vendredi 14 juin 2013

Casablanca échappe à tout contrôle et pâtit d’une mauvaise gestion à tous les niveaux: La métropole de tous les dangers


La capitale économique du Maroc est un concentré de tous les maux qui frappent les grandes villes du pays. Entre crimes, misère, chômage et anarchie, il ne fait pas bon vivre à Casablanca.


 Casablanca est une ville dangereuse. C’est une métropole livrée à l’anarchie. Elle accuse plusieurs maux. Criminalité galopante, insécurité, violences urbaines, chômage, mauvaise gestion, spéculations immobilière à outrance, saletés, et pollutions, circulation infernale, problèmes de transports en commun, manque d’espaces verts… la listes des points noire est beaucoup plus allongée dans une mégapole de plus de 5 millions d’habitants qui étend ses tentacules dans toutes les périphéries absorbant tous les douars et petits villages avoisinants. Le résultat est un brassage qui occasionne plusieurs inconvénients. L’Eldorado qui, jadis servait de point de chute pour les exilés ruraux, est devenu une cité dortoir, pour certains. Mouroir, pour d’autres. L’offre de travail étant inférieur à la demande des flux incessants des jeunes sans emploi,  une bonne partie des jeunes finit dans la rue, livrés au vol et autres crimes. C’est simple, pour la Direction générale de la sûreté nationale, Casablanca est une ville où le crime prospère. Ce qui explique les multiples coups de filets de la police pour juguler le mal. Mais face aux proportions effarantes que le phénomène prend, on comprend aisément que c’est là une cité qui nécessite un plan particulier pour en finir avec les vols, les viols, les agressions à l’arme blanche, les meurtres et autres crimes odieux.


Criminalité galopante

En effet, les chiffres de la criminalité à Casablanca sont éloquents. Ils rendent compte de la dangerosité d’une ville qui échappe à tout contrôle. Rien qu’en août  2012, lors d’un vaste coup de filet à Casablanca, 2338 délinquants présumés ont été arrêtés. Parmi eux, 1849 ont été pris en flagrant délit.  Selon la police nationale,  ce tour de vis visait plusieurs bandes criminelles qui sévissaient dans le périmètre urbain de la capitale économique du pays.  Parmi les personnes arrêtées, 489 étaient recherchées par la police. Dans le tas, 1684 personnes avaient été interpellées puis relâchées après examen de leur cas. Et c’est toujours les mêmes chefs d’inculpation qui sont retenus par les services de police. Le vol est l’activité criminelle la plus florissante dans les plus grandes villes du Maroc.  263 personnes ont été arrêtées pour vols, dans 148 en flagrant délit. Quinze bandes qui commettaient des vols dans les résidences, les sociétés, les commerces et autres dépôts ont été démantelées et déférées devant le parquet sans oublier le trafic des drogues  qui a donné lieu en l’espace d’une semaine à  quelque 222 arrestations.

Marché ouvert

Les drogues font recette dans une ville où la jeunesse n’a d’autre occupation que l’oisiveté. Entre Hettistes et zonards, Casablanca est un marché de toutes les drogues. Cannabis, cocaïne, Héroïne, ecstasy, psychotropes de tous genres. Chaque jour, des centaines de personnes sont arrêtées. Et la prison d’Oukacha compte un grand nombre de jeunes condamnés pour trafic de drogues. L’atmosphère est claire : sous l’effet des drogues, les crimes sont plus récurrents et plus aisés. D’ailleurs, tous les spécialistes du vol à l’arraché opèrent sous anxiolytiques pour combattre leur peur. Cela, dans  certains cas, a même conduit à des meurtres, pour des broutilles : un sac à main ou une gourmette en or.
Le fléau affiche ses victimes dans toutes les places et grandes artères de la ville. Enfants marchant en bandes, ceux que l’on appelait les enfants des rues, sont aujourd’hui plus nombreux, plus aguerris, et n’hésitent pas à rejoindre les bandes criminelles qui leur apportent travail et protection… jusqu’au jour où la case prison appelle.

Jungle en béton

Mais Casablanca n’est pas uniquement une ville dangereuse parce que le crime y a élu domicile depuis longtemps. Non, la métropole est devenue, au fil des années, une ville hybride. Démographie effrénée, exode rural, extensions dans les périphéries, il faut bétonner à tous prix. La  cité a fini par ressembler à une jungle inhospitalière de béton. Les spéculations immobilières ont eu raison des dernières parcelles vertes de la ville. Plus un seul poumon qui servirait de soupape pour les habitants. Ajoutez à cela, les pollutions de tous genres, et vous avez un cocktail Molotov qui décime à tour de bras. Maladies chroniques, allergies, asthmes, complications pulmonaires, les médecins marocains ont, à chaque fois, sonné l’alarme. Mais que faire ? La ville  a dépassé les autorités. D’ailleurs, Casablanca est la seule ville du Maroc qui compte le plus grand nombre de crises au sein de son Conseil de la ville, autour de son maire, Mohamed Sajid (lisez l’article de Aissa Amourag, pages…). Les guerres intestines du pouvoir entre élus locaux passent avant les intérêts des citoyens. Ce qui explique la saleté qui ravage la ville, dans tous les quartiers. De Anfa supérieure à Sidi Moumen, pas un seul derb qui ne présente son lot de sacs poubelles éventrés, sur les grands boulevards, dans les ruelles, devant les commerces, sur la chaussée. C’est devenu presque une habitude. Les Casablancais ont pris leur mal en patience et font avec, faute d’être une priorité pour leurs élus.

Chantiers bâclés

Le visage que montrait cette ville, jadis, un joyau Art Déco, au temps des Français, est triste, moche et horrible, aujourd’hui. Alors, les responsables de la ville lancent des projets d’embellissement. Toutes ses opérations de lifting s’avèrent un ratage. D’abord l’exemple flagrant de la corniche à Ain Diab. Un projet de grande envergure dont les habitants de la ville attendaient des miracles. Il a accouché d’un ravalement de façade bâclé. Les boules qui ont coûté aux contribuables la bagatelle de 10 000 dhs pièce,  sont déjà rouillées. Les palmiers sont morts-nés. Une fois posés à cette  hauteur vertigineuse, ils n’avaient aucune chance de survivre, sauf  pour certains. Les balustrades sont bouffées par l’air marin parce qu’on n’a pas pensé que construire et aménager en bord de mer requiert des matériaux spéciaux pour que le bois, le fer et les murs ne soient pas atteints par le sel marin. Quant aux petits jardinets, c’est un danger. Les fils d’arrosage sont  toujours apparents aux côtés des fils électriques et les contours métalliques, censés protéger les jardins, ont disparu. En ce qui concerne la fameux marbre tant vanté, il a changé de couleur. Sale, triste, il fait de la Corniche, désignée pour être la ballade de la ville, un coin quelconque où des milliards ont été dépensés alors que les Marocains n’ont hérité que d’un chantier livré avant sa fin.
Ceci s’ajoute à d’autres ratages comme le boulevard d’Anfa que l’on a élargi en rasant de magnifiques arbres. Idem pour les artères empruntées par le circuit du Tramway, rien n’est achevé. De Mohamed V à Abdelmoumen en passant par Hassan II, Yacoub El Mansour ou encore cité Plateau, on trouve encore des déblais, des fils non raccordés, des jardinets non finalisés, des plantes mortes. Travail à la va-vite ou  non considération pour les Marocains ? Reste que c’est rare qu’un projet publics dans cette ville soit livré, clefs en main, dans les règles de l’art, sans qu’il y ait encore des choses à arranger, des trous à boucher…

Absence de culture
Normal qu’une ville aussi hybride et livrée à elle-même soit un centre sans le moindre rayonnement culturel. Exceptés  quelques galeries d’art et les centres culturels étrangers, pas le moindre musée, pas la moindre grande bibliothèque, érigés par la ville pour les habitants de la cité. Béton, cafés, téléboutiques et les bruits des klaxons en guise de concerts urbains. Les jeunes n’ont pas le choix.  Les loisirs, ce n’est pas dans des complexes sportifs aménagés qu’on va les vivre. Mais dans une crémerie, dos contre le mur dans les quartiers ou sur des deux roues battant le macadam à la recherche d’un portable à subtiliser.
Casablanca, la capitale économique du Maroc est une ville misérable. Une cité d’immenses disparités sociales. Une agglomération dangereuse qui nécessite d’urgence un plan Marshall pour la sauver. Sinon, il gangrènera d’autres villes, déjà lancées à brides abattues sur la même voie de déclin et de déchéance.



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