L’auteur de « L’invraisemblable
histoire de Georges Pessant »
signe un roman fort sur la surdité et les paroles en silence. Très actuel.
C’est un roman qui pose une réelle question de société. Tout
est centré sur lé »coute, les sonorités, les paroles éteintes, ce qui
n’arrive pas à l’autre, ce qui ne peut être perçu. Car au-delà de histoire de
Julien Laporte, la surdité est posée ici comme interrogation humaine sur le
contact, le rapport à l’autre. Cela est d’autant plus fort que le sens même de
la littérature, est véhiculé par les mots. Qui dit mots, dit vocables, dit
voix, même silencieuse. Ici Bertrand Leclair livre une lecture assez acerbe sur
l’impossibilité d’être aux autres quand leurs mots nous échappent. De l’autre côté, ce sont les autres qui
nous ratent, qui passent tout près de nous, sans nous atteindre parce qu’ils se
sont contentés de mots pour établir le rapport. Alors que la relation à autrui
peut se situer au-delà de ces impératifs langagiers. Elle est sensations,
sentiments, émotions, partages, dans le silence. D.H. Lawrence disait quelque
part : « Heureux deux êtres qui s’aiment et qui savent se taire
ensemble ». C’est aussi cela « Malentendus », des histoires d’amour, qui peuvent se
passer d’étiquettes. Pour exister, porter les êtres au plus loin de qui ils
sont, elles n’ont peut-être besoin que d’être profondément vécues.
Editions Actes Sud.
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