Il y a des destinées posthumes.
A défaut de faire une grande sortie par la grande porte ouverte de l’histoire,
des figures du calibre de Moammar Kadhafi dont on connaît l’humiliante fin,
peuvent au moins se payer quelques
instants de résurrection. Au Maroc, un type ressemblant à s'y méprendre à
Kadhafi a été aperçu en train de faire ses courses dans une épicerie.
Le bonhomme a cultivé la
ressemblance jusqu’à devenir le sosie du dictateur libyen. Mieux. Il s’est même
prêté au jeu de la célébrité en acceptant les flashs des badauds et autres curieux, très
amoureux du Colonel. Si ceci n’est pas l’immortalité,
qu’est-ce que ceci peut-il bien être ? Une photo posthume avec un assassiné, c’est du scoop. Pour
certains, c’est même un message de l’au-delà. La sacralité passe par là.
Surtout dans un monde où le sacré est en perte de vitesse. Malgré les slogans
fanatiques et communautaristes.
Certains
ont même dans leur porte feuille, une photo du guide. Elle peut, dans certains cas
siéger sur le même plastique que Ben Laden et Saddam. Trinité arabo-musulmane.
Le fer de lance de la force des musulmans. Tous, selon une certaine rue arabe,
sacrifiés sur l’autel de la barbarie occidentale.
C’est cette même idéologie très
réconfortante et victimisante qui fait que des jeunes veulent marcher dans les pas de leurs illustres
prédécesseurs. Looks, attitudes, chevelure, démarches, gestes et effets de
manches, il y en a même qui pousse le culte de la personnalité jusqu’à
prénommer leur progéniture, Saddam, Oussama, Moubarak, Moammar… Non sans
fierté.
La rue arabe manque d’idoles. A
une époque où des incultes deviennent des exemples à suivre. A un moment de
l’histoire où l’indigence intellectuelle définit l’échelle social, quand des petits
s’habillent en grand et des malvenus dictent ce qu’il faut suivre comme
tendance, normal que l’arabe lambda et partant le Marocain en mal de repères,
s’accroche à l’image de criminels de guerre, de dictateur, de fous d’Allah
comme effigie de ralliement des masses.
C’est ce que certains
sociologues pourraient appeler la revanche par procuration des plus écrasés.
Quand on massacre leurs idoles, ils les portent en bandoulière ou alors
scotchent leurs portraits dans les toilettes. C’est cela et rien d’autre les
destinées fatales.
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