Le projet Close Eye est entré en vigueur le 1ER
avril 2013. Il s’agit d’un grand investissement de l’Union Européenne pour
surveiller les frontières de la Méditerranée et surtout le Détroit de
Gibraltar. Le Maroc est en ligne de mire.
Secret
total autour du projet Close Eye, lancé par l’Union Européenne le 1er avril 2013.
Toutes les précautions ont été prises pour ne pas faire de vagues autour d’un
vaste chantier qui a commencé à espionner tout ce qui se passe dans le Détroit
de Gibraltar en termes de trafics maritimes, déplacements humains, activités
clandestines Il a fallu attendre le 7 mai 2013 pour qu’une note, publiée par la
Compagnie méditerranéenne d’analyse et d’intelligence stratégique (CMAIS),
rende compte des modalités de ce projet à haute teneur stratégique. En effet,
tout a commencé avec la volonté de plusieurs pays cde surveiller en permanence
tout ce qui se déroule au Maghreb
et surtout au Maroc, au niveau du Détroit de Gibraltar. Si l’objectif premier
avoué est de mettre un terme à l’immigration clandestine, les pays qui ont
participé au financement de l’opération Close Eye veulent également passer au
peigne fin toute activité se déroulant sur la rive sud de la Méditerranée. Pour
le gouvernement espagnol, les choses sont claires : les activités criminelles
qui prennent de plus en plus de proportions dans le Détroit sont une menace à
combattre en urgence, surtout que le nombre de réseaux maffieux opérant entre
le nord et le sud de la Mare Nostrum a triplé en 10 ans. Comme l’a souligné le
lieutenant-colonel espagnol José manuel Santiago, le 18 avril 2013, au cours
d’une conférence de presse, ce réseau de caméras de surveillance doit donner
« l’alerte rapidement sur ce qui se passe sans attendre qu’arrivent sur
les côtes espagnoles ni les flux de migrants ni les mafias ». Autrement
dit, l’Europe contrôle en amont, sur le sol nord-africain, au Maroc, en Algérie
et ailleurs, tous les dangers susceptibles de frapper en Europe.
Haute technologie
Qui
dit surveillance d’une grande zone maritime s’étalant de l’Italie à Sebta, en passant par les côtes
françaises, les rivages espagnoles et les plages marocaines et
algériennes, dit gros moyens. Pour
un premier budget de 12 millions d’Euros, Close Eye réunit le ministère de
l’administration interne portugaise, l’Agence spatiale italienne, le Centre
satellitaire de l’Union européenne, la société publique espagnole d’Ingénierie
des systèmes pour la défense de l'Espagne( ISDEFE) et le ministère de la
défense italien. Tous ces départements s sont mis sous la supervision du ministère
de l’intérieur espagnol. Le projet baptisé en anglais dans les fiches de
l’Union Européenne, « Collaborative evalutaion of border surveillance
technologies in martime environment by pre-oprational validation of innovative
solutions » à traduire par l’évaluation de la surveillance des côtes par
le biais de technologies novatrices, a mis de son côté tous les atouts pour
rendre efficaces toutes les opérations de contrôle. Cela va des drones qui
balayent toute cette zones, y copris les côtes marocaines à des satellites
télécommandés pour scruter le moindre mouvement.
Verrouillage hermétique
Close
Eye qui est financé par le
septième programme-cadre de recherche et développement de la Commission
européenne est mis en place pour une première durée de trois ans. Il vient
compléter un autre programme qui implique le Maroc et l’Espagne pour la
surveillance des zones maritimes des deux côtés des frontières maritimes. Il
s’agit du Système intégré de surveillance extérieur (SIVE). Ce dernier projet
entré en vigueur en 2002 semble aujourd’hui caduc et montre toutes ses limites.
D’où l’urgence de le renforcer par un plan plus ambitieux et plus High-Tech. Ce
que les ONG européennes appellent «le mur électronique » séparant le
Nord de la Méditerranée du Sud, est uniquement équipé de capteurs, certes
puissants, capables de détecter toutes les embarcations en partance vers les
côtes espagnoles. Aujourd’hui avec Close Eye, ce son t également la France et
l’Italie qui bénéficient directement des données récoltés par les drones et les
satellites.
Pour
l’Union Européenne, il est question donc de verrouiller toutes les portes
d’entrée vers son territoire. Mieux encore, la collaboration entre Close Eye,
SIVE et le projet Frontex, l’agence gouvernementale qui gère les frontières
extérieurs de l’Europe, sera renforcé en octobre 2013 avec un autre plan
d’action, encore plus puissant, baptisé Eurosur. Les objectifs ne sont pas
uniquement sécuritaires. Il s’agit également de créer plus de liens entre l’industrie européenne en perte
de vitesse et les compagnies sécuritaires qui planchent sur un verrouillage
plus hermétiques des frontières pour sécuriser l’économie européenne. Eurosur,
qualifié par l’agence Frontex comme « Le système des systèmes », est destiné à espionner les frontières
des pays du Sud de la Méditerranée et tous les pays de l’Europe de l’Est et de
connecter les données entre elles, dans une seule structure sous supervision de Frontex.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire