Pardonnez-moi.
Je vais vous demander de vous mettre, pour un instant, à la place d’un bourreau
en Arabie Saoudite. Un bourreau, c’est-à-dire un type chargé par les autorités
judiciaires d’exécuter les peines de mort en coupant la tête du condamné avec
un sabre. Quelle vie. Je ne sais pas si ces hommes arrivent à dormir ? Je
ne sais pas non plus si leurs enfants et leurs épouses n’ont pas peur de les
voir se déchainer à la maison en tranchant dans le tas. Tout ce que je sais par
contre, c’est que c’est un métier pourri. Et qu’il faut être ravagé de la
caboche pour accepter d’exécuter des gens avec autant de barbarie.
Quoi qu’il
en soit, aujourd’hui, en Arabie Saoudite, on cherche désespérément des coupeurs
de têtes. Les gens se sont relâchés. Ils sont devenus incompétents. Alors, il y
a manque. Et les têtes attendent qu’on les fauche. Imaginiez encore un appel
d’offre. Le rush des candidatures. «Pour quel poste vous postulez,
monsieur ? » «Moi, je suis spécialisé dans les coupures nettes et sans bavures des têtes. Et
vous ? » « Moi, je
scalpe plus vite que mon ombre.»
Je me
demande comment on estime que tel ou tel autre est qualifié pour occuper le
poste de bourreau devant l’Eternel ? Le diplôme consiste en une volonté
précise de prendre des vies. C’est le seul critère, à mon sens. Et le reste
réside dans ta capacité à remplir un tableau de chasse bien garni.
Il paraît
même que devant ce déficit en
bourreau, en Arabie saoudite, on a changé le mode d'exécution. Décapitations et
lapidations sont remplacées par des balles. Le passage de vie à trépas, se fait
à la moderne. Mais c’est contraire à la Charia. Comment faire ? Quel
dilemme. Il faut buter de l’humain, il faut se conformer aux préceptes de la
religion, et il faut trouver des profils adéquats. La mort, quel casse-tête. On
le sait, il suffit d’une fatwa pour changer son fusil d’épaule quand il s’agit
de charia, mais une exécution sans hommes, c’est comme un mariage sans noces.
Il y a un
hic. Un truc qui sonne faux. Une balle ? Voyez-vous, ce n’est pas humain.
Il n’y a pas de contact humain, c’est froid, aseptisé, chirurgical. Alors
qu’un homme qui se met à côté de
vous, pour vos derniers instants ici bas,
quel réconfort. Le glaive
va certes s’abattre sur vous, mais avec un bras humain. C’est au moins ça.
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