord les
médicaments périmés sont déposés chez nos pharmacies partenaires, ensuite nos
volontaires se chargent de collecter ces médicaments et de les mettre dans des
boîtes hermétiques et enfin des professionnels s'occupent de leur destruction
définitive d'une manière saine qui respecte l'environnement ». En effet, il est
aujourd’hui possible pour tous les Marocains de mettre les médicaments périmés
dans des sacs et de les déposer à
la pharmacie la plus proche. Un geste simple qui évite tant de dégâts et
participe d’un sens aigu de u civisme et de la citoyenneté responsable. L’autre
point important dans cette initiative à l’actif de l’association Sebou, c’est
le volet information. Ce projet a principalement un objectif de sensibilisation
en incitant le grand public à changer de comportement et à ne plus jeter de
médicaments dans les poubelles. Médiper s’articule donc en plusieurs phases.
Une période d'essai de 3 mois qui sera suivie d'un bilan et d'une évaluation
des résultats et ensuite une généralisation des actions sur l'ensemble de la
ville de Fès.
Une loi pas toujours appliquée
La loi 28-00 relative à la gestion
des déchets médicaux et à leur élimination au Maroc est entrée en vigueur en
décembre 2006. Elle a pour objet de prévenir et de protéger la santé de
l'homme, la faune, la flore, les eaux, l'air, le sol, les écosystèmes, les
sites et paysages et l'environnement en général contre les effets nocifs des
déchets. La loi vise la prévention de la nocivité des déchets et la réduction
de leur production, l'organisation de la collecte, du transport, du stockage,
du traitement et de leur élimination de façon écologiquement rationnelle, la
valorisation des déchets par le réemploi, le recyclage ou toute autre opération
visant à obtenir, à partir des déchets, des matériaux réutilisables ou de
l'énergie, la planification nationale, régionale et locale en matière de
gestion et d'élimination des déchets, l'information du public sur les effets
nocifs des déchets, sur la santé publique et l'environnement ainsi que sur les
mesures de prévention ou de compensation de leurs effets préjudiciable, la mise
en place d'un système. Sauf que la réalité du terrain prouve que souvent aucune
des directives de cette loi n’est appliquée. Les déchets des médicaments se trouvent partout,
dans les poubelles publics, devant les hôpitaux, devant les cabinets de
certains médecins ou infirmiers.
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