lundi 10 juin 2013

Augmentation de 52% du nombre de malades du Sida au Maroc: Le virus fait des ravages


Nadia Bezad, la présidente de l'Organisation panafricaine de lutte contre le sida (Opals) affirme que le nombre de personnes atteintes du VIH-Sida au Maroc a évolué de 52% entre 2007 et 2011. Une situation alarmante qui demande des actions en urgence.   
Le constat est grave. Très grave. «Dix nouvelles infections sont enregistrées par jour au Maroc. Quatre décès ont lieu quotidiennement et un enfant est infecté tous les trois jours», nous apprend Nadia Bezad, la présidente de l'Organisation panafricaine de lutte contre le sida (Opals). C’est sans appel. La situation du Sida au Maroc est plus qu’alarmante.  Cela pose sur la table la question des lacunes des stratégies adoptées pour lutter contre le sida au Maroc. En effet, depuis plusieurs décennies, les compagnes de sensibilisation  se succèdent, tentent de ne pas se ressembler toutes, pour un résultat effrayant : une augmentation du nombre des malades atteints du VIH-Sida de 52%. Quelles en sont les causes ? Et pourquoi la maladie frappe avec autant de force au Maroc ? Les réponses découlent du 6e congrès de l'Organisation panafricaine de lutte contre le sida (Opals) qui s’est penché, le 31 mai 2013, sur «Les droits à la santé sexuelle et reproductive et la prise en charge juridique des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et des populations les plus exposées au risque ». Le constata est d’autant plus terrifiant que  cette maladie terrassante  «continue de croître au Maroc et en Afrique du nord en général, au moment où elle est restée stable dans d'autres régions du monde». Pour l’une des plus grandes spécialistes du sujet, Dr Nadia Bezad, il s'agit là «de la preuve d'une insuffisance de coordination du fait de l'absence d'un conseil national de lutte contre le sida capable de fédérer toutes les énergies, de porter toutes les ambitions et de canaliser toutes les actions». Mais au-delà des dysfonctionnements administratifs au niveau de la vision nationale pour lutter contre le Sida, les Marocains ne se protègent pas. Ou pas bien.
Populations à risques
Pour Othmane Skali, spécialiste du terrain au sein de l’Association  de lutte contre le Sida (ALCS) à Marrakech, la prévalence nationale reste stable. Mais ce sont des catégories particulières qui enregistrent une hausse importante. Il s’agit de ce que l’on appelle les « travailleurs du sexe », c’est-à-dire des prostituées, mâles ou femelles, et des gens qui souffrent d’addictions aux drogues. Pour M. Skali, « aujourd’hui ce sont des villes comme Marrakech, Agadir et Casablanca où l’on note une nette augmentation chez les homosexuels. Si rien n’est fait en urgence pour cette population, on risque un passage au reste de la population marocaine.» En efeft, les prostituées femmes ou hommes et les hommes qui couchent qu’avec des hommes, n’officient pas qu’au sein d’e leur catégorie, de manière compartimentée. Ils peuvent aussi avoir des relations sexuelles avec  des non homosexuels. Ce qui est un danger à freiner avec un travail de terrain sérieux au près de ses populations à gros risques. L’autre catégorie qui présente des taux élevés est celle des drogués. La région du Nord du Maroc, à Tétouan, Tanger, Nador… est très touchée. On le comprend aisément, c’est là que l’on trouve d’ailleurs le plus grand nombre de toxicomane (voir Maroc Hebdo n 1024, pages 30-31).  Seringues qui se transmettent d’un usager à un autre, sexe non-protégé, absence de préservatifs, problèmes liés à l’hygiène… les causes ont nombreuses et nécessitent une réelle prise en charge de ces personnes aujourd’hui livrées à elles-mêmes, excepté le travail remarquables de quelques associations locales qui tentent de réaliser des exploits.
Droits humains
Aujourd’hui un autre volet est à l’ordre du jour pour les spécialités du Sida au Maroc. Il s’agit des droits juridiques des personnes atteintes et des groupes à haut risque. Pour Nadia Bezad,  la présidente de l'Opals, la communauté des personnes vivant avec le VIH-Sida souffre de rejet, de stigmatisation, d’ostracisme,, de discriminations…  «Il s'agit d'une composante importante longtemps délaissée alors que le volet des droits de l'Homme a fait une entrée remarquable au Maroc. On ne peut pas lutter contre le sida si on ne prend pas en considération cet aspect».  Une action concrète qui rassure de nombreux responsables comme le représentant de l'Onusida au Maroc, Karim Alami, pour qui l'élaboration d'une stratégie sur les droits de l'Homme et le VIH «va permettre de mener des actions concrètes en matière de lutte contre la stigmatisation et la discrimination dans les différents milieux, en particulier le milieu des soins et celui du travail». 

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