Dans le taxi, j’ai pu glaner quelques perles sur les épreuves du bac de cette année.
Chauffeurs, clients, hommes et femmes, chacun y va de son cru. Et tout le
monde, bien entendu, pense avoir raison. Le bac, ce n’est plus une sacrée
affaire. Il suffit d’avoir les tuyaux nécessaires, si j’en crois le chauffeur
de taxi de ce matin pour passer haut la main.
« Eh oui. Tout se vend, mon ami. Les épreuves sont
connues d’avance. Il suffit d’avoir quelques connaissances et un bon réseau et le tour est joué ». Ces propos qui peuvent
être très dangereux ne semblent pas du tout inquiéter le taximan, qui prend
pour témoin la bonne femme assise à
ses côtés et qui connaît un
large rayon dans le domaine de la débrouille le jour des examens.
Cette dame d’un âge respectable affirme et elle jure par
tous ses saints que son fils a eu le bac parce qu’elle a casqué. « Et cela
ne vous dérange pas madame, que votre fils même un tantinet cancre arrive à
décrocher un diplôme ? » Mais pourquoi voudrais-je que son fils et
elle soient gênés par cela. Un diplôme c’est un diplôme.
Et peu importe les
moyens, puisque la fin justifie tout. Et comment. Madame a même laissé entendre
que des cadres sont de mèche et arrondissent les fins d’années en faisant du
négoce rentable d’exams. Et cette
dame a même voulu nous filer le GSM de quelqu’un qui connaît quelqu’un qui
pourrait nous démerder les épreuves de physique à cent dirhams.
Mais 100 dhs,
c’est donné, madame. Oui, mais le bonhomme, il vend des centaines d’épreuves,
vous voyez le chiffre, monsieur ? Un peu que je vois, cela arrondirait les
fins de plusieurs années si l’on compte les dizaines de milliers de candidats.
Sans oublier que l’on ne s’improvise pas vendeur d’épreuves du bac du jour au
lendemain. Cela doit être un travail bien rôdé avec une longue expérience et
des soutiens un peu partout, des gens à payer, d’autres à amadouer pour que le schmilblic avance sans grabuge.
Quoi qu’il en soit, plus personne ou presque, parce que dans
le tas, il y a à coup sûr des élèves au-dessus de tout soupçon, ne veut trimer
pour passer son bac et décrocher avec honneur un diplôme aussi symbolique. Le
passage de l’âge d’enfant à celui d’adulte avec un bac en poche, devrait se
faire dans des conditions de moralité exemplaire. Mais bon, aujourd’hui, comme
l’a bien résumé la dame du taxi, seule la fin compte, les moyens on s’en fiche.
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