Le ministère de l’Education nationale au Maroc a
présenté le 6 Mars 2013, des chiffres officiels sur les violences dans les
écoles. Environ 2800 cas de violence scolaire ont été enregistrés en
milieu urbain entre le 12 septembre 2011 et le 24 juin 2012.
Coups, blessures, trafics de drogues, consommation de stupéfiants, vol,
viols, prostitution, enlèvements, vandalisme, harcèlements. Voici les dix
plaies qui gangrènent le corps scolaire marocain. Ce sont là les constatations
officielles émanant du ministère de l’Education nationale. Ce dernier qui a le
mérite d’avoir eu le courage de rendre publiques ses réalités cachées durant
les gouvernements précédents, comme si l’école marocaine était un modèle de
vertu.
On le sait, depuis plusieurs décennies, les établissements scolaires,
dans presque toutes les villes du pays, grandes ou petites, et même dans le
milieu rural, souffrent de la recrudescence des violences. Bagarres, batailles
rangées entres écoles et élèves, passage à tabac, harcèlement des enseignants,
tentatives de meurtres… chaque jour, des élèves marocains, filles et garçons
font les frais des dérives estudiantines.
Dans ce sens, la commission de l’enseignement, de la
culture et de la communication à la Chambre des représentants fait état de 130
cas de violence dont 67 au sein des écoles et 63 à proximité des établissements
ont été enregistrés entre septembre 2012 et février 2013. Ces agressions de
tous genres sont plus présentes
dans le milieu urbain avec 75% de cas. Pour le ministère de tutelle, «Ce
phénomène est imputable à l’interférence des effets socioculturels et des
activités pédagogiques, à la nature de l’éducation, l’influence des films
d’action, l’absence de communication et de coopération entre les institutions
sociales et les staffs administratifs ».
Mieux, comme l’a souligné le
ministre de l’Education, Mohamed El Ouafa «la violence dans les écoles n’est
pas un phénomène qui concerne uniquement les catégories pauvres, mais s’étend à
toutes les catégories sociales. Elle est présente à la fois dans les écoles
publiques et privées ».
Promesses
vides
Pourtant, le chef du gouvernement
Abdelilah Benkirane, en personne, avait annoncé comme principale grande réforme
de son mandat, de rendre l’école marocaine saine et performantes pour remplir
ses multiples rôles pédagogiques et éducationnels. Pour, M. Benkirane, toutes
les mesures nécessaires devaient être mises en place pour la restructuration de
l’école marocaine. Les efforts consentis devaient être axés sur la gouvernance
et la qualité du système éducatif, qui doit récupérer sa fonction pédagogique.
Un intérêt sera porté à l’amélioration de la situation des enseignants.
Dans cette optique, le nouveau gouvernement s’est engagé à doter
l’école d'un véritable pouvoir de décision et de l’indépendance de la gestion
tout en déployant les moyens nécessaires. «Cela permettra au personnel
enseignant et à l’administration d’être pleinement mobilisés et redevables des
résultats obtenus », avait souligné Abdelilah Benkirane.
Quinze mois, après, l’école est au plus
mal. Pire, un élève dans un collège de Salé a tenté d’égorger
son professeur d’un bout à l’autre de la gorge, le mardi 25 décembre 2012. L’enseignant a survécu par miracle. La
violence franchit donc des paliers. Des kidnappings d’autres élèves, surtout des
filles, sont organisés. Des élèves s’érigent en caïds et terrorisent des
établissements entiers en menaçant
à l’arme blanche enseignants et direction.
Parents
d’élèves
Pour plusieurs associations de parents
d’élèves, c’est le système punitif de l’école marocaine qui est à la source de
cette violence. Quand on est confronté à des coups de la part des enseignants,
les élèves répètent les mêmes schémas entre eux. Surtout que la violence
physique est une denrée très répandue dans le tissu social marocain. A la
maison, on frappe les enfants, dans la rue, on les tabasse et l’école qui doit
apporter savoir et réconfort systématise le châtiment corporel, comme,
tenez-vous bien, méthode d’assimilation.
A l’école, la liste des châtiments
corporelles comprend les coups donnés avec les mains ou avec les pieds, des
coups de bâton ou de règle, des cravaches, les punitions écrites, les corvées à
faire pour les enseignants, les vexations verbales, les tours de classe ou de
cour avec un bonnet d’âne. Alors que les insultes, les crachats et les gros
mots sont devenus un fait normal qui ne choque personne. Vivre dans un tel
climat perturbe les enfants et fait ressortir leur agressivité.
Le cercle
vicieux prend corps et le chemin de la perdition est grand ouvert devant des
générations entières qui n’auront appris
de l’école que les coups, la toxicomanie et le crime.
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