L’écrivain égyptien, Albert Cossery
(1913-2008) aurait cent ans cette année. Visionnaire d’un monde arabe qu’il a
dépeint avec un demi-siècle d’avance, c’est l’un des écrivains majeurs des
lettres universelles.
En sept
textes majeurs, Albert Cossery a gravé son nom dans le panthéon des écrivains
les plus importants de son époque. Une vision sans compromis sur le monde, de
l’ironie, beaucoup d’humour et une écriture simple, mais qui touche à
l’essentiel sans se travestir en fades exercices de style. Avec « Les hommes oubliés de Dieu » (1941),
« La maison de la mort certaine »
(1944), « Les fainéants
dans la vallée fertile » (1948), « Mendiants et orgueilleux » (1955), « Un complot de saltimbanques »
(1975), « Une ambition dans le
désert » (1984), « Les
couleurs de l'infamie » (1999), Albert Cossery a fait le diagnostic
avant l’heure du devenir d’un monde arabe qu’il âtres tôt quitté.
De son Egypte d’origine à Paris où il a vécu dans la même chambre
d’hôtel durant toute une vie, Albert Cossery a prédit les soulèvements arabes.
Il a aussi prévu leurs échecs, sans détours.
Révoltes
avortées
Dans toutes ses œuvres, le peuple est en
question. Le peuple affamé, perdu, opprimé, mais qui ne sait pas comment se
soulever contre la tyrannie de gouvernements de potentats avachis et vautrés.
Alors, Cossery traite l’impuissance des gouvernés avec humour. Il dévoile avec
dérision les travers des dictatures arabes où la schizophrénie le dispute
violemment à la paranoïa. Les titres de ses romans en disent long sur leur
contenu. Une jubilation d’écriture où le ton est constamment léger. Pas la
moindre lourdeur chez un écrivain qui a pris beaucoup de recul pour raconter un
monde perdu d’avance. Tout y est : extrémismes religieux, guerres du
pouvoir, soulèvements avortés, promiscuité, misères, révoltes du pain, silence
des sens et peur de lendemains incertains.
Une maison qui menace ruine, un complot de
clodos, des catés terroristes dans une île pétrolifère, les personnages d’Albert
Cossery sont tous des archétypes qui évoluent dans des univers improbables. Albert
Cossery, mort en 2008, après avoir vécu en solitaire, loin des regards et des
feux des médias, aurait cent ans cette année. Les éditions Joëlle Losfeld où
toute son œuvre est publiée, lui rendent un grand hommage avec deux tomes pour
ses œuvres complètes. Un hommage posthume à celui qui a découvert Henri Miller
avant tout le monde. Un immense écrivain. Un homme discret, mais dont les
paroles porteront toujours loin dans un monde arabe à la dérive.
Albert
Cossery, Oeuvres complètes. Tomes
1 et 2. Editions Joëlle Losfeld. 340 dhs.
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