Youssef Amrani, le ministre délégué aux Affaires étrangères et à
la Coopération parle des relations entre le Maroc et l’Espagne et dresse une
feuille de route des perspectives d’avenir entre Rabat et Madrid.
Abdelhak Najib: Le
Maroc accueille le Roi d'Espagne, Juan
Carlos, pouvez-vous nous éclairer sur le cadre dans lequel s'effectue cette
visite?
Youssef
Amrani : Il est essentiel de souligner que cette visite s’inscrit sous le
signe de l'amitié solide qui lie Sa Majesté le Roi Mohammed VI et SM le Roi Juan Carlos. Elle revêt
une importance particulière car elle coïncide avec la reprise de l’agenda
diplomatique international du souverain espagnol. Elle constitue un nouveau
jalon dans le processus de raffermissement des relations bilatérales que je
qualifierai de denses, riches et stratégiques.
On a senti une réelle volonté de part et d’autre pour
consolider les bases d’une alliance et d’un rapprochement ambitieux entre Rabat
et Madrid
Youssef
Amrani : Les deux pays
conjuguent leurs efforts pour élever leurs relations à un nouveau seuil en
phase avec leurs ambitions partagées. Je rappelle dans ce sens que l’Espagne
considère notre pays, comme un des pays prioritaires dans sa politique
extérieure. Cette visite permettra notamment d’explorer de nouvelles
perspectives de coopération
fondées sur des partenariats innovants et de tirer profit des complémentarités
et des opportunités d’affaires
entre les deux Royaumes.
Mais ces relations entre les deux pays n'ont pas toujours été un fleuve tranquille. Leur cours a été quelquefois mouvementé, surtout sur le plan politique. Quel bilan aujourd'hui ?
Les
relations maroco-espagnoles se distinguent aujourd’hui, par la volonté commune
d’inscrire la relation bilatérale dans la durée et de transcender les
conjonctures politiques. La 10ème Réunion de Haut Niveau, tenue à Rabat en
octobre 2012, a permis d’asseoir les bases d’un partenariat stratégique entre
les deux pays, d’institutionnaliser un dialogue politique renforcé, de
promouvoir un partenariat économique ambitieux et de conforter les liens
culturels, sociaux et humains entre les deux Royaumes.
A quels niveaux, plus
concrètement ?
Youssef Amrani : pour
illustrer la qualité des relations bilatérales, je citerai le dialogue politique, les consultations et la
concertation étroite et fréquente entre les hauts responsables des deux pays,
qui a permis d’asseoir les bases d’une compréhension réciproque ainsi qu’un
grand rapprochement de leurs politiques respectives. Je citerai également la coopération sécuritaire, qui nous a permis d’obtenir des
résultats importants et tangibles. La coopération a atteint un stade de
maturité qui permet de contrecarrer efficacement les menaces sécuritaires crées
par la situation fragile dans la région sahélo-saharienne qui met en péril non
seulement la stabilité et la sécurité des pays de la rive sud de la
méditerranée mais également, compte tenu des effets transnationaux
d'entrainement, touchent aussi la
rive nord et particulièrement l'Espagne.
les relations entre les deux pays ont aussi pâti d’une mauvaise compréhension au niveau des sociétés civiles des deux pays ?
Youssef Amrani : En effet, la société civile espagnole s’implique de plus en plus au Maroc à travers plusieurs projets sociaux dans plusieurs régions du pays. Il nous appartient aujourd’hui, plus que par le passé, de renforcer ce dialogue qui a été instauré entre les acteurs de la société civile pour dépasser les stéréotypes qui ont caractérisé nos différentes perceptions. Il nous faut plus d’initiatives pour améliorer la compréhension mutuelle et les images respectives. C’est dans cet esprit que s’inscrit la création du forum parlementaire Maroc/Espagne, qui constitue une instance de dialogue privilégié et de prise d’initiatives conjointes entre les parlementaires marocains et espagnols.
A la lumière de cette entente, quelles perspectives d’avenir ?
Youssef Amrani :
Parallèlement à cette diversité des
relations bilatérales, j’ajouterai que le couple Maroc/Espagne se distingue par
sa capacité à se projeter dans son environnement régional. Il constitue un
tandem écouté et respecté par tous les acteurs concernés par les réalités
euro-méditerranéennes. Ceci se traduit par une étroite collaboration et
coordination d’abord au sein de l’UE ainsi que la prise d’initiatives
conjointes au niveau des organismes régionaux et internationaux, tels que l’UpM,
l’initiative 5+5 ou le dialogue méditerranéen ou tout récemment l’initiative
sur la Médiation.
La présence économique espagnole au Maroc n'est plus à démontrer. Pensez-vous que malgré le contexte de crise, la coopération maroco-espagnole pourrait s'ouvrir d'autres horizons?
Raison de
plus ! Ce contexte de crise nous pousse à aborder tous les défis avec un
grand esprit de coopération, à la recherche de nouvelles opportunités à saisir,
les deux pays n’ont d’autre choix que de fonder un avenir commun. Les deux
Royaumes peuvent et possèdent les instruments et atouts nécessaires pour tirer
profit de ce contexte de crise économique et financière. N’oublions pas que le
Maroc offre aux entreprises espagnoles des opportunités de développement et
d’expansion à l’international grâce aux facilités accordées et aux réformes
engagées, et n’oublions surtout pas que notre pays pourrait profiter de la
crise pour attirer plus d’investisseurs espagnols, créer de la richesse, et
dynamiser par conséquent et le marché de l’emploi.
Comment cela se traduit-il sur le terrain ?
Youssef Amrani : Les deux pays œuvrent à mettre en
place des politiques efficientes qui favorisent une
coopération économique renforcée, en intensifiant, à titre d’exemple, les
échanges de visites, au niveau des
responsables ou des délégations économiques.n Forte d’une présence au Maroc de
800 entreprises et plus de 20.000
entreprises qui disposent de liens d’affaires et d’intérêt économiques directs
et indirects au Royaume, L’Espagne
est devenue le premier partenaire fournisseur du Maroc en termes
d’échanges commerciaux et l’un des principaux investisseurs. Ceci
est la preuve d’une véritable relance de cette relation bilatérale, raison pour
laquelle nous sommes déterminés à explorer, à travers la modernisation et la
rénovation des mécanismes et des instruments de ce partenariat, de nouvelles
niches et des secteurs prometteurs en phase avec le potentiel et les priorités
du Maroc.
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