lundi 10 juin 2013

Lutte contre le terrorisme au Maroc : 113 cellules démantelées en 10 ans


De 2003 à 2013, les autorités marocaines affirment avoir démantelé 113 cellules terroristes. La police a également procédé à l’arrestation de 1256 personnes.   

En dehors des attentats de l’hôtel Atlas Asni de Marrakech en 1993, le Maroc n’est entrée dans le viseur d’Al Qaïda qu’en 21003 avec les attaques visant Casablanca, le 16 mai. Le Maroc entame alors une stratégie anticipative pour remonter les filières, débusquer les cellules dormantes et mettre hors d’état de nuire de très nombreux activistes. Aujourd’hui, on apprend par le ministère de l’Intérieur, à l’occasion du dixième anniversaire des attentats de Casablanca, que les autorités marocaines ont réussi à démanteler pas moins de 113 cellules terroristes. En effet, depuis dix ans, il ne passe presque pas une semaine sans qu’un communiqué officiel fasse état de l’arrestation d’un ou de plusieurs individus, membres de cellules dormantes qui préparaient des actions terroristes contre des intérêts du pays. Il s’agit là d’un plan sécuritaire qui préconise de devancer les desseins criminels pour éviter des attentats sanglants dans le pays. Une politique du résultat qui s’avère très efficace, puisqu’en dix ans, seul l’attaque du café Argana de Marrakech, en avril  2011 a pu avoir lieu alors  que bien d‘autres attaques planifiées ont été déjouées au berceau, pour ainsi dire.

Vases communicants

Il ne faut pas se leurrer,  la stratégie marocaine de lutte contre le terrorisme ne date pas de 2003.  Bien avant, les attaques de New York le 11 septembre 2001, le Maroc était doté d’une structure solide pour remonter les filières afghanes et bosniaques. Une base de données qui a permis de ficher, de cibler des activistes non seulement sur le sol marocain, mais opérant dans d’autre pays comme l’Espagne, l’Italie, la Turquie, la Grande-Bretagne, la France, la Belgique et la Hollande. Le travail des services de renseignements marocains a également facilité la donne aux services européens qui collaborent depuis, de façon très étroite avec les autorités marocaine pour la traque des terroristes affiliés à Al Qaïda. C’est grâce à cette avance sur le terrain et la connaissance des multiples ramifications jihadistes et salafistes en action dans le pays et ailleurs, que les 113 cellules islamistes  ont été mise hors jeu. Cela a aussi permis l’arrestation de 1256 présumés terroristes, soupçonnés de préparer une trentaine d’actes, comme le souligne le ministère marocain de l’Intérieur. Pour donner une idée du travail accompli, il faut savoir que 266 opérations ont été mises en échec au Maroc durant dix ans. 114 d’entre elles devaient se servir d’explosives. Ces opération ciblaient 30 centres commerciaux, 27 sites touristiques, 16 représentations diplomatiques et 22 lieux de cultes juifs et chrétiens au Maroc. Dans le même sillage, ces actions menées en amont ont permis d’éviter 40 tentatives de vols de banques dont 12 sur les convoyeurs d’argent et 14 visant des agences de distributions d’eau et d’électricité  et des grandes surfaces.

Expertise internationale
Avec une telle expérience et un système de documentation aussi fourni, les services marocains ont aidé à déjouer d’autres attentats dans d’autres pays notamment en France et en Espagne. Mais cette expertise marocaine, reconnue mondialement est appelée à évoluer vers une mise à niveau de la sécurité nationale. En effet, une réunion a eu lieu le 10 mai 2013, à Kénitra. Organisée sous l'égide de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), elle avait pour objectif la coordination des efforts sécuritaires visant à lutter contre le phénomène de l'extrémisme religieux au Maroc et au sein des communautés marocaines vivant à l’étranger. D’ailleurs, au Maroc on a constaté depuis ces dix dernières années, l’implication d’un grand nombre de Marocains dans des groupes terroristes opérant en Europe. Tous issus de l’immigration, ces Marocains font aujourd’hui l’objet d’une surveillance accrue pour juguler toute velléité de passage à l’acte. Lors de cette journée à laquelle ont participé des experts marocains en matière de sécurité, des spécialistes de la surveillance des crimes terroristes et de la cybercriminalité, les débets ont porté sur les causes directes et indirectes de l'extrémisme religieux. On amis le doigt sur les connexions, les modes de recrutements, les financements occultes  sans oublier une analyse minutieuse des moyens utilisés par les recruteurs pour mobiliser les jeunes, les endoctriner et les convertir à l'idéologie jihadiste.
Nouvelle stratégie
Pour un homme d’expérience comme l’ancien officier de la DST, Mohamed Agdid, qui a pris part à cette rencontre, cette journée a permis «d’identifier les forces et les faiblesses de l'institution (DST). Ce jour a également permis le partage d'expériences entre directions des renseignements et services chargés de la sécurité aux frontières. Nous allons maintenant dessiner une carte de l'extrémisme dans le royaume, qui s'étendra au-delà du territoire marocain pour englober les communautés marocaines à l'étranger, en particulier à cause de la vague du jihadisme salafiste ». Le but étant d’aller à la source du problème, combattre les idéologies à la source et éviter  à des milliers de marocains les chants de sirènes des extrémistes de tous crins. Cette nouvelle approche sécuritaire s’appuie encore une fois sur le terrain et un travail de documentation de grande envergure pour faire face aux menaces d’Al Qaida dans le Maghreb islamiste (Aqmi) qui a pris ses quartiers dans la région du Sahel et veut, à tous prix exporter la notion du jihad dans le Maroc et au Maroc.

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