Le Maroc a décidé de combattre les polychlorobiphényles (PCB). Une première phase de ce programme
s’est achevée en juin 2013. La
deuxième phase débute vers la fin de l’année pour réduire l’impact de ces
déchets chimiques sur la santé humaine et animale au Maroc.
C’est très dangereux. C’est
même mortel à long terme. L’exposition chronique aux polychlorobiphényles
dits PCB provoque, comme l’attestent tous les chercheurs du monde, et en
premier lieu les spécialistes marocains, l’affaiblissement du système
immunitaire, endocrinien et reproducteur. Etant des substances non biodégradables
et persistants dans l’environnement, ils s’accumulent le long de la chaîne
alimentaire et finissent par envahir le sol, l’air, les nappes phréatiques et
tous types de sédiments. Ils touchent les animaux, le poisson et surtout
l’homme. On peut les trouver dans la nourriture que l’on ingère au quotidien. Les spécialistes nous apprennent que la concentration des
PCB, qui sont des produits dits « lipophiles » se fait au niveau des
tissus gras. On peut donc les retrouver en quantité importante dans tous les
types de graisses.
Programme
national
Au Maroc, l’industrie a usé et abusé des
polychlorobiphényles. L’étendue des dégâts est très importante. Mais la
prise de conscience même tardive a fini par avoir lieu. Un programme sérieux a
été mis en place pour endiguer les effets dévastateurs de ce type de produits
sur la santé humaine et animale. Mais aussi sur la santé écologiques du sol et
de la mer.
En effet, il s’agit là d’un programme important pour
le Maroc. Plusieurs entreprises se sont équipées de matériel adéquat pour
éliminer les PCB. Cette
initiative, unique en Afrique et dans la région arabe, est accompagnée
financièrement par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et le Programme
des Nations unies pour le développement (PNUD). Les objectifs de ce
programme national sont clairs : une meilleure gestion des déchets et
ensuite l’élimination sécurisées des appareils et des déchets contenant ou
contaminés aux PCB. Cela vise en premier lieu les appareils électriques tels que les transformateurs, les
condensateurs, les régulateurs… Pour le ministre marocain de l’Énergie, des
mines, de l’eau et de l’environnement, Fouad Douiri, «Le Programme PCB en cours
de réalisation depuis 2010 au Maroc, vise la mise en place d’un cadre
réglementaire de gestion des PCB, le renforcement des capacités nationales en
matière de gestion écologiquement rationnelle des PCB et l’élimination
sécurisée, à l’horizon 2014 de l’ensemble des appareils contenant ou
contaminés aux PCB inventoriés au niveau national». Un vœu pieux, mais
difficile à réaliser. Toutes les
entreprises n’étant pas prêtes, pour des raisons qui leur sont propres de
passer à un nouveau type de matériel plus sûr et respectueux de l’environnement
et de la santé humaine.
Collecte et
élimination
Quoi qu’il en soit, les premiers résultats de ce
programme marocain sont très encourageants, malgré la réticence de certains à
passer à un mode de production plus responsable. De fait, la première phase du plan d’action national a
permis l’évacuation de 60 sites concernés par les PCB. Cela a aussi
conduit à l’élimination sécurisée de 996 appareils d’un poids total de 600 tonnes
appartenant à 19 institutions. Cela a concerné des offices nationaux, des
administrations publiques, des sociétés privées, des facultés et des hôpitaux.
Pour la période 2013-2014, d’autres objectifs sont ciblés : en
premier lieu la mise en place d’une plate-forme juridique pour gérer ce fléau.
Ceci passe par l’adoption d’un cadre réglementaire sur la gestion sécurisée des
PCB. Ensuite, il faut s’attaquer plus sérieusement à la collecte, l’évaluation
et l’exportation de tous les appareils à PCB hors service pour éliminer toute
trace de leur impact sur l’homme. Enfin, il faut procéder à la mise en place et
l’exploitation d’une unité locale de traitement des appareils en service
contaminés au PCB.
Menaces
grandissantes
Si l’on ajoute aux effets des PCB les autres déchets industriels, le tableau est noir. Pire,
il faut aussi compter avec les pesticides et les insecticides. Selon des
chiffres officiels, l’industrie marocaine produit environ 1,5 million de tonnes
par an de déchets industriels. 256 000 tonnes sont des déchets jugés
très dangereux pour l’homme. Pourtant, on peut le constater sur le terrain, ces
substances toxiques finissent dans la nature, jetées dans des décharges
sauvages ou dans les cours d’eau sans aucun traitement ni contrôle.
On l’a
bien vu avec la contamination de plusieurs bassins d’eau, de petites rivières
ou même de certaines zones
marines, où l’on déverse les rejets industriels à proximité des grandes villes.
Le poisson est contaminé et l’homme en paie le lourd tribut.
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