mardi 19 mars 2013

Recrudescence de la violence dans les établissements scolaires marocains: Les dix plaies de l’école au Maroc


Le ministère de l’Education nationale au Maroc a présenté le 6 Mars 2013, des chiffres officiels sur les violences dans les écoles. Environ 2800 cas de violence scolaire ont été enregistrés en milieu urbain entre le 12 septembre 2011 et le 24 juin 2012.

Coups, blessures,  trafics de drogues,  consommation de stupéfiants, vol, viols, prostitution, enlèvements, vandalisme, harcèlements. Voici les dix plaies qui gangrènent le corps scolaire marocain. Ce sont là les constatations officielles émanant du ministère de l’Education nationale. Ce dernier qui a le mérite d’avoir eu le courage de rendre publiques ses réalités cachées durant les gouvernements précédents, comme si l’école marocaine était un modèle de vertu. 
On le sait, depuis plusieurs décennies, les établissements scolaires, dans presque toutes les villes du pays, grandes ou petites, et même dans le milieu rural, souffrent de la recrudescence des violences. Bagarres, batailles rangées entres écoles et élèves, passage à tabac, harcèlement des enseignants, tentatives de meurtres… chaque jour, des élèves marocains, filles et garçons font les frais des dérives estudiantines. 
Dans ce sens,  la commission de l’enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants fait état de 130 cas de violence dont 67 au sein des écoles et 63 à proximité des établissements ont été enregistrés entre septembre 2012 et février 2013. Ces agressions de tous genres  sont plus présentes dans le milieu urbain avec 75% de cas. Pour le ministère de tutelle, «Ce phénomène est imputable à l’interférence des effets socioculturels et des activités pédagogiques, à la nature de l’éducation, l’influence des films d’action, l’absence de communication et de coopération entre les institutions sociales et les staffs administratifs ». 
Mieux, comme l’a souligné le ministre de l’Education, Mohamed El Ouafa «la violence dans les écoles n’est pas un phénomène qui concerne uniquement les catégories pauvres, mais s’étend à toutes les catégories sociales. Elle est présente à la fois dans les écoles publiques et privées ».

Promesses vides
Pourtant, le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, en personne, avait annoncé comme principale grande réforme de son mandat, de rendre l’école marocaine saine et performantes pour remplir ses multiples rôles pédagogiques et éducationnels. Pour, M. Benkirane, toutes les mesures nécessaires devaient être mises en place pour la restructuration de l’école marocaine. Les efforts consentis devaient être axés sur la gouvernance et la qualité du système éducatif, qui doit récupérer sa fonction pédagogique. Un intérêt sera porté à l’amélioration de la situation des enseignants.   
Dans cette optique, le nouveau gouvernement s’est engagé à doter l’école d'un véritable pouvoir de décision et de l’indépendance de la gestion tout en déployant les moyens nécessaires. «Cela permettra au personnel enseignant et à l’administration d’être pleinement mobilisés et redevables des résultats obtenus », avait souligné Abdelilah Benkirane.  
Quinze mois, après, l’école est au plus mal. Pire, un élève dans un collège de Salé a tenté d’égorger son professeur d’un bout à l’autre de la gorge, le mardi 25 décembre 2012.  L’enseignant a survécu par miracle. La violence franchit donc des paliers. Des kidnappings d’autres élèves, surtout des filles, sont organisés. Des élèves s’érigent en caïds et terrorisent des établissements entiers en menaçant  à l’arme blanche enseignants et direction.
Parents d’élèves
Pour plusieurs associations de parents d’élèves, c’est le système punitif de l’école marocaine qui est à la source de cette violence. Quand on est confronté à des coups de la part des enseignants, les élèves répètent les mêmes schémas entre eux. Surtout que la violence physique est une denrée très répandue dans le tissu social marocain. A la maison, on frappe les enfants, dans la rue, on les tabasse et l’école qui doit apporter savoir et réconfort systématise le châtiment corporel, comme, tenez-vous bien, méthode d’assimilation. 
A l’école, la liste des châtiments corporelles comprend les coups donnés avec les mains ou avec les pieds, des coups de bâton ou de règle, des cravaches, les punitions écrites, les corvées à faire pour les enseignants, les vexations verbales, les tours de classe ou de cour avec un bonnet d’âne. Alors que les insultes, les crachats et les gros mots sont devenus un fait normal qui ne choque personne. Vivre dans un tel climat perturbe les enfants et fait ressortir leur agressivité. 
Le cercle vicieux prend corps et le chemin de la perdition est grand ouvert devant des générations entières qui n’auront appris  de l’école que les coups, la toxicomanie et le crime.

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