Plusieurs espèces de rapaces du Maroc sont déjà éteintes.
D’autres sont en voie d’extinction. Trafics, braconnages, massacres… les
faucons pèlerins, les buses, le gypaète barbu et les vautours font recettes.
Un rapace à la
place Jamae L’fna ? Oui, au même titre qu’un serpent ou un singe magot.
C’est même devenu un fait courant. Il est vrai qu’il n’y en a pas des dizaines
comme les singes ou les vipères, mais le phénomène est inquiétant. Un faucon
pèlerin en captivité, montré comme une bête de foire, ou encore une buse voire
un gypaète barbu du Toubkal, il y a de quoi se demander comment arrêter la
convoitise des braconniers qui déciment les hauteurs de l’Atlas en massacrant
des espèces animales protégées par les lois marocaines.
Ce n’est pas
tout, en mai 2013, sur les réseaux sociaux circulaient un post d’un vautour
capturé dans la région d’Azilal. Le rapace a été tué et son prédateur était fier de montrer son
grand exploit sur la toile. Plusieurs ornithologues marocains avaient alors
réagi en choeur pour dénoncer ce massacre. Car l’épisode d’Azilal n’est pas un
cas isolé.
Dans plusieurs
régions, les rapaces, espèces protégées, font les frais des chasseurs d’un
jour, de simples citoyens qui les piègent à la nuit tombée quand ils sont au
repos ou alors de trafiquants qui les revendant à des touristes, font de la
contrebande avec l’Algérie, comme cela a été le cas, le 16 juillet 2013, avec cette cargaison de plus de 300
oiseaux, qui devaient transiter par Oujda vers l’Algérie sans l’intervention de
la gendarmerie royale qui a intercepté les malfaiteurs.
Dans ce sens, Oussama
Abaouss, un défenseur connu des oiseaux de proie a publié sur son site
Ecologie.ma, des photos prises à Jamae L’fna montrant le sort réservé à ces
magnifiques rapaces. Pour lui, «ces
oiseaux sont maltraités, leurs ailes coupées, pour qu’ils ne s’enfuient pas ».
Rapaces urbains
Finie l’époque
où les faucons étaient un emblème national à telle enseigne que dans les années
1973, des timbres à leurs effigies ont fait les beaux jours de la poste et de
la philatélie au Maroc. Aujourd’hui, un faucon, c’est de l’argent qui vole et
il faut l’abattre pour en faire des bénéfices. Selon les ornithologues
marocains qui travaillent sur le terrain, un faucon capturé peut être vendu
entre 1000 et 5000 euros. Des anecdotes racontent que certains faucons ont vu
leur prix gripper à 250 000 dhs comme cet épisode survenu en 2007, relayé par
la presse marocaine et égyptienne sur ce citoyen saoudien, qui a égorgé son
faucon acheté au Maroc parce que les autorités douanières du Caire lui avaient
confisqué son oiseau. Evidement le prix est exorbitant.
Mais là n’est
pas le plus important. Aujourd’hui, selon plusieurs sources des dizaines de
rapaces traversent le détroit en voiture et sont vendus à bon prix. Touristes,
MRE, collectionneurs, les clients sont légion. Il faut juste trouver les
rapaces.
Trafic juteux
A Casablanca,
deux jeunes touristes espagnoles ont posté des tweets à leurs amies à Séville
leur parlant de trois buses qu’on leur a proposé à 1000 dhs l’unité. Il faut
dire que Casablanca, depuis plus de dix ans est devenu l’habitat bétonné pour
des milliers de faucons pèlerins, des buses et autres chouettes.
Pourtant, les
lois sont là. Mais qui s’en soucient ? Car tout acte de braconnage ou de
chasse de ces espèces protégées est passible de condamnation. L'article 63
est clair : « quiconque utilise des moyens ou des substances susceptibles
d’entrainer la mort de spécimen d’espèce de flore et de faune sauvages ou de
nuire à leur reproduction, à leur multiplication ou à leur milieu naturel »,
est puni d’une amende de 5 000 à 100 000 dirhams selon l’espèce. Le même
verdict est réservé à toute
personne qui «détient, transporte, vend, met en vente, achète, utilise à des
fins commerciales » ce type d’espèce sans autorisation préalable du département
des Eaux et Forêts.
C’est
d’ailleurs ce département qui est censé veiller au respect de ces espèces
menacées. Faut-il croire que ce n’est pas là une priorité écologique
nationale ? A coup sûr, non. Mais les actes vont s’amplifiant.
Aujourd’hui, les gens ont découvert le filon. Ils ont vu qu’il y a de l’argent
à se faire. Alors les techniques de capture sont de plus en plus sophistiquées.
Certains organisent même des sorties, escaladent des montagnes, dresse des
pièges à l’aide de grands filets pour
attraper des milans ou des aigles royaux comme cela a été vu dans la
région du Nord du côté de Oued Lao ou encore à Méknes.
Encadré
Le gypaète barbu en territoire
ennemi
Le mont Toubkal est désormais le seul
endroit au Maroc où l'on peut apercevoir le gypaète barbu, ce rapace protégé
par la loi mais actuellement au bord de l'extinction. De 1905 à 1980, le gypaète barbu vivait dans toutes les
montagnes du Maroc et même à très faible altitude.
De 1980 à 2000, il a disparu
dans le Rif et on ne le trouvait plus que dans le Haut Atlas et l'Anti-Atlas.
A
compter de 2001, Ce rapace n'a été aperçu que dans 4 secteurs : Toubkal,
Haute Tessaout, M'Goun et Haut Ahansal dans le Haut Atlas. Aujourd’hui les
ornithologues affirment qu’il ne lui reste que peu de temps avant de
disparaître complètement.
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