mercredi 23 octobre 2013

Travail des enfants au Maroc: Pleure ô enfant bien aimé


Le Maroc a participé à Brazilia, au Brésil, du 8 au 10 octobre 2013 à une conférence internationale sur le travail des enfants. L’occasion de revenir sur un fléau social qui fait des ravages.



C’est l’Arlésienne. A Chaque conférence internationale, le Maroc refait les comptes sur tous ces enfants entre 6 et 15 ans, qui sont exploités dans le milieu du travail. Les mêmes constats alarmants, malgré quelques embellies dans les chiffres.  S’il est vrai que selon les dernières statistiques de 2012, le Haut commissariat avance des pourcentages qui démontrent la régression du nombre de mineurs assujettis au travail, il n’en reste pas moins que le fléau perdure, malgré des mesures prises pour sanctionner tous les abus.    En effet, depuis 1999 où ce nombre touchait plus de  517.000 enfants, concentré principalement en milieu rural avec pas moins de 113.000, il est passé aujourd’hui à 123, 000, selon le HCP. C’est encore et toujours le même constat dans les compagnes marocaines où les enfants sont mis au travail à un âge très précoce pour aider leurs familles. Le HCP a précisé à ce sujet que le phénomène touche beaucoup plus les garçons que les filles, avec près de 6 enfants sur 10 qui sont de sexe masculin, obligés de trimer pour vivre.
Pour le président de l'association Insaf, Omar El Kindi, qui a participé à cette rencontre sur le travail des enfants, les choses sont claires : «Le travail des enfants est une problématique d'ordre socio-économique et culturel due essentiellement à la pauvreté et à l'existence d'une forte demande de la classe moyenne pour ce genre de main d'œuvre ».


Travail domestique
On le sait, le travail des enfants au Maroc est un phénomène principalement rural, puisque les chiffres officiels dont on dispose démontrent que plus de 9 enfants sur 10 (91,7 pc) qui travaillent sont issus des compagnes marocaines. Les filles ont un pourcentage qui avoisine la moitié. Cela nous renseigne au moins sur une vérité : dans le milieu rural marocain, garçon et fille sont logés à la même enseigne. Tous doivent s’échiner dans les champs ou travailler comme domestiques pour joindre les deux bouts. Pour un homme de terrain comme M. El Kindi, les mesures à prendre sont simples pour lutter contre ce phénomène qui dure depuis très longtemps.  «pour l'éradication du travail domestique des filles mineures, la stratégie de l'Association consiste à identifier ces petites filles et à négocier avec leurs parents leur réinsertion en famille et leur retour à l'école moyennant un parrainage financier allant jusqu'à 300 DH par mois, en contrepartie d'un engagement d'assurer le suivi scolaire. »Voici une proposition sérieuse et crédible, car le nerf de la guerre dans cette histoire de travail des enfants, c’est l’argent. Les parents n’accepteront de garder leurs progénitures que si ils ont l’assurance qu’ils vont avoir de l’aide. Sans cela, ils seront obligés de « brader » leurs enfants au plus offrant.

Le chemin de l’école
D’ailleurs l’association Insaf a trouvé la parade pour venir en aide aux familles. Elle s'occupe de la totalité des frais de scolarité, des soins médicaux et du soutien scolaire, entre autres.
Quand on sait, selon les chiffres du HCP
que 300.000 à 400.000 enfants de moins de 15 ans quittent le système scolaire chaque année, on se dit que la proposition de cette association tient la route pour lutter contre deux problèmes. D’un côté le travail des mineurs. De l’autre, l’abandon scolaire. Et les résultats sont là. Depuis 2005, grâce aux protocoles de prise en charge, entre bourses scolaires, aide à la scolarisation, denrées alimentaires, etc., il faut savoir que plus de 350 filles mineures de la région Tansift-Al-Haouz ont pu être sauvées de cette situation. On les a retirées du travail domestique. Elles ont été réinsérées dans leurs familles et ont pu retrouver le chemin de l'école.

Coups et blessures
Sur le terrain, malgré tous ces efforts que de nombreuses associations déploient, il faut savoir que de nombreuses petites filles issues de familles rurales pauvres deviennent dès l’âge de 6-7 ans des bonnes à tout faire dans les grandes villes du pays, notamment à Rabat, Casablanca, Tanger, Marrakech et Agadir. On exporte cette petite main d’oeuvre à bas prix et dans des conditions, parfois inhumaines. Comme le souligne M. El Kindi, «Dans le cas des "petites bonnes", 75 pc des employeurs et employeuses sont de classe aisée, d'un niveau universitaire et n'ignorent pas l'interdiction du travail des enfants ni leurs droits élémentaires » pourtant, on exploite la pauvreté des gens et on asservit leurs enfants. Les salaires sont dérisoires. Cela varie entre 400 et 800 dirhams par mois. Les petites filles sont souvent maltraitées, exploitées et finissent à la rue. 

des affaires sont même devant les tribunaux pour abus sexuels, mauvais traitements, coups et blessures. Pourtant, le Maroc a ratifié nombre de conventions internationales relatives aux droits de l'enfant. Mais le fond du problème demeure le même, et la réalité dépasse souvent ce qu’on peut imaginer.   Pour toutes les ONG qui travaillent sur cette question au Maroc, il s’agit là d’un phénomène dû à la pauvreté, l'analphabétisme et la précarité des infrastructures au niveau des zones rurales.
  


Encadré

Au Maroc, environ 123.000 enfants âgés de 7 à moins de 15 ans travaillaient en 2011, soit 2,5 % de l'ensemble des enfants de cette tranche d'âge. Déjà en 2009, le Haut Commissariat au Plan (HCP) marocain avait estimé à 170 000 le nombre d’enfants âgés de moins de 15 ans qui travaillaient dans notre pays, dont 19 000 enfants qui seraient âgés de 7 à 15 ans. La plupart d’entre eux sont des garçons. Ils viennent des zones rurales pour travailler en ville. Ces familles, qui se trouvent dans une situation de grande précarité, envoient leurs enfants en ville  dans l’espoir de gagner un peu d’argent. Certains sont totalement déscolarisés, d’autres travaillent et vont à l’école ensuite. 


  

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