jeudi 4 juillet 2013

Essai: «L'Épître des ombres et des trombes» d’Ibn Shuhayd





Il s’agit là d’un grand classique de la poésie et de la pensée arabes. Ibn Shuhayd (992 - 1035) qui fait partie d’une longue lignée de hauts dignitaires liés à la famille omeyyade, a passé toute sa vie (courte, du reste) à une période marquée par les troubles politiques, les guerres des courants religieux islamiques et surtout les soulèvements populaires. Ce qu’on appelle la fitna a servi de décor à sa poésie. D’ailleurs ce sont ces événements qui ont conduit au renversement de ses protecteurs et à la chute du califat de Cordoue. Pour les exégètes, Ibn Shuhayd a toujours été décrit comme un poète libre et libertin. Certains affirment qu’il a été d’un orgueil démesuré qui l’a conduit au devant de nombreuses déceptions.  D’ailleurs, ce texte, sous forme d’épitre proposée aujourd’hui par Actes Sud/Sindbad, dans la collections les classiques, peut être le fruit de cette vanité qui a accompagné Ibn Shuhayd tout au long de sa carrière.  Il s’agit d’un texte composée en partie pour faire valoir ses qualités d’homme de lettres et son aptitude à égaler les plus célèbres de ses modèles. Y parvient-il ? il faut lire.  On a connu bien plus profonde poésie arabe surtout à cette période de tensions. Ici, le poète retrouve une ombre qui va l’aider à écrire. Une sorte de muse, d’inspiration qui le conduit dans la vallée où, selon la mythologie arabe, vivent les génies inspirateurs des poètes et prosateurs du passé. C’est là qu’il va rencontrer ses illustres aînés comme Imru-l-Qays  et Mutanabbî, de loin d’immenses poètes doublés de grands penseurs. Cette épître, composée vers 1030, est unanimement considérée comme un chef-d’oeuvre de la littérature arabo-andalouse.

Editions Actes Sud/Sindbad. Collection Les classiques

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