Selon
le rapport de l’Observatoire Marocain des Prisons, la population carcérale au Maroc enregistre 1000 nouveaux
détenus chaque mois. A Fin septembre 2012, le nombre des détenus a atteint les 70.675
contre 64.833 en 2011. Inquiétant et dangereux.
Les prisons marocaines souffrent de plusieurs maux.
Trafics de drogues, violences entre fonctionnaires et détenues, agressions
entre détenus, tentatives de suicide, grèves de la faim des salafistes,
accusations de corruptions par plusieurs ONG, mais le danger qu’il faut résoudre en urgence est le
surpeuplement. En effet, un rapport présenté, début avril 2013 par l’Observatoire
marocain des prisons tire la
sonnette d’alarme et prévient des conséquences désastreuses pour les prisons
marocaines et les détenus qui souffrent à cause du manque de places. Aucune
prison ne déroge à cette fatalité du surnombre. Les 73 centres pénitenciers que
compte le pays sont pointés du doigt. Dans la batterie des chiffres avancés par
l’observatoire marocain, jusqu’à fin septembre 2012, le nombre des détenus a
atteint les 70.675 contre 64.833 une année auparavant. L’association estime que
la population carcérale se renforce mensuellement par l’arrivée de 1000 nouvelles
personnes. Et à chaque arrivée, la situation des prisons devient plus
préoccupante pour les ONG marocaines et internationales qui dénoncent le laisser-aller
du gouvernement marocain, à l’égard des droits les plus élémentaires des
détenus. Un point de vue partagé par Hafid Benhachem, le directeur de
l’administration des centres pénitenciers, qui met le gouvernement de Abdelilah
Benkirane devant ses responsabilités
en arguant que ce dernier qui n’a pas répondu favorablement à sa demande
de renforcer son équipe de 1600 nouvelles recrues en 2013. Un nombre de
fonctionnaire qui est à même d’alléger un tant soit peu les charges de travail
qui pèsent sur les gardiens face à un nombre important de détenus.
Situation
intenable
Si des centres comme Ou kacha à Casablanca sont
les premiers à souffrir du surpeuplement, il faut souligner ici que
l’Observatoire national des prisons affirme qu’il n’y a pas une seule prison
qui réponde aux normes en termes du respect du nombre de pensionnaires qu’elle
peut accueillir.
Dans ce
sens, l’OMP a procédé à un classement des centres qui
connaissent un fort surpeuplement.
Le pénitencier de Marrakech arrive en tête avec 168,14% de plus de sa
capacité autorisée. Une situation intenable qui dure depuis plusieurs années
malgré les cris d’alerte de plusieurs ONG. Le deuxième centre est celui de Tiznit qui affiche un taux de
121,43% alors que la troisième place est attribuée à la prison d’Ain Kadouss de
Fès avec 103,20%. Promiscuité,
insalubrité, problèmes de santé sérieux, bagarres, problèmes
psychiatriques, tentatives de viol, c’est le quotidien des prisonniers dans des
pénitenciers remplis à bloc. Evidemment, pour les ONG marocaines des droits de l’Homme, il faut d’abord résoudre
le problème du surnombre pour régler d’autres fléaux qui
entachent la réputation de la prison marocaine aux yeux de la communauté
internationale.
Propositions rationnelles
Il faut ici
ajouter que l’Observatoire marocain a également établi des statistiques
importantes qui rendent compte de la population carcérale en termes d’âge. On
apprend que 68% des détenus sont âgés entre 21 et 50 ans, 8% entre 13 et 20 ans
et 6% ont dépassé la cinquantaine.
Est-ce la une
fatalité ? Les prisons marocaines sont elles condamnés à afficher ce
triste visage entre horreur et mauvais traitements. Pour l’observatoire
marocain des prisons il y a des
solutions à prendre en ligne de compte pour résoudre ce problème très grave.
D’abord, la réduction de l'année carcérale à dix mois seulement. Ensuite penser au calcul de l'incarcération
nocturne en tant que demi-journée d'emprisonnement. Adopter l’approche de la
rationalisation de la détention provisoire qui touche plus de 46% des détenus. Réduire sa durée, mettre
en œuvre le contrôle judiciaire, œuvrer à abolir les peines d'emprisonnement
pour certains délits dont notamment les petits et de les remplacer, comme cela
est en vigueur sous d’autres cieux, par des travaux d’intérêt général pour la
société. Ce sont là des propositions rationnelles, logiques qui peuvent
s’avérer efficace. La question est pourquoi le gouvernement marocain ne veut
pas les adopter ? Et pourquoi ces mêmes gouvernements qui se succèdent
n’ont jamais pris la juste mesure
de la situation carcérale dans le pays ? Des prisons à visage humain sont aussi un grand
indicateur de la marche de la démocratie d’un Etat qui se respecte.
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