Le Maroc a participé à Brazilia, au Brésil, du 8 au 10 octobre
2013 à une conférence internationale sur le travail des enfants. L’occasion de
revenir sur un fléau social qui fait des ravages.
C’est
l’Arlésienne. A Chaque conférence internationale, le Maroc refait les comptes
sur tous ces enfants entre 6 et 15 ans, qui sont exploités dans le milieu du
travail. Les mêmes constats alarmants, malgré quelques embellies dans les
chiffres. S’il est vrai que selon
les dernières statistiques de 2012, le Haut commissariat
avance des pourcentages qui démontrent la régression du nombre de mineurs
assujettis au travail, il n’en reste pas moins que le fléau perdure, malgré des
mesures prises pour sanctionner tous les abus. En effet, depuis 1999 où ce nombre touchait plus
de 517.000 enfants, concentré
principalement en milieu rural avec pas moins de 113.000, il est passé
aujourd’hui à 123, 000, selon le HCP. C’est encore et toujours le même constat dans
les compagnes marocaines où les enfants sont mis au travail à un âge très
précoce pour aider leurs familles. Le HCP a précisé à ce sujet que le phénomène
touche beaucoup plus les garçons que les filles, avec près de 6 enfants sur 10
qui sont de sexe masculin, obligés de trimer pour vivre.
Pour le
président de l'association Insaf, Omar El Kindi, qui a participé à cette
rencontre sur le travail des enfants, les choses sont claires : «Le
travail des enfants est une problématique d'ordre socio-économique et culturel
due essentiellement à la pauvreté et à l'existence d'une forte demande de la
classe moyenne pour ce genre de main d'œuvre ».
Travail domestique
On le
sait, le travail des enfants au Maroc est un phénomène principalement rural,
puisque les chiffres officiels dont on dispose démontrent que plus de 9 enfants
sur 10 (91,7 pc) qui travaillent sont issus des compagnes marocaines. Les
filles ont un pourcentage qui avoisine la moitié. Cela nous renseigne au moins
sur une vérité : dans le milieu rural marocain, garçon et fille sont logés
à la même enseigne. Tous doivent s’échiner dans les champs ou travailler comme
domestiques pour joindre les deux bouts. Pour un homme de terrain comme M. El
Kindi, les mesures à prendre sont simples pour lutter contre ce phénomène qui
dure depuis très longtemps. «pour
l'éradication du travail domestique des filles mineures, la stratégie de
l'Association consiste à identifier ces petites filles et à négocier avec leurs
parents leur réinsertion en famille et leur retour à l'école moyennant un
parrainage financier allant jusqu'à 300 DH par mois, en contrepartie d'un
engagement d'assurer le suivi scolaire. »Voici une proposition sérieuse et
crédible, car le nerf de la guerre dans cette histoire de travail des enfants,
c’est l’argent. Les parents n’accepteront de garder leurs progénitures que si
ils ont l’assurance qu’ils vont avoir de l’aide. Sans cela, ils seront obligés
de « brader » leurs enfants au plus offrant.
Le chemin de l’école
D’ailleurs
l’association Insaf a trouvé la parade pour venir en aide aux familles. Elle
s'occupe de la totalité des frais de scolarité, des soins médicaux et du soutien
scolaire, entre autres.
Quand on
sait, selon les chiffres du HCP
que
300.000 à 400.000 enfants de moins de 15 ans quittent le système scolaire
chaque année, on se dit que la proposition de cette association tient la route
pour lutter contre deux problèmes. D’un côté le travail des mineurs. De
l’autre, l’abandon scolaire. Et les résultats sont là. Depuis
2005, grâce aux protocoles de prise en charge, entre bourses scolaires, aide à
la scolarisation, denrées alimentaires, etc., il faut savoir que plus de 350
filles mineures de la région Tansift-Al-Haouz ont pu être sauvées de cette
situation. On les a retirées du travail domestique. Elles ont été réinsérées
dans leurs familles et ont pu retrouver le chemin de l'école.
Coups et blessures
Sur le terrain,
malgré tous ces efforts que de nombreuses associations déploient, il faut
savoir que de nombreuses petites filles issues de familles rurales pauvres
deviennent dès l’âge de 6-7 ans des bonnes à tout faire dans les grandes villes
du pays, notamment à Rabat, Casablanca, Tanger, Marrakech et Agadir. On exporte
cette petite main d’oeuvre à bas prix et dans des conditions, parfois
inhumaines. Comme le souligne M. El Kindi, «Dans le cas des
"petites bonnes", 75 pc des employeurs et employeuses sont de classe
aisée, d'un niveau universitaire et n'ignorent pas l'interdiction du travail
des enfants ni leurs droits élémentaires » pourtant, on exploite la
pauvreté des gens et on asservit leurs enfants. Les salaires sont dérisoires.
Cela varie entre 400 et 800 dirhams par mois. Les petites filles sont souvent
maltraitées, exploitées et finissent à la rue.
des affaires sont même devant
les tribunaux pour abus sexuels, mauvais traitements, coups et blessures. Pourtant,
le Maroc a ratifié nombre de conventions internationales relatives aux droits
de l'enfant. Mais le fond du problème demeure le même, et la réalité dépasse
souvent ce qu’on peut imaginer. Pour toutes les ONG qui travaillent sur
cette question au Maroc, il s’agit là d’un phénomène dû à la pauvreté,
l'analphabétisme et la précarité des infrastructures au niveau des zones
rurales.
Encadré
Au Maroc, environ
123.000 enfants âgés de 7 à moins de 15 ans travaillaient en 2011, soit 2,5 %
de l'ensemble des enfants de cette tranche d'âge. Déjà en 2009, le Haut Commissariat au Plan (HCP) marocain avait
estimé à 170 000 le nombre d’enfants
âgés de moins de 15 ans qui travaillaient dans notre pays, dont 19 000 enfants qui seraient âgés de 7
à 15 ans. La plupart d’entre eux sont des garçons. Ils viennent des zones
rurales pour travailler en ville. Ces familles, qui se trouvent dans une situation de grande précarité,
envoient leurs enfants en ville dans l’espoir de gagner un peu d’argent.
Certains sont totalement déscolarisés, d’autres travaillent et vont à l’école
ensuite.
magnifique
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