L’écrivain
britannique revient en force avec un roman drôle et vivace sur les classes
populaires anglaises. Entre vitriol et politiquement incorrect, c’est un Martin
Amis costaud qui est donné à lire.
Cette chère Angleterre dans ce
qu’elle de pathétique, de morbide et de trash. Livrée ici sous la plume acerbe
d’un Martin Amis qui a retrouvé pour le coup toute sa verve. L’auteur de
« Train de nuit » (1997)
et de La flèche du temps
(1991) passe son pays au crible et n’en rate pas une miette.
Rien de tel pour raconter la
dérive d’une nation que d’aller au près du caniveau, là où la vie racle le
macadam, sans discontinuer. C’est là que Martin Amis déniche un voyou, tout
droit sorti d’un film de Ken Loach. Aussi réaliste que sympathique. Il n’est
pas futé. Mais il n’est pas con, son héros déchu. Mais la chance sourit. Le
paumé patenté décroche la timbale. Il empoche l’Euromilion et devient une
vedette. Lionel Asbo (lisez aussi l’acronyme Anti social Behaviour Order) est
un personnage qu’on a n’a pas envie de fréquenter. Il est rustre, pas poli pour
un sou, il picole tout le temps, mate des films pornos et invective les gens à
longueur de journée. Bref, un gars d’aujourd’hui, dans toute la misère de sa
misérable existence. Comme le veut cette toujours bonne vieille Angleterre,
priorité à la vulgarité. C’est une priorité nationale comme le souligne Martin
Amis, lui-même. C’est une caste de types qui roulent leur bosse, touchent à
tout, décident de ne pas être intelligents, parce que cela nuit à la santé et
qui finissent, comme par hasard, un jour, par gagner au loto. Et quand Lionel
Asbo devient une icône nationale, sa décadence n’a plus de limite.
Le
pouvoir de l’argent
Le propos est ici très juste.
Nous sommes face à un type haïssable à tous les points de vue, pourtant, il est
adulé. Ce paradoxe nous met face à
une autre lecture de ce roman très actuel. Le monde moderne est tellement plat
que les loosers, ceux qui ne sont rien peuvent du jour au lendemain, devenir
des Noms célébrées à qui l’on déroule le tapis rouge et on fait des
salamaleks.
Martin Amis le résume très
bien : «Désormais, on est une star uniquement
parce qu'on est riche. Si l'on prend des célébrités comme Paris Hilton ou Kim
Kardashian, on remarquera qu'il ne s'agit pas
d'actrices ou de chanteuses. Ces gens ne sont rien, ne font rien, ne servent à
rien, comme le personnage de mon livre qui est un criminel, mais une grande
partie de l'humanité les adule.»
L’argent
érigé en table des lois. Le fric monté en autel religieux devant lequel on fait
des génuflexions. Le pognon qui fait d’un moins que rien à monsieur que l’on
doit écouter. Finalement, avec Amis, on se rend compte que la nouvelle
véritable religion, c’est la célébrité. Peu importe qui tu es, il suffit qu’on
te voit sur un écran et qu’on parle de toi, pour être important. Amen.
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