jeudi 18 avril 2013

Déchets médicaux : le danger est imminent


Les déchets médicaux menacent toujours la santé des Marocains et leur environnement. Face à ce plusieurs associations lancent des appels pour la gestion et le traitement des médicaments périmés.

 Les déchets médicaux prennent de nombreuses formes. On en trouve partout. Et de tout. Des déchets qui proviennent des salles des opérations et des laboratoires  comme les placentas, les appendices, le sang, les pansements, les déchets radioactifs… ou encore des seringues usagées, des médicaments périmés jetés à la poubelle.   Une variété de déchets qui finissent souvent dans des décharges publiques. Pour tous les spécialistes, médecins, infirmiers, observateurs, laborantins, ces déchets sont une réelle menace tant pour la santé publique que pour l'environnement. C’est un fait établi, un simple tour devant les grands hôpitaux du pays, les poubelles des infirmeries et certains cabinets de médecins, suffit pour mesurer l’ampleur du danger. Certaines personnes se sont même spécialisées dans la collecte des médicaments périmés pour les revendre dans des circuits clandestins.   Quand on est contaminé, les risques peuvent être gravissimes. Selon tous les médecins, le contact avec ces déchets  médicaux peut provoquer des maladies chroniques, des infections  comme le sida, les hépatites B et C, des infections gastro-entérites, des infections respiratoires, des contaminations dermiques… 

Chiffres alarmants

Les  chiffres officiels  montrent à quel point le Maroc est à la traîne en termes de gestion des déchets médicaux. En effet, la quantité des déchets produite annuellement est estimée à 40.000 tonnes. A titre d’exemple,  une seule séance de dialyse produit pas moins de 1 kg de déchets, alors qu'un accouchement est à l'origine d'environs 2 kg de déchets. Des spécialistes et des chercheurs estiment que ces chiffres ne traduisent pas ma réalité du terrain. Quoi qu’il en soit, il a fallu attendre l’année 2006 pour qu’une loi soit décrétée par le gouvernement marocain. Il s’agit de la loi 28-00 relative à la gestion des déchets médicaux et à leur élimination et qui définit différents types de déchets, spécifie leur mode de gestion et réglemente la gestion des déchets dangereux. Mais cette loi demeure tributaire des aléas et de certaines pratiques irresponsables.   Plus de 5 ans après la mise en application de cette loi, c’est aujourd’hui la société civile qui prend le relais. De nombreuses initiatives voient le jour avec plus au moins de succès. L’une des plus importantes est celle menée par l'association Sebou de Fès. Cette initiative qui sera expérimentée début 2012 par l'association, consiste en un projet de collecte et de traitement des médicaments périmés et non consommés. L’action est baptisée «Médiper».

Un projet citoyen

Comme l’explique Mohamed Hemmou, le responsable du projet Médiper cette action « va permettre de résoudre le problème des médicaments périmés qui finissent dans les poubelles et ne peuvent pas être recyclés en raison de leur petite taille et de leur composition complexe. Ce projet est constitué de 3 étapes, d'abord les médicaments périmés sont déposés chez nos pharmacies partenaires, ensuite nos volontaires se chargent de collecter ces médicaments et de les mettre dans des boîtes hermétiques et enfin des professionnels s'occupent de leur destruction définitive d'une manière saine qui respecte l'environnement ». En effet, il est aujourd’hui possible pour tous les Marocains de mettre les médicaments périmés dans des sacs et de les déposer à  la pharmacie la plus proche. Un geste simple qui évite tant de dégâts et participe d’un sens aigu de u civisme et de la citoyenneté responsable. L’autre point important dans cette initiative à l’actif de l’association Sebou, c’est le volet information. Ce projet a principalement un objectif de sensibilisation en incitant le grand public à changer de comportement et à ne plus jeter de médicaments dans les poubelles. Médiper s’articule donc en plusieurs phases. Une période d'essai de 3 mois qui sera suivie d'un bilan et d'une évaluation des résultats et ensuite une généralisation des actions sur l'ensemble de la ville de Fès.


Une loi pas toujours appliquée
La loi 28-00 relative à la gestion des déchets médicaux et à leur élimination au Maroc est entrée en vigueur en décembre 2006. Elle a pour objet de prévenir et de protéger la santé de l'homme, la faune, la flore, les eaux, l'air, le sol, les écosystèmes, les sites et paysages et l'environnement en général contre les effets nocifs des déchets. La loi vise la prévention de la nocivité des déchets et la réduction de leur production, l'organisation de la collecte, du transport, du stockage, du traitement et de leur élimination de façon écologiquement rationnelle, la valorisation des déchets par le réemploi, le recyclage ou toute autre opération visant à obtenir, à partir des déchets, des matériaux réutilisables ou de l'énergie, la planification nationale, régionale et locale en matière de gestion et d'élimination des déchets, l'information du public sur les effets nocifs des déchets, sur la santé publique et l'environnement ainsi que sur les mesures de prévention ou de compensation de leurs effets préjudiciable, la mise en place d'un système. Sauf que la réalité du terrain prouve que souvent aucune des directives de cette loi n’est appliquée. Les déchets  des médicaments se trouvent partout, dans les poubelles publics, devant les hôpitaux, devant les cabinets de certains médecins ou infirmiers. 

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