vendredi 11 octobre 2013

Centenaire de la naissance d’Albert Cossery Un dandy égyptien à Paris


L’écrivain égyptien, Albert Cossery (1913-2008) aurait cent ans cette année. Visionnaire d’un monde arabe qu’il a dépeint avec un demi-siècle d’avance, c’est l’un des écrivains majeurs des lettres universelles.




En sept textes majeurs, Albert Cossery a gravé son nom dans le panthéon des écrivains les plus importants de son époque. Une vision sans compromis sur le monde, de l’ironie, beaucoup d’humour et une écriture simple, mais qui touche à l’essentiel sans se travestir en fades exercices de style. Avec « Les hommes oubliés de Dieu » (1941), « La maison de la mort certaine » (1944), « Les fainéants dans la vallée fertile » (1948), « Mendiants et orgueilleux » (1955), « Un complot de saltimbanques » (1975), « Une ambition dans le désert » (1984), « Les couleurs de l'infamie » (1999), Albert Cossery a fait le diagnostic avant l’heure du devenir d’un monde arabe qu’il  âtres tôt quitté.  De son Egypte d’origine à Paris où il a vécu dans la même chambre d’hôtel durant toute une vie, Albert Cossery a prédit les soulèvements arabes. Il a aussi prévu leurs échecs, sans détours. 

Révoltes avortées
Dans toutes ses œuvres, le peuple est en question. Le peuple affamé, perdu, opprimé, mais qui ne sait pas comment se soulever contre la tyrannie de gouvernements de potentats avachis et vautrés. Alors, Cossery traite l’impuissance des gouvernés avec humour. Il dévoile avec dérision les travers des dictatures arabes où la schizophrénie le dispute violemment à la paranoïa. Les titres de ses romans en disent long sur leur contenu. Une jubilation d’écriture où le ton est constamment léger. Pas la moindre lourdeur chez un écrivain qui a pris beaucoup de recul pour raconter un monde perdu d’avance. Tout y est : extrémismes religieux, guerres du pouvoir, soulèvements avortés, promiscuité, misères, révoltes du pain, silence des sens et peur de lendemains incertains.
Une maison qui menace ruine, un complot de clodos, des catés terroristes dans une île pétrolifère, les personnages d’Albert Cossery sont tous des archétypes qui évoluent dans des univers improbables. Albert Cossery, mort en 2008, après avoir vécu en solitaire, loin des regards et des feux des médias, aurait cent ans cette année. Les éditions Joëlle Losfeld où toute son œuvre est publiée, lui rendent un grand hommage avec deux tomes pour ses œuvres complètes. Un hommage posthume à celui qui a découvert Henri Miller avant tout le monde. Un immense écrivain. Un homme discret, mais dont les paroles porteront toujours loin dans un monde arabe à la dérive.

Albert Cossery,  Oeuvres complètes. Tomes 1 et 2. Editions Joëlle Losfeld. 340 dhs. 

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