De plus en plus de
Marocains sortent le soir. Jeunes, en couples, familles… les restaurants sont
pleins, des Lounge voient le jour, des bars modernes et autres lieux de
rencontres sont ouverts. La nuit marocaine respire l’insouciance,
le bien-être et le show off.
Il y a des lieux dans la ville où l’on doit être vu. Comme
il y a d’autres endroits où l’on du plaisir à passer un bon moment de détente,
de destress et de convivialité entre amis. Et ce ne sont plus les seuls Night
Clubs et autres boîtes de nuit qui se réservent le luxe de croiser une faune
nocturne à part. De nouveaux concepts voient le jour.
Evidemment, on a pas
inventé le fil à trancher le beurre, mais les Marocains s’inspirent de ce qui
se fait sous d’autres cieux pour offrir à la fois du luxe, de la volupté et de
l’insouciance à leurs clients. Entre bars à ciel ouvert (d’où les appellations
de Skybar), ambiance feutrée très Chill Out, le côté cosy du Lounge, une
musique urbaine, mélange de house, de funk, de pop post moderne, World Music à
la sauce contemporaine, l’effet immédiat est l’invitation au plaisir.
Golden boys
Dans cet esprit, aujourd’hui à Casablanca, le Cabestan,
tient le haut du pavé. Revu et
corrigé, ce lieu déjà une grande adresse culinaire est devenue un lieu de
chute. Un endroit culte. Il y a pas un soir sans. Les méandres en front de mer
offrent un espace subtil où la fête prend un sens presque lyrique. Ce sont des
endroits pour voir et se faire voir, on y mange bien, on y côtoie du monde.
Jeunes loups de la finance, des Golden Boys qui ont fait leur place au soleil,
d’autres qui ont hérité d’une belle fortune, certains qui grimpent l’échelle
sociale, quand d’autres viennent ici tester leur capacité à ouvrir et pénétrer
des cercles privés, hermétiques, presque sectaire.
Reste que la nuit défile en
teintes de bonheur, même éphémère, mais pour un laps de temps, on est
déconnectés, ailleurs, loin des contingences de la vie. Pour certains habitués,
c’est tous les soirs, la fête. Fêtards comme le veut la formule, amoureux du
monde de la nuit, noctambules insomniaques, dragueurs et séducteurs sur le retour, toute une
faune humaine qui a appris que la nuit tous les chats ne sont pas noirs.
C’est aussi l’esprit qui prédomine au Skybar de la Villa
Blanca. D’ailleurs, le premier à lancer cette idée de réunir la « Jet
Set » grâce à une bonne table, le Relais, qui a depuis, perdu de sa
superbe tant c’était l’adresse incontournable il y a quelques années. Ceci dit,
le bar demeure un lieu select où la jeunesse et les gens en vue de Casablanca
sortent pour prendre un verre, discuter d’une affaire, rencontrer une amie, un
copain, une future conquête, une maitresse ou un amant. Rien ne vaut la nuit
pour se laisser aller, se désinhiber, laisser libre court aux fantasmes. In
vino veritas. C’est un peu vrai. Mais les effluves spiritueuses ont aussi cette
force de mettre des filtres entre qui nous sommes et quel rôle nous jouons en
société. «Le monde de la nuit est
souvent trompeur, mais il faut savoir à qui nous avons affaire. Sortir pour
moi, c’est d’abord passer du bon temps et plier la page du quotidien »,
explique une jeune femme de trente ans, qui a bien roulé sa bosse.
Le show off
Bref, la nuit est une fête. Et qui dit fête dit fric.
L’oseille est le nerf de la guerre. Car, au-delà de l’envie d’aller dehors, de
vivre, de croquer dans la pomme de la vie, le Carpe Diem à la Marocaine se
conjugue aussi avec le Show off. Quand on sort, il faut montrer quand on
réussi. C’est à qui va en mettre plein la vue à l’autre. Cela va du petit-déj
chez Fauchon ou Cassel ou encore Chez Paul où le maitre mot est le mode
deuxième position. Ce qui veut dire, que quand le client pointe des roues, il
descend de sa grosse cylindrée. Pour que l’effet soit au poil, il faut que la
voiture reste visible. Maserati, Bugatti, Jaguar, Porsche, Ferrari, Audi, BMW, Mercedes,
sublimes deux roues aux ailes royales de Chez Mister Harley and docteur
Davidson, toutes parquées en deuxième file, voire en troisième rangée. « C’est d’abord par amour
pour les voitures que je roule en Range.
Et c’est loin d’être la première de sa
classe en terme de coût. Mais c’est vrai, on vient ici découvrir les dernières
acquisitions, voir qui a acheté quoi et faire un peu le potin », résume un
trentenaire qui a fait fortune
dans l’immobilier. C’est la mode. Et le dictat de l’apparat à ceci de drôle que
tout le monde se prête au jeu des facettes. Evidemment, à belle bagnole, belles
parures, beau linge, belles pompes et sublimes accessoires. Et là aussi, du sac
à mains à la bague serti étaux lunettes, c’est qui dit mieux.
«C’est juste pour le fun. Si je me
résume à ce que je possède, je suis rien. Heureusement qu’il y a d’autres
choses à découvrir sous des dehors immaculés », résume un quadra de la
place, qui a la tête sur les épaules.
Ecarts sociaux
Ce monde n’est pas Fake. Loin de là. C’est une tendance, un
style. Une manière d’être et de paraître. Quand cela ne frôle pas le vulgaire,
c’est clean, beau à voir. Dans le tas, on côtoie des jeunes qui ont de la
culture, du goût, de l’éducation, une prestance couplée à une espèce d’aisance
qui leur donne l’air d’être presque irréel ou vivant sur d’autres planètes. Et
on tombe également sur des parvenus, les nouveaux riches, les arrivistes. Et
là, c’est anecdotique. Sans plus. Il faut de tout pour faire un monde. Mais il
faut de tout pour comparer entre personnes, classes sociales et types de
personnalités.
Aujourd’hui, on sort dans presque les principales villes du
pays.
À Rabat, c’est pareil. Marrakech, c’est une ville dédiée à la nuit.
Tanger à ses coutumes avec le même z !le dans les apparences. Fès
n’échappe pas à la règle. Du temps de Hassan II, il était impossible de montrer
tous ces signes extérieurs de richesses. Avec cette nouvelle dynamique que vit
le pays, les gens, après une période où ils se sont un peu mis en retrait,
affichent ce qu’ils ont. Evidemment, les écarts sociaux se creusent. Les
pauvres sont plus pauvres. Et une Bugatti est une extrême curiosité dans un
bidonville de Casablanca. D’ailleurs un ami m’a raconté qu’il s’est fait
déposer chez sa mère à Hay Mohammadi en Panamera, les copains du derb ont
demandé au proprio d’éterniser une photo avec l’engin. Comme quoi, à chacun son
monde. Et ses rêves.
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