«Nous
les avons accueillis avec sympathie, un brin amusés par leur accoutrement
folklorique, leur bigoterie empressée, leurs manières doucereuses et leurs
discours pleins de magie et de tonnerre, ils faisaient spectacle dans l’Algérie
de cette époque, socialiste, révolutionnaire, tiers-mondiste, matérialiste
jusqu’au bout des ongles, que partout dans le monde progressiste on appelait
avec admiration “la Mecque des révolutionnaires”. Quelques années plus tard,
nous découvrîmes presque à l’improviste que cet islamisme qui nous paraissait
si pauvrement insignifiant s’était répandu dans tout le pays.» Après avoir brossé un tableau d’ensemble
des courants musulmans, Boualem Sansal s’interroge sur les acteurs de la
propagation de l’islamisme : les États prosélytes, les élites opportunistes,
les intellectuels silencieux, les universités, les médias, «la rue arabe»… Il
questionne aussi l’échec de l’intégration dans les pays d’accueil des émigrés.
Ainsi,
l’islamisme arabe tend à s’imposer, mal évalué par les pouvoirs occidentaux qui
lui opposent des réponses inappropriées, tandis que les femmes et les jeunes,
ses principales victimes, sont de plus en plus à sa merci. Boualem Sansal, devenu l’une des grandes
voix de la littérature algérienne, propose une synthèse engagée, précise,
documentée, sans pour autant abandonner les prises de position humanistes
intransigeantes qui, au fil de ses romans, l’ont amené à dénoncer à la fois le
pouvoir militaire algérien et le totalitarisme islamiste.
Hors série Connaissance, Gallimard.
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