mardi 1 octobre 2013

« Le temps, le temps » de Martin Suter : L’homme qui en savait peu


L’écrivain suisse Martin Suter livre un roman construit sous forme d’une intrigue, enveloppé dans un mystère, le tout empaqueté dans un secret qui se révèle palpitant à la fin.





Tout commence avec un crime. Un meurtre. De sans  froid. Peter Taler, un homme de 42 ans, travaille comme comptable. Le destin vient de s’abattre sur lui en lui enlevant sa femme, abattue devant chez eux.  La tranquillité de la banlieue de Zurich est perturbée par ce drame.  Une enquête s’ouvre, la police tente de trouver le coupable. Rien n’y fait. C’est un ratage. On ne connaîtra pas le criminel. Pas de témoin, aucun indice. Bref, il faut se faire une raison pour Peter Taler. Mais il est décidé à aller plus loin.  La première piste est celle d’un voisin âgé, Albert Knupp, qui peut-être en sait plus qu’il n’en dit. Taler se lance dans ce tourbillon de faits et de mémoire pour en savoir plus… et pourquoi pas, trouver le tueur et se venger.
Quand Peter rencontre son voisin octogénaire, il se rend très vite compte qu’il a en face de lui un personnage pour le moins atypique. Pour le vieux le temps est une supercherie. Lui, qui passe du temps à mesurer ses plantes, soutient l’idée que les heures sont une illusion.
Pied de nez

Seules les modifications de la physique sont réelles. C’est dans cette optique que Knupp travaille au projet fou de reconstituer à l’identique une journée marquée de fer rouge dans sa mémoire : le 11 octobre 1991. C’est la date de la mort de son épouse, il y a plus de vingt ans. Pour le jardinier du temps,  revenir à cet instant pourrait faire revenir sa femme, morte. Taler est à la fois séduit et sceptique. Mais pourquoi pas, c’est sa femme pouvait revenir…

Pour son dixième roman, Martin Suter joue avec le temps. Il joue aussi avec les faits, les situations, les conséquences qui en découlent, les rêves et les espoirs. Jusqu’au bout du roman, à travers de nombreux comparses, tous décrits, avec bonheur, Martin Suter,  multiplie les manœuvres pour noyer le poisson, nous emmener sur de  mauvaises pistes et en créer d’autres, au tournant. Roman lucide, bien construit, Le temps, le temps, est une parodie de la vie, un pied de nez face à chaque bribe de vie accrochés à la dure loi des secondes qui défilent. Avec humour, beaucoup d’ironie, ce roman  est une réelle démonstration de force de la part d’un Martin Suter bien inspiré.

 
 
Editions Christian Bourgois.

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