Fallait
s’y attendre. La première Femen marocaine devait se dévoiler, tôt ou tard. Si
une Tunisienne tient tête à tout un pays dirigé par des barbus, si en Egypte
d’autres filles ont osé le faire, pourquoi pas une Marocaine.
Apparemment,
l’épisode de seins nus et d’inscription sur la poitrine a eu lieu sur les beaux
remparts d’Essaouira. Une phot circulant sur les réseaux sociaux, montrent
une jeune femme, assez jolie,
cheveux au vent et un slogan qui doit pousser à réfléchir. En substance, la
jeune moitié-nudiste affirme qu’il
y en aura des millions de Femen venant du Maroc.
Autrement
dit, moi, j’ai ouvert le bal. Regardez celles qui vont suivre. Dans un sens,
c’est probable. Le Marocain adore suivre des modes aussi volatiles et
éphémères. C’est vrai qu’il est rare que l’on prenne une initiative du côté de
chez nous, mais si l’autre le
fait, on se lance et on copie le mouvement.
Ces
seins nus donnent à penser que les islamistes au pouvoir auront des voiles à
préparer pour couvrir toutes ces futures Femen en puissance annoncées par la
jeune d’Essaouira. Non seulement, il faut du tissu, mais il faut des
volontaires pour cacher ce que certains ne sauraient voir.
Qui
peut imaginer un adepte de la barbe et du turban aller discuter avec une jeune
concitoyenne qui a juste envie de manifester son désaccord ou alors tout
bonnement son point de vue sur une question donnée ? Dur à imaginer. Mais
surtout impossible.
Il
y a ce côté voyeur en chacun de nous qui dit que pourquoi pas, après le 20
février, un mouvement féministe qui tente d’en découdre avec la routine
ambiante. De l’autre, il y a le côté autocensure, très marocain aussi, qui
voudrait tuer l’œuf dans la coquille. Et on n’en parle plus.
Ce
que je dis moi est simple : il faut désormais s’habituer à ce type de
sorties inédites dans le paysage de la contestation à la Marocaine.
C’est-à-dire des saillies seins nus, des slogans différents, des demandes en
dehors du pain. Bref une autre littérature du refus à laquelle il faut trouver un décodeur adéquat. Et des
remèdes appropriés.
Et
dans la foulée, il faut ajuster les dispositions en place à cette super puissance de l’image qui
précède les freinages de coutume face à ce type de déshabillage physique et
spirituel.
Pour
la jeune marocaine d’Essaouira, les choses semblent ne pas avoir tourné comme
elle le voulait. D’ailleurs, elle le pressentait, puisque son message placardé
sur sa poitrine appelait le futur de tous ses vœux. C’est dire que chez les
manifestants marocains, il y a déjà une part de réalisme qui force le respect.
Ils savent que c’est presque un coup d’épée dans l’eau, mais ils y vont. La
suite, on verra…
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