Roman : Le grand
écrivain New yorkais, Paul Auster, signe un magnifique texte sur sa vie et son
parcours. Décliné à la deuxième personne, « Chronique d’hiver » fait
écho à « L’invention de la solitude », écrit il y a trente ans.
Ce
n’est pas là le portrait d’un homme de lettres, un littérateur qui revient sur
plus de trois décennies d’écriture pour nous livrer un récit concis, et parfois
fier sur la carrière, le travail accompli et autres autosatisfaction. Rien de
tel chez Paul Auster, dans ce magnifique livre qu’est « Chronique d’hiver ».
L’auteur est un acteur dans un monde qui se crée devant lui et dont il
participe aux mutations. A soixante-quatre ans, Paul Auster commence à voir sa
vie derrière lui. Le rétroviseur est ici à double sens. Il sert de miroir qui
reflète une vie, avec toutes ses variations. Et de lanterne qui luit, loin de
vue, pour illuminer ce qui peut venir, ce qui adviendra, ce qui n’est pas
encore là.
Tout
défile dans le passé. On retrouve le jeune américain, féru de Base Ball, qui
aime les femmes et dé »couvre toute la puissance du corps. Puis, on est
face à un autre Paul, aux prises avec les contingences de la vie. Amour,
passion, déceptions, rage, espoir naissant, et le texte, l’écrit, la page
blanche, le livre qui naît.
Quête de soi
Paul
Auster fait partie de ces rares écrivains américains qui ont une telle force
que le récit rend avec grande simplicité. Comme chez un autre gênât des lettres
américaines, Jim Harrison, toute l’oeuvre de Paul Auster est finalement centré
sur l’humain. Sur l’homme, ce Paul que l’on connaît depuis L’invention de la
solitude, puis que l’on a suivi à travers Léviathan, Tombouctou, Dans le
scriptorium, Invisible et tant d’autres romans où il est toujours question du
rapport de l’homme à son texte. Une textualité qui n’est pas jamais linéaire,
mais qui embrasse la vie selon d’autres exigences temporelles.
Chez
Paul Auster, c’est la vie qui prime. La vie et la mort, qui est toujours là,
tapie, quelque part, mais qui est jusque-là vaincue par plus fort
qu’elle : la volonté de vivre, la force de respirer, l’infini du mot qui porte le secret des
choses en ses confins. C’est cela l’écriture de Paul Auster, une réelle
plongée en soi, pour se retrouver,
en son épicentre disloqué, mais toujours opérationnel. Car dans cette œuvre, il
n’y a pas de place pour la perfection. Tout est à dimension humain où la peur,
l’échec et l’incertitude tiennent aussi une grande place. Humain quoi.
Editions Actes Sud. 260 dhs.
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