C’est
à n’y rien comprendre. Un imbroglio de tous les diables sur un baiser volé et
une caméra qui l’a mémorisé pour longtemps. Deux adolescents : un garçon
et une fille, 15 ans. Ils se donnent un baiser sur la bouche. Un copain les
photographie. L’image est postée sur Facebook. Une association de défense des
libertés individuelles s’en saisit et porte plainte pour atteinte à la pudeur,
tenez-vous bine. Puis comme les choses ont pris une tournure pour le moins
kafkaïenne, ladite association a retiré sa plainte et dit défendre les deux
jeunes.
Avez-vous
compris quelque chose jusque-là ? Moi, j’ai du mal. Libertés individuelles et délation. Il
faut le faire. Bref, on passe. On comprendra peut-être un jour. Pour
l’instant, concentrons-nous sur l’adolescence et ses limites, puisque c’est de
freins qu’il s’agit ici.
C’est
un âge difficile certes. Mais c’est là où la vie s’ouvre à nous. C’est là aussi
que l’on s’ouvre à toutes ses belles
découvertes. L’appel du corps est souverain à cette période de la vie.
On le comprend aisément à moins de ne jamais avoir été adolescent. Les filles
attirent les garçons. Les garçons
rendent folles les filles. C’est la loi de la nature. Et là-dedans que l’on
soit bouddhiste, païen, musulman, juif, chrétien ou agnostique, le corps a ses
propres impératifs que ni la raison ni le bon sens ne peuvent contrecarrer.
Ce
baiser a donc rendu fou une large partie des Marocains. Cela n’est pas
surprenant. Les Marocains ont sombre relation avec la sexualité. Tout ce qui se
rattache au corps devient bizarre, flou, dissimulé, sujet des hypocrisies sans
nom. D’ailleurs, le billet que j'ai écrit il y a une semaine sur les colonnes de Maroc Hebdo, sur cette histoire, somme toute drôle, de la panne sexuelle de mon ami, a attiré des
commentaires pour le moins inattendus.
C’est
dire que même d’un point de vue clinique et médical, le corps en relation avec
le désir et la libido pose un sacré gros problème. Pourquoi ? Il faut
faire de longues analyses sur des atavismes sans fin pour y comprendre quelque
chose. Reste que dans le cas de ces jeunes qui se sont embrassés, on a été
jusqu’à vouloir détruire leurs vies. Car qui dit plainte, dit justice, procès
et verdict.
Qu’est-ce
qu’on veut nous faire croire. Que les jeunes marocains ne couchent pas. Ils ne
font pas l’amour. Ils sont chastes comme des moins. Et que les jeunes filles
attendant gentiment pendant des années le heureux chevalier qui va la ravir et
lui offrir un château… en Espagne. Bien sûr que le
sexe fait partie de la vie des Marocains à tous les niveaux. Il serait bête,
débile, et c’est le cas de le dire criminel de ne pas intégrer cette vérité
dans sa logique de pensée quand on aborde le sexe vu et vécu par une large majorité des Marocains.
Le Maroc souffre de tant de maux auxquelles il faut
s’atteler en urgence. Ce n’est certainement pas la condamnation de deux
amoureux qui va aider le Maroc à s’épanouir. Mais à défaut de confronter les
vrais problèmes, on se rabat sur le futile pour faire diversion. Tactique
éculée. Les gens ont le droit de s’aimer dans le respect des autres et de la
société, nous sommes d’accord. Et quand nos enfants se lancent dans la vie, on
doit les aider à se comprendre et non pas les condamner et briser leurs rêves.
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