jeudi 28 mars 2013

Requiem pour les penseurs arabes toujours interdits


Requiem pour les penseurs arabes toujours interdits

Dans la longue liste des poètes, écrivains, scientifiques et penseurs arabes interdits, la figure d’Al Moutanabi reste l’une des plus marquante. Le poète, poussé par son narcissisme, s’était-il autoproclamé prophète (d’où son nom)? Rien ne le prouve dans l’histoire méconnue  de cet immense poète et penseur arabe.  Certains diront que les poètes ne sont-ils pas porteurs de prophétie ? N’éclairent-ils pas des sentes encore inconnues ? de fait, les poètes comme les penseurs sont des éclaireurs, des sourciers, des porteurs d’eau qui s’engagent sur des voies encore vierges et ouvrent grand l’horizon de l’imaginaire, de la rêverie et de la création.

Dans la même lignée des grandes figures frappées d’opprobre dans le monde arabe et musulman, le nom d’Al Hallaj demeure comme un point noir dans l’indigente histoire de la tolérance en terre d’islam. Soufi, érudit, fin connaisseur d’Al fikh et de la théologie, il a été cloué au pilori. Fin de l’histoire. On nous dira que l’histoire de la chrétienté et du judaïsme est noire de crimes. Bien sûr. Obscurantisme, hégémonie de l’église, inquisition, bûchers, autodafés, et jusqu’à nos jours encore, l’église sévit. 

Mais ceci est un problème que l’Occident a résolu en grande partie. En terre arabe et musulmane, la pensée fait peur. L’intelligence effraie. C’est une fatalité nourrie par l’atavisme. La religion est un tabou. La sexualité est frappée d’interdits et de sanctions. La critique est hérétique. Que reste-t-il aux humains, nés sous le soleil de l’Arabisme et de l’arabité? Raser les murs et sombrer dans une débilité d’un autre âge. Quand un mufti d’Al Azhar déclare apostat toute personne qui pense que la terre tourne autour du soleil, nous avons tous du souci à nous faire.  Tuer un être humain pour ce qu’il pense est le crime le plus hideux qui soit. 

Excommunier les penseurs, les exiler, les couper de leur sol, comme cela a été le cas avec Abderrahmane Mounif, à coup sûr l’une des voix les plus porteuses de l’histoire de la littérature universelle, c’est cela la véritable hérésie. Ou alors tenter d’égorger un homme âge comme Naguib Mahfouz, célébré dans le monde et haï par l’obscurantisme religieux à l’égyptienne. Comment qualifier ce type de folie ? Il n’y a pas de nom pour de tels actes barbares que la volonté de croupir dans la fange de l’ignorance, du non-savoir, de la négation tous azimuts.   

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