vendredi 8 mars 2013

De l'art d'être inculte au Maroc


Le Marocain lit 6 minutes par an. C’est là un chiffre officiel. Il émane du ministère marocain de la Culture. On peut tout aussi bien arrêter, là, cette chronique. Sans aller plus loin. Que dire de plus ? Tout ce qui va suivre, chers lecteurs, sera de la surenchère. 6 minutes ?  Cela nous fait combien de phrases lues par jour et par heure ? Quelques syllabes, tout au plus.

Bon, certains, je les vois d’ici, vont se la jouer bien pensants pour dire « mais on le sait que le Marocain n’est pas un grand lecteur». Non, il faut rectifier, à ce rythme, avec cette cadence, le Marocain est un inculte, doublé d’un ignard. Evidemment, ceci n’inclut pas les 50 pour cent d’analphabètes, chiffre aussi presque officiel, que compte ce cher pays.

Les plus affligés d’entre nous vont déclarer que c’est là une indigence qui fait honte au royaume. Comme s’il pouvait en être autrement. Depuis le temps que les gouvernements qui se succèdent nous bassinent avec leurs slogans vaseux  sur la lutte contre l’ignorance, il faut croire que ne pas savoir lire et écrire est une fatalité matinée d’un atavisme indécrottable.

Mais ceux qui sont allés à l’école, qui ont tenu pour décrocher un bac, qui ont même sorti le second souffle pour intégrer une fac, ceux-là, quelles sont leurs subterfuges pour ne pas lire ? Mystère enveloppé dans une devinette. Le tout empaqueté dans un secret. Autrement dit, je ne sais pas pourquoi le Marocain n’aime pas lire. Je ne peux pas, non plus, dire pourquoi il n’a aucune curiosité saine dans  ce sens qu’un livre, un journal, un magazine, peut lui apporter un peu de connaissance dont il peut un jour se servir. Et toute idée qui entre dans la cervelle est bonne à prendre. Enfin, je pense.

Par contre, le Marocain, celui qui sait pianoter sur un clavier de téléphone, celui-ci qu’est-ce qu’il lit la vie des autres. Il passe, peut-être, et là on va attendre que le ministère de la culture, nous fasse une autre étude, oui il passe pour le champion du monde toutes catégories confondues dans le papotage stérile, les commérages, la curiosité malsaine, celle qui a trait à l’intimité des uns et des autres. Là, il lit. Il commente, il tague, il aime, il dénonce, il moucharde et va même au-delà. C’est peut-être là la culture de l’avenir. Celle du langage économique du sms qui fait office de lecture qui vole très haut. 

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