De 2003 à 2013, les autorités
marocaines affirment avoir démantelé 113 cellules terroristes. La police a également
procédé à l’arrestation de 1256 personnes.
En dehors des attentats de l’hôtel Atlas
Asni de Marrakech en 1993, le Maroc n’est entrée dans le viseur d’Al Qaïda
qu’en 21003 avec les attaques visant Casablanca, le 16 mai. Le Maroc entame
alors une stratégie anticipative pour remonter les filières, débusquer les
cellules dormantes et mettre hors d’état de nuire de très nombreux activistes.
Aujourd’hui, on apprend par le ministère de l’Intérieur, à l’occasion du
dixième anniversaire des attentats de Casablanca, que les autorités marocaines
ont réussi à démanteler pas moins de 113 cellules terroristes. En effet, depuis
dix ans, il ne passe presque pas une semaine sans qu’un communiqué officiel
fasse état de l’arrestation d’un ou de plusieurs individus, membres de cellules
dormantes qui préparaient des actions terroristes contre des intérêts du pays. Il
s’agit là d’un plan sécuritaire qui préconise de devancer les desseins
criminels pour éviter des attentats sanglants dans le pays. Une politique du
résultat qui s’avère très efficace, puisqu’en dix ans, seul l’attaque du café
Argana de Marrakech, en avril 2011
a pu avoir lieu alors que bien
d‘autres attaques planifiées ont été déjouées au berceau, pour ainsi dire.
Vases
communicants
Il ne faut pas se
leurrer, la stratégie marocaine de
lutte contre le terrorisme ne date pas de 2003. Bien avant, les attaques de New York le 11 septembre 2001,
le Maroc était doté d’une structure solide pour remonter les filières afghanes
et bosniaques. Une base de données qui a permis de ficher, de cibler des
activistes non seulement sur le sol marocain, mais opérant dans d’autre pays
comme l’Espagne, l’Italie, la Turquie, la Grande-Bretagne, la France, la
Belgique et la Hollande. Le travail des services de renseignements marocains a
également facilité la donne aux services européens qui collaborent depuis, de
façon très étroite avec les autorités marocaine pour la traque des terroristes
affiliés à Al Qaïda. C’est grâce à cette avance sur le terrain et la
connaissance des multiples ramifications jihadistes et salafistes en action
dans le pays et ailleurs, que les 113 cellules islamistes ont été mise hors jeu. Cela a aussi permis l’arrestation de
1256 présumés terroristes, soupçonnés de préparer une trentaine d’actes, comme
le souligne le ministère marocain de l’Intérieur. Pour donner une idée du
travail accompli, il faut savoir que 266 opérations ont été mises en échec au
Maroc durant dix ans. 114 d’entre elles devaient se servir d’explosives. Ces
opération ciblaient 30 centres commerciaux, 27 sites touristiques, 16
représentations diplomatiques et 22 lieux de cultes juifs et chrétiens au
Maroc. Dans le même sillage, ces actions menées en amont ont permis d’éviter 40
tentatives de vols de banques dont 12 sur les convoyeurs d’argent et 14
visant des agences de distributions d’eau et d’électricité et des grandes
surfaces.
Expertise
internationale
Avec une telle expérience et un système de documentation aussi fourni, les
services marocains ont aidé à déjouer d’autres attentats dans d’autres pays
notamment en France et en Espagne. Mais cette expertise marocaine, reconnue
mondialement est appelée à évoluer vers une mise à niveau de la sécurité
nationale. En effet, une réunion a eu lieu le 10 mai 2013, à
Kénitra. Organisée sous l'égide de la Direction générale de la sûreté nationale
(DGSN), elle avait pour objectif la coordination des efforts sécuritaires visant
à lutter contre le phénomène de l'extrémisme religieux au Maroc et au sein des
communautés marocaines vivant à l’étranger. D’ailleurs, au Maroc on a constaté
depuis ces dix dernières années, l’implication d’un grand nombre de Marocains
dans des groupes terroristes opérant en Europe. Tous issus de l’immigration,
ces Marocains font aujourd’hui l’objet d’une surveillance accrue pour juguler
toute velléité de passage à l’acte. Lors de cette journée à laquelle ont
participé des experts marocains en matière de sécurité, des spécialistes de la
surveillance des crimes terroristes et de la cybercriminalité, les débets ont
porté sur les causes directes et indirectes de l'extrémisme religieux. On amis
le doigt sur les connexions, les modes de recrutements, les financements
occultes sans oublier une analyse
minutieuse des moyens utilisés par les recruteurs pour mobiliser les jeunes,
les endoctriner et les convertir à l'idéologie jihadiste.
Nouvelle
stratégie
Pour un homme d’expérience comme
l’ancien officier de la DST, Mohamed Agdid, qui a pris part à cette rencontre,
cette journée a permis «d’identifier les forces et les faiblesses de
l'institution (DST). Ce jour a également permis le partage d'expériences entre
directions des renseignements et services chargés de la sécurité aux frontières.
Nous allons maintenant dessiner une carte de l'extrémisme dans le royaume, qui
s'étendra au-delà du territoire marocain pour englober les communautés
marocaines à l'étranger, en particulier à cause de la vague du jihadisme
salafiste ». Le but étant d’aller à la source du problème, combattre les
idéologies à la source et éviter à
des milliers de marocains les chants de sirènes des extrémistes de tous crins. Cette
nouvelle approche sécuritaire s’appuie encore une fois sur le terrain et un
travail de documentation de grande envergure pour faire face aux menaces d’Al
Qaida dans le Maghreb islamiste (Aqmi) qui a pris ses quartiers dans la région
du Sahel et veut, à tous prix exporter la notion du jihad dans le Maroc et au
Maroc.
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