Paul Bowles revient dans cette œuvre
posthume sur ses premières amours. La rue, la vie des clodos, un peu comme son
aîné Knut Hamsun chez qui il a souvent puisé quelques situations très fortes
pour décrire la vacuité humaine, son incapacité à tordre le coup au destin,
malgré l’insistance, la résistance et l’incidence. Paul Bowles brosse ici les
portraits de personnages pittoresques emportés par la spirale de leur destin,
entre descente aux enfers pour les uns et rêves de rédemption pour d’autres.
Surprenantes et pleines d’humour, ces nouvelles qui ont pour cadre le Maghreb
et l’Extrême-Orient comptent, selon Gore Vidal, « parmi les meilleures jamais
écrites par un Américain».
Elles révèlent l’art et le talent de conteur de
Bowles, véritable entomologiste de l’âme humaine, qui puise aussi dans son vécu
pour donner à son récit cette part de vérité qui va au-delà du conte. Nous
sommes là face à des destins marocains, ceux d’un intello rêveur, une
belle-mère obstinée et une adolescente naïve mais têtue. Et le titre générique
de toutes ces vies déchiquetées est Réveillon à Tanger, un titre qui n’a de
place que parce que l’auteur y a vécu plus de cinquante ans et la ville du
Détroit aura été son univers implacable.
Dans ces nouvelles, nous découvrons un
conteur oriental qui évoque ces destins, souvent modestes, mais c’est en
Américain qu’il dégage contradictions et obsessions où l’on peut retrouver des
pans entiers d’autres romans américains signés par Ezra Pound ou même un Scott
Fitzgerald.
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