L’écrivain
suisse Martin Suter livre un roman construit sous forme d’une intrigue,
enveloppé dans un mystère, le tout empaqueté dans un secret qui se révèle
palpitant à la fin.
Tout commence avec un crime. Un meurtre. De
sans froid. Peter Taler, un homme
de 42 ans, travaille comme comptable. Le destin vient de s’abattre sur lui en
lui enlevant sa femme, abattue devant chez eux. La tranquillité de la banlieue de Zurich est perturbée par ce
drame. Une enquête s’ouvre, la
police tente de trouver le coupable. Rien n’y fait. C’est un ratage. On ne
connaîtra pas le criminel. Pas de témoin, aucun indice. Bref, il faut se faire
une raison pour Peter Taler. Mais il est décidé à aller plus loin. La première piste est celle d’un voisin
âgé, Albert Knupp, qui peut-être en sait plus qu’il n’en dit. Taler se lance
dans ce tourbillon de faits et de mémoire pour en savoir plus… et pourquoi pas,
trouver le tueur et se venger.
Quand Peter rencontre son voisin
octogénaire, il se rend très vite compte qu’il a en face de lui un personnage
pour le moins atypique. Pour le vieux le temps est une supercherie. Lui, qui
passe du temps à mesurer ses plantes, soutient l’idée que les heures sont une
illusion.
Pied de nez
Seules les modifications de la physique sont
réelles. C’est dans cette optique que Knupp travaille au projet fou de
reconstituer à l’identique une journée marquée de fer rouge dans sa
mémoire : le 11 octobre 1991. C’est la date de la mort de son épouse, il y
a plus de vingt ans. Pour le jardinier du temps, revenir à cet instant pourrait faire revenir sa femme,
morte. Taler est à la fois séduit et sceptique. Mais pourquoi pas, c’est sa
femme pouvait revenir…
Pour son dixième roman, Martin Suter joue
avec le temps. Il joue aussi avec les faits, les situations, les conséquences
qui en découlent, les rêves et les espoirs. Jusqu’au bout du roman, à travers
de nombreux comparses, tous décrits, avec bonheur, Martin Suter, multiplie les manœuvres pour noyer le
poisson, nous emmener sur de
mauvaises pistes et en créer d’autres, au tournant. Roman lucide, bien
construit, Le temps, le temps, est une parodie de la vie, un pied de nez face à
chaque bribe de vie accrochés à la dure loi des secondes qui défilent. Avec
humour, beaucoup d’ironie, ce roman
est une réelle démonstration de force de la part d’un Martin Suter bien
inspiré.
Editions
Christian Bourgois.
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