Le cèdre de
l'Atlas vient de faire son entrée dans la liste rouge des espèces menacées de
disparition au Maroc. En cause le braconnage, la surexploiatation et les
parasites, faute de soins et d’intérêt.
L’UICN, (l‘Union
internationale pour la conservation de la nature) vient de rendre publics les
résultats de ses travaux sur le cèdre au Maroc. La liste des espèces en voie de
disparition pour l’année 2013 vient de s’élargir avec l’entrée du cèdre
marocain. Un rapport détaillé, réalisé par de nombreux chercheurs qui ont travaillé
sur le terrain durant plusieurs années,
montre à quel point l’hécatombe est de taille. En effet, selon les
spécialistes, «le cèdre figure parmi les 34% de conifères menacés d’extinction,
soit une augmentation de 4% depuis 1998. » Le cèdre de l’Atlas, connu
aussi sous le nom de Crus Atlantica est aujourd’hui en danger. Les raisons sont
simples pour les rapporteurs de l’UICN. Ces derniers estiment que la
surexploitation et les différents parasites qui l’attaquent sont les
principales causes de ce danger.
Coupe de bois
Pour les connaisseurs, le
bois de cèdre est l’un des plus beaux. Il est aussi très convoité par de
nombreux artisans qui le travaillent pour réaliser des meubles. De nombreux
menuisiers affirment que le cèdre est aussi très cher et peut rapporter gros.
Un filon connu depuis plusieurs années, mais depuis dix ans, le phénomène s’est
amplifié. C’est simple, pour approvisionner les manufactures soit dans la
région de l’Atlas mais aussi dans des villes comme Fès ou Meknès ou encore dans le nord à Tétouan et plus
au sud à Essaouira, les braconniers s’activent derrière une entreprise très
juteuse. Certains accusent même ouvertement les gardes forestiers de fermer les
yeux face à ce braconnage qui rapporte gros. D’autres activistes écologistes
pointent du doigt le Haut Commissariat aux eaux et forêts qui doit mettre en place une stratégie forte et efficace pour barrer la
route aux coupeurs clandestins de bois qui sévissent non seulement dans l’Atlas mais aussi dans certaines régions
du rif où le cèdre pousse encore. Pour un écologiste comme Michel Tarrier, qui
a souvent tiré la sonnette d’alarme pour sauver ce qui encore peut l’être, les
choses sont graves : « Tous sont responsables, du berger au garde
forestier, mais sont surtout coupables les propriétaires absents qui confient
des effectifs surnuméraires de moutons à des bergers locaux.» pour traire dans
des zones de forêts où la qualité du sol paie un lourd tribut à ces pratiques
qui font fi du repos de la terre, de la relation entre eau et arbres. C’est cet
équilibre fragile qui est aujourd’hui au centre de toutes les préoccupations.
Les spécialistes sont
unanimes. Une forêt ne peut être sauvée que soi elle garde son écosystème
protégé loin des agressions des bergers, des braconniers et de la coupe
irrationnelle de bois. Chaque arbre qui tombe est une perte séculaire irremplaçable. Surtout que derrière,
il n’y a aucune politique de revivifier la forêt en procédant par période de
plantation qui peuvent aboutir, à très long terme à régénérer la flore et donc
la faune. Car dans ce processus de destruction du cèdre, il ne faut pas oublier
que c’est l’habitat naturel de plusieurs espèces d’oiseaux et d’insectes,
importants pour l’équilibre de l’écosystème qui est à jamais détruit.
Un patrimoine national
Le pire c’est qu’en
s’attaquant au cèdre de l’Atlas, on porte un coup fatal à une espèce de plante
qui à elle seule représente la
moitié de la biodiversité marocaine. Pour l‘Union internationale pour la
conservation de la nature si le cèdre disparaissait, ce sont toutes les autres
variétés végétale qui dépendent de sa présence qui vont disparaitre. Un effet
domino qui peut entrainer une
catastrophe écologique pour toute la région, mais aussi pour le Maroc dont
l’Atlas reste l’unique poumon vital, vu que le Sud, l’Est et de larges parties
du centre sont menacés par la désertification.
Su un plan environnemental,
les choses sont encore graves. On sait que la déforestation peut engendrer la libération des
quantités de carbone très importante dans l’atmosphère et renforce ainsi le
réchauffement climatique. Aujourd’hui, la superficie totale des cédraies
marocaines atteint quelque 131.800 ha. On les trouve essentiellement dans le
Moyen Atlas, le Rif et le Haut Atlas. Comme c’est un conifère qui ne peut vivre
qu’en haute altitude, dans des zones montagneuses allant jusqu’à 2500 m, le
cèdre peut mettre plus de trente ans avant d’atteindre l’âge adulte, c’est dire
que chaque arbre mutilé aujourd’hui, demande plusieurs décennies pour repousser.
Les chercheurs demandent
donc une meilleure gestion de ce patrimoine marocain laissé à la dérive. Il faut arrêter les coupes de bois. Il
faut interdire le braconnage, et veiller au respect des zones qui doivent être interdites d’accés.
Et surtout éviter de faire de la
forêt une zone de pâturage pour les différents cheptels de la région.
Il est vrai que nous sommes face à des régions où les
villages n’ont d’autres choix que de faire brouter leur moutons dans le voisinage du cèdre, mais il y a
un choix à faire : protéger la nature ou la précipiter dans la
surconsommation au risque de faire disparaître toute vie végétale importante
dans les montagnes du Maroc.
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