Le Marocain lit 6 minutes par an. C’est là un chiffre
officiel. Il émane du ministère marocain de la Culture. On peut tout aussi bien
arrêter, là, cette chronique. Sans aller plus loin. Que dire de plus ? Tout
ce qui va suivre, chers lecteurs, sera de la surenchère. 6 minutes ? Cela nous fait combien de phrases lues
par jour et par heure ? Quelques syllabes, tout au plus.
Bon, certains, je les vois d’ici, vont se la jouer bien
pensants pour dire « mais on le sait que le Marocain n’est pas un grand
lecteur». Non, il faut rectifier, à ce rythme, avec cette cadence, le Marocain
est un inculte, doublé d’un ignard. Evidemment, ceci n’inclut pas les 50 pour
cent d’analphabètes, chiffre aussi presque officiel, que compte ce cher pays.
Les plus affligés d’entre nous vont déclarer que c’est là
une indigence qui fait honte au royaume. Comme s’il pouvait en être autrement.
Depuis le temps que les gouvernements qui se succèdent nous bassinent avec
leurs slogans vaseux sur la lutte
contre l’ignorance, il faut croire que ne pas savoir lire et écrire est une
fatalité matinée d’un atavisme indécrottable.
Mais ceux qui sont allés à l’école, qui ont tenu pour
décrocher un bac, qui ont même sorti le second souffle pour intégrer une fac,
ceux-là, quelles sont leurs subterfuges pour ne pas lire ? Mystère
enveloppé dans une devinette. Le tout empaqueté dans un secret. Autrement dit,
je ne sais pas pourquoi le Marocain n’aime pas lire. Je ne peux pas, non plus,
dire pourquoi il n’a aucune curiosité saine dans ce sens qu’un livre, un
journal, un magazine, peut lui apporter un peu de connaissance dont il peut un jour se servir. Et toute idée
qui entre dans la cervelle est bonne à prendre. Enfin, je pense.
Par contre, le Marocain, celui qui sait pianoter sur un clavier
de téléphone, celui-ci qu’est-ce qu’il lit la vie des autres.
Il passe, peut-être, et là on va attendre que le ministère de la culture, nous
fasse une autre étude, oui il passe pour le champion du monde toutes catégories confondues
dans le papotage stérile, les commérages, la curiosité malsaine, celle qui a
trait à l’intimité des uns et des autres. Là, il lit. Il commente, il tague, il
aime, il dénonce, il moucharde et va même au-delà. C’est peut-être là la
culture de l’avenir. Celle du langage économique du sms qui fait office de
lecture qui vole très haut.
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