Une dispute entre deux Russes sur l'oeuvre du philosophe
allemand Emmanuel Kant a conduit à
un meurtre. Oui, deux types, comme vous et moi, dans un coin en Russie ont pété
un câble en opposant leurs arguments sur telle ou telle assertion de monsieur
Kant. L’histoire russe est très intéressante, dans un sens. Un drame humain
étant, bien entendu, une grande tragédie. Mais on peut y voir de nombreux
indicateurs culturels sur telle ou telle approche de la civilisation et de l’Histoire.
Un jeune homme de 28 ans
rentre chez lui. Il s’arrête devant un kiosque. Et là, faisant la queue, il
entame une conversation avec un autre jeune de 26 ans. L’un et l’autre sont admirateurs de l’œuvre de Kant. L’un
et l’autre sont passionnés. Très vite, on en vient aux mains, puis, un coup de
flingue éclate. La suite est moins romanesque. Le tireur a pris la poudre
d’escampette détalant à toute allure. Bon, il a dû réaliser, après coup, c’est
le cas de le dire, qu’il a merdé. Kant ou pas, on ne tire pas sur un autre
citoyen. Surtout si c’est un compagnon d’armes en termes de philosophie très
pointue.
Cet épisode dans un patelin russe me rappelle, un type que
j’ai connu jeune, dans mon quartier d’enfance. Il a purgé dix ans pour avoir
été en désaccord avec son voisin sur la carte du monde. L’un disait que la
terre était ronde et qu’elle tournait. L’autre, boucher de son état, refusait de
croire que la terre était bel et bien ronde. "Non" qu’il disait et il rouspétait. Et l’autre, calme, lui
détaillait ses connaissances lui
montrant même que la Russie et les USA sont presque voisins.
Rien à faire. Le boucher ne voulait rien savoir. Il a argué
à son voisin savant que si la terre tournait l’eau des océans se serait
déversée sur nos têtes à tous. Et pire. On serait tous en train de gambader
dans d’autres contrées. Il a même dit en guise d’argument infaillible que si la
terre tournait, "alors moi je me réveillerais à Derb Moulay Chérif et je pourrai
dormir à New York". Face à de telles saillies, l’autre voisin l’insulte et veut
s’en laver les mains. Mais l’autre lui plante son couteau de boucher dans le
dos pensant qu’il le charriât pour en faire la risée du quartier.
Résultat des course un infirme à vie et un boucher qui a
écumé des jours pas heureux que la terre tourne ou pas, dans une cellule.
Bon, il y a pire chez nous, on peut s’entretuer juste pour
un regard. De là à aiguiser ses
armes en abordant des sphères éthérées sur la métaphysique de la vie et de la
mort, ce n’est pas demain la veille que près de chez nous, on aura des joutes,
pacifistes, sur l’art et la culture. Chacun son destin.
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