Nadia
Bezad, la présidente de l'Organisation panafricaine de lutte contre le sida
(Opals) affirme que le nombre de personnes atteintes du VIH-Sida au Maroc a évolué
de 52% entre 2007 et 2011. Une situation alarmante qui demande des actions en
urgence.
Le constat est grave. Très grave. «Dix nouvelles
infections sont enregistrées par jour au Maroc. Quatre décès ont lieu
quotidiennement et un enfant est infecté tous les trois jours», nous apprend
Nadia Bezad, la présidente de l'Organisation panafricaine de lutte contre le
sida (Opals). C’est sans appel. La situation du Sida au Maroc est plus
qu’alarmante. Cela pose sur la
table la question des lacunes des stratégies adoptées pour lutter contre le
sida au Maroc. En effet, depuis plusieurs décennies, les compagnes de
sensibilisation se succèdent,
tentent de ne pas se ressembler toutes, pour un résultat effrayant : une
augmentation du nombre des malades atteints du VIH-Sida de 52%. Quelles en sont
les causes ? Et pourquoi la maladie frappe avec autant de force au
Maroc ? Les réponses découlent du 6e congrès de l'Organisation
panafricaine de lutte contre le sida (Opals) qui s’est penché, le 31 mai 2013, sur «Les droits à la santé sexuelle
et reproductive et la prise en charge juridique des personnes vivant avec le
VIH (PVVIH) et des populations les plus exposées au risque ». Le constata
est d’autant plus terrifiant que cette
maladie terrassante «continue de
croître au Maroc et en Afrique du nord en général, au moment où elle est restée
stable dans d'autres régions du monde». Pour l’une des plus grandes
spécialistes du sujet, Dr Nadia Bezad, il s'agit là «de la preuve d'une
insuffisance de coordination du fait de l'absence d'un conseil national de
lutte contre le sida capable de fédérer toutes les énergies, de porter toutes
les ambitions et de canaliser toutes les actions». Mais au-delà des
dysfonctionnements administratifs au niveau de la vision nationale pour lutter
contre le Sida, les Marocains ne se protègent pas. Ou pas bien.
Populations
à risques
Pour Othmane Skali, spécialiste du terrain au sein de
l’Association de lutte contre le
Sida (ALCS) à Marrakech, la prévalence nationale reste stable. Mais ce sont des
catégories particulières qui enregistrent une hausse importante. Il s’agit de
ce que l’on appelle les « travailleurs du sexe », c’est-à-dire des
prostituées, mâles ou femelles, et des gens qui souffrent d’addictions aux
drogues. Pour M. Skali, « aujourd’hui ce sont des villes comme Marrakech,
Agadir et Casablanca où l’on note une nette augmentation chez les homosexuels.
Si rien n’est fait en urgence pour cette population, on risque un passage au
reste de la population marocaine.» En efeft, les prostituées femmes ou hommes
et les hommes qui couchent qu’avec des hommes, n’officient pas qu’au sein d’e
leur catégorie, de manière compartimentée. Ils peuvent aussi avoir des
relations sexuelles avec des non
homosexuels. Ce qui est un danger à freiner avec un travail de terrain sérieux
au près de ses populations à gros risques. L’autre catégorie qui présente des
taux élevés est celle des drogués. La région du Nord du Maroc, à Tétouan,
Tanger, Nador… est très touchée. On le comprend aisément, c’est là que l’on
trouve d’ailleurs le plus grand nombre de toxicomane (voir Maroc Hebdo n 1024,
pages 30-31). Seringues qui se transmettent
d’un usager à un autre, sexe non-protégé, absence de préservatifs, problèmes
liés à l’hygiène… les causes ont nombreuses et nécessitent une réelle prise en
charge de ces personnes aujourd’hui livrées à elles-mêmes, excepté le travail
remarquables de quelques associations locales qui tentent de réaliser des
exploits.
Droits
humains
Aujourd’hui un autre volet est à l’ordre du jour pour
les spécialités du Sida au Maroc. Il s’agit des droits juridiques des personnes
atteintes et des groupes à haut risque. Pour Nadia Bezad, la présidente de l'Opals, la communauté
des personnes vivant avec le VIH-Sida souffre de rejet, de stigmatisation,
d’ostracisme,, de discriminations… «Il s'agit d'une composante importante longtemps délaissée
alors que le volet des droits de l'Homme a fait une entrée remarquable au Maroc.
On ne peut pas lutter contre le sida si on ne prend pas en considération cet
aspect». Une action concrète qui
rassure de nombreux responsables comme le représentant de l'Onusida au Maroc,
Karim Alami, pour qui l'élaboration d'une stratégie sur les droits de l'Homme
et le VIH «va permettre de mener des actions concrètes en matière de lutte
contre la stigmatisation et la discrimination dans les différents milieux, en
particulier le milieu des soins et celui du travail».
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