lundi 7 octobre 2013

Le Maroc lance une campagne de sensibilisation pour les personnes âgées Des « vieux » et des promesses


La 1ère Campagne de sensibilisation à la situation des personnes âgées a été lancée, le 1er octobre 2013 à Rabat, par la ministre de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, Bassima Hakkaoui, à l'occasion de la Journée internationale des personnes âgées.





Mieux vaut tard que jamais. Enfin une action en faveur des personnes âgées au Maroc. Une initiative qui relève du cérémonial  festif à l’occasion d’une date célébrée mondialement par tous ? Ou  est-ce un réel éveil moral, à la fois réfléchi et tangible, pour s’occuper de la situation très précaire de plus de 3 millions de « vieux »  qui vivotent, survivent tant mal que bien, en attendant la gueuse ?   
Pour les ministres présents à Rabat lors du lancement de cette campagne  de sensibilisation à la situation des personnes âgées, le 1er octobre 2013, les choses semblent, au moins en apparence, sérieuses. Autour de la ministre de la famille et de la solidarité, Bassima Hakkaoui, qui prend u poil de la bête depuis la rentrée, on trouve le ministre de la santé, Houssaine El Ouardi, dont le département est appelé à faire des efforts monstres pour aider les « vieux «  du Maroc qui sont souvent la cible de graves maladies, sans prises en charge, ni soins adaptés.  On compte aussi le ministre de la Jeunesse et des Sport, Mohamed Ouzzine, dont la présence dénote dans cette fête gant le troisième voire le quatrième âge ne relève pas de ses compétences ministérielles. Ce qui a fait dire à un médecin casablancais que «peut-être, on va demander aux personnes âgées de faire du sport et de réussir là où les jeunes ont échoué ».

Trésor national
Une ironie qui n’est pas de mauvais goût tant même les jeunes sont marginalisés, délaissés et hors jeu dans l’équation gouvernementale, pas uniquement au niveau des sports.
Quoi qu’il en soit, le thème de cette campagne en dit long sur le fond des actions qui devraient, logiquement suivre. «Les Personnes âgées, un Trésor dans chaque foyer ».  C’est là un fait, mais en dehors de la famille, qui, traditionnellement, et malgré la course effrénée de la modernité, veille encore sur ses «vieux», les pouvoirs publics s’en sont lavés les mains, préférant adopter l’attitude de l’autruche face à un réel problème de moralité et de santé publiques. 
Pour Mme Hakkaoui «cette campagne vise à sensibiliser à la promotion du rôle de la famille et des acteurs dans la prise en charge des personnes âgées et l'amélioration de leurs images au sien de la société conformément à nos valeurs cultuels, culturelles et civilisationnels ». Pour arriver à de tels objectifs, on va distribuer des flyers et des dépliants pour attirer l’attention des uns et des autres. La télévision et la radio sont aussi mises à contribution en mode multilingue.

Dans l’oubli

Au-delà du papier glacé et des slogans, les familles se demandent comment, « concrètement on va aider les personnes âgés ? Car, moi, je n’ai pas attendu qu’onj me lance un dépliant pour prendre conscience que mes grands parents souffrent de solitude, de fragilité et de maladie, et je pense que tous les Marocains sont concernés à chaque instant par le sort des leurs » ; assène, Nabila. B, une infirmière à Casablanca. Des « vieux » elle en voit défiler tous les jours. « Ils ont traités comme des moins que rien. On les oublie, on ne leur vient  pas en aide » ajoute-t-elle, dégoûtée par le sort réservé à des millions de personnes âgées dans un pays « qui se dit musulman et où la solidarité surtout avec les plus âgés devrait être un règle de conduite infaillible ».
En effet, les personnes âgées représentent près de 3 millions de personnes au Maroc. Selon l'enquête nationale réalisée par le Haut-Commissariat au Plan en 2010, ce chiffre  avoisine  les  8,5 pc de la population marocaine. Pour la ministre de la famille, ce pourcentage peut atteindre « les 11,1 pc d'ici 2020.» Les réalités marocaine sont telles que la majorité des personnes âgées au Maroc vivent au sein de leurs familles qui s’occupent de tout : soins médicaux, déplacements, nourritures, habits…etc. Aucune aide de la part du gouvernement n’est destinée  à cette tranche de la société. Et quand on sait « que les retraites quand il y en a sont dérisoires,  un vieux peut crever de faim » précise, Jamal. D, un cadre de banque. Et qu’en est-il des 6 pc de cette catégorie qui vit en dehors du noyau familial ? Comment vit-elle ? Qui s’en charge ? Pourtant conformément aux dispositions de la Constitution notamment l'article 34, «les pouvoirs publics élaborent et mettent en oeuvre des politiques ( ) en vue de traiter et prévenir la vulnérabilité de certaines catégories ( ) dont les personnes âgées». Si depuis des décennies, les vieilles personnes ont été délaissées, au moins depuis deux ans que la nouvelle constitution est en vigueur, les personnes âgées sont toujours la cinquième roue du carrosse.   

Mesures concrètes
Ce qui fait dire au ministre de la santé, Houssaine El Ouardi que plusieurs mesures ont été prises pour venir en aide aux personnes âgées. Ceci est même avancé comme une priorité stratégique dans le cadre du plan du ministère de la Santé (2012/2016). Bonne nouvelle. Avec des chiffres à l’appui. Dans ce sens, apprend-on par le ministre de la santé que son département a « organisé des sessions de formations au niveau régional au profit de 73 médecins généralistes et 39 infirmiers dans le domaine de la gériatrie.» Pour plus de trois millions de « vieux » on parle de 73 généralistes alors que cette frange de la société souffre d’Alzheimer, Parkinson, maladies cardiovasculaires, problèmes psychiatriques, des maladies sévères de reins, suivent des dialyses…
Le chapitre des maladies clos, il faut alors penser aux loisirs des « vieux » et c’est là qu’entre en jeu le ministère des Sports. Mohamed Ouzzine a expliqué lors de cette rencontre du 1er octobre que son département «va permettre aux personnes âgées d'avoir accès aux programmes et activités pour le temps libre en phase avec leurs besoins et attentes par le biais notamment de la promotion et l'organisation des activités culturelles et sportives et la facilitation d'accès au espaces et établissements relevant de ce département.» C’est une très bonne chose si tout le reste allait bien. Mais on ne demande pas à un vieux marocain de plus de 75 ans, malade, mal nourri, négligé par tous, excepté par sa famille, qui se saigne pour lui garder un minimum de dignité, d’aller faire du tennis ou assister à un matche de foot entre Widad et Raja. A moins que le sport ne soit des parties de « ronda » dans la rue, pas loin des feux rouges.



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