samedi 12 octobre 2013

Un baiser volé, trois adolescents et des réseaux sociaux


C’est à n’y rien comprendre. Un imbroglio de tous les diables sur un baiser volé et une caméra qui l’a mémorisé pour longtemps. Deux adolescents : un garçon et une fille, 15 ans. Ils se donnent un baiser sur la bouche. Un copain les photographie. L’image est postée sur Facebook. Une association de défense des libertés individuelles s’en saisit et porte plainte pour atteinte à la pudeur, tenez-vous bine. Puis comme les choses ont pris une tournure pour le moins kafkaïenne, ladite association a retiré sa plainte et dit défendre les deux jeunes.

Avez-vous compris quelque chose jusque-là ? Moi, j’ai du mal.  Libertés individuelles et délation. Il faut le faire. Bref, on passe. On comprendra peut-être un jour. Pour l’instant, concentrons-nous sur l’adolescence et ses limites, puisque c’est de freins qu’il s’agit ici.

C’est un âge difficile certes. Mais c’est là où la vie s’ouvre à nous. C’est là aussi que l’on s’ouvre à toutes ses belles  découvertes. L’appel du corps est souverain à cette période de la vie. On le comprend aisément à moins de ne jamais avoir été adolescent. Les filles attirent les garçons.  Les garçons rendent folles les filles. C’est la loi de la nature. Et là-dedans que l’on soit bouddhiste, païen, musulman, juif, chrétien ou agnostique, le corps a ses propres impératifs que ni la raison ni le bon sens ne peuvent contrecarrer.

Ce baiser a donc rendu fou une large partie des Marocains. Cela n’est pas surprenant. Les Marocains ont sombre relation avec la sexualité. Tout ce qui se rattache au corps devient bizarre, flou, dissimulé, sujet des hypocrisies sans nom. D’ailleurs, le billet que j'ai écrit il y a une semaine sur les colonnes de Maroc Hebdo, sur cette histoire, somme toute drôle, de la panne sexuelle de mon ami,  a attiré des commentaires pour le moins inattendus.

C’est dire que même d’un point de vue clinique et médical, le corps en relation avec le désir et la libido pose un sacré gros problème. Pourquoi ? Il faut faire de longues analyses sur des atavismes sans fin pour y comprendre quelque chose. Reste que dans le cas de ces jeunes qui se sont embrassés, on a été jusqu’à vouloir détruire leurs vies. Car qui dit plainte, dit justice, procès et verdict. 

Qu’est-ce qu’on veut nous faire croire. Que les jeunes marocains ne couchent pas. Ils ne font pas l’amour. Ils sont chastes comme des moins. Et que les jeunes filles attendant gentiment pendant des années le heureux chevalier qui va la ravir et lui offrir un château… en Espagne.   Bien sûr que le sexe fait partie de la vie des Marocains à tous les niveaux. Il serait bête, débile, et c’est le cas de le dire criminel de ne pas intégrer cette vérité dans sa logique de pensée quand on aborde le sexe vu et vécu par une large majorité des Marocains. 

Le Maroc souffre de tant de maux auxquelles il faut s’atteler en urgence. Ce n’est certainement pas la condamnation de deux amoureux qui va aider le Maroc à s’épanouir. Mais à défaut de confronter les vrais problèmes, on se rabat sur le futile pour faire diversion. Tactique éculée. Les gens ont le droit de s’aimer dans le respect des autres et de la société, nous sommes d’accord. Et quand nos enfants se lancent dans la vie, on doit les aider à se comprendre et non pas les condamner et briser leurs rêves. 

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