lundi 10 juin 2013

Espionnage des frontières maritimes de l’Europe avec le Maroc : Close Eye braque les yeux sur le Maroc


Le projet Close Eye est entré en vigueur le 1ER avril 2013. Il s’agit d’un grand investissement de l’Union Européenne pour surveiller les frontières de la Méditerranée et surtout le Détroit de Gibraltar. Le Maroc est en ligne de mire.




Secret total autour du projet Close Eye, lancé par l’Union Européenne le 1er avril 2013. Toutes les précautions ont été prises pour ne pas faire de vagues autour d’un vaste chantier qui a commencé à espionner tout ce qui se passe dans le Détroit de Gibraltar en termes de trafics maritimes, déplacements humains, activités clandestines Il a fallu attendre le 7 mai 2013 pour qu’une note, publiée par la Compagnie méditerranéenne d’analyse et d’intelligence stratégique (CMAIS), rende compte des modalités de ce projet à haute teneur stratégique. En effet, tout a commencé avec la volonté de plusieurs pays cde surveiller en permanence tout ce qui se déroule  au Maghreb et surtout au Maroc, au niveau du Détroit de Gibraltar. Si l’objectif premier avoué est de mettre un terme à l’immigration clandestine, les pays qui ont participé au financement de l’opération Close Eye veulent également passer au peigne fin toute activité se déroulant sur la rive sud de la Méditerranée. Pour le gouvernement espagnol, les choses sont claires : les activités criminelles qui prennent de plus en plus de proportions dans le Détroit sont une menace à combattre en urgence, surtout que le nombre de réseaux maffieux opérant entre le nord et le sud de la Mare Nostrum a triplé en 10 ans. Comme l’a souligné le lieutenant-colonel espagnol José manuel Santiago, le 18 avril 2013, au cours d’une conférence de presse, ce réseau de caméras de surveillance doit donner « l’alerte rapidement sur ce qui se passe sans attendre qu’arrivent sur les côtes espagnoles ni les flux de migrants ni les mafias ». Autrement dit, l’Europe contrôle en amont, sur le sol nord-africain, au Maroc, en Algérie et ailleurs, tous les dangers susceptibles  de frapper en Europe.

Haute technologie
Qui dit surveillance d’une grande zone maritime s’étalant de l’Italie  à Sebta, en passant par les côtes françaises, les rivages espagnoles et les plages marocaines et algériennes,  dit gros moyens. Pour un premier budget de 12 millions d’Euros, Close Eye réunit le ministère de l’administration interne portugaise, l’Agence spatiale italienne, le Centre satellitaire de l’Union européenne, la société publique espagnole d’Ingénierie des systèmes pour la défense de l'Espagne( ISDEFE) et le ministère de la défense italien. Tous ces départements s sont mis sous la supervision du ministère de l’intérieur espagnol. Le projet baptisé en anglais dans les fiches de l’Union Européenne, « Collaborative evalutaion of border surveillance technologies in martime environment by pre-oprational validation of innovative solutions » à traduire par l’évaluation de la surveillance des côtes par le biais de technologies novatrices, a mis de son côté tous les atouts pour rendre efficaces toutes les opérations de contrôle. Cela va des drones qui balayent toute cette zones, y copris les côtes marocaines à des satellites télécommandés pour scruter le moindre mouvement.

Verrouillage hermétique
Close Eye qui  est financé par le septième programme-cadre de recherche et développement de la Commission européenne est mis en place pour une première durée de trois ans. Il vient compléter un autre programme qui implique le Maroc et l’Espagne pour la surveillance des zones maritimes des deux côtés des frontières maritimes. Il s’agit du Système intégré de surveillance extérieur (SIVE). Ce dernier projet entré en vigueur en 2002 semble aujourd’hui caduc et montre toutes ses limites. D’où l’urgence de le renforcer par un plan plus ambitieux et plus High-Tech. Ce que les ONG européennes appellent   «le mur électronique » séparant le Nord de la Méditerranée du Sud, est uniquement équipé de capteurs, certes puissants, capables de détecter toutes les embarcations en partance vers les côtes espagnoles. Aujourd’hui avec Close Eye, ce son t également la France et l’Italie qui bénéficient directement des données récoltés par les drones et les satellites.
Pour l’Union Européenne, il est question donc de verrouiller toutes les portes d’entrée vers son territoire. Mieux encore, la collaboration entre Close Eye, SIVE et le projet Frontex, l’agence gouvernementale qui gère les frontières extérieurs de l’Europe, sera renforcé en octobre 2013 avec un autre plan d’action, encore plus puissant, baptisé Eurosur. Les objectifs ne sont pas uniquement sécuritaires. Il s’agit également  de créer plus de liens entre l’industrie européenne en perte de vitesse et les compagnies sécuritaires qui planchent sur un verrouillage plus hermétiques des frontières pour sécuriser l’économie européenne. Eurosur, qualifié par l’agence Frontex comme « Le système  des systèmes », est destiné à espionner les frontières des pays du Sud de la Méditerranée et tous les pays de l’Europe de l’Est et de connecter les données entre elles, dans une seule structure sous  supervision de Frontex. 


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