Le
sujet peut sembler délicat, voire irrévérencieux pour certaines âmes
pudibondes. Mais il est abordé ici de manière clinique, que l’on soit bien
d’accord, au moins sur ce postulat de base. A défaut de l’être sur le
traitement qui suivra.
Bref,
un ami de longue date, la cinquantaine bien tassée demande à me voir pour
prendre un verre et discuter d’un sujet sérieux. Intrigué et inquiet, je
l’invite. Au bout d’une bonne rasade d’un lubrifiant mondain, élevé en fût de
chêne, il lâche le morceau : « Najib, j’ai des pannes
d’érection ».
Aïïe.
Que dire face à une telle saillie, aussi tranchante ? Mon ami, macho
invétéré, étalon parmi les étalons, a toujours vécu avec, pour et par son
organe sexuel. Il en parlait, dans
le temps, comme d’un autre ami qu’il traîne avec lui, tous les jours. Des fois,
son ami intime est impérial. D’autres, moins bon. Des fois carrément
indomptable. Mais de là à accuser le coup avec une bonne rupture de dialogue
entre lui et son engin, il y a certes péril en la demeure.
Ce
théâtre intime devait immanquablement conduire à une visite médicale chez un sexologue tant mon ami avait la
frousse de ne plus se sentir « homme » comme il le répétait. Il va
voir son toubib. Une bonne conversation entre hommes sur cette tragédie humaine qui se joue avec
passion, entre mon ami et son organe vital.
Le
médecin lui a dit que le stress lui joue de sales tours. Mon ami n’est pas rassuré pour autant. Son appendice
viril lui fait défaut. Il se dérobe quand il en a le plus besoin. Mon ami
souffre. Il veut encore vider son sac autour d’un autre verre.
C’est
une révolution existentielle que mon ami découvre à 50 ans passés. Jadis sa
verge lui ravissait sa volonté.
Son sexe était presque un tyran qui le tenaillait, lui rendait la vie
dure, entre séductions, dragues, parties relevées, loin des connaissances, et
là, il boude. Il fait la tête. Il demande un congé. Voire même une inscription
au chômage.
« Et
si je prenais du Viagra ». « Si ton médecin te le recommande,
pourquoi pas.», que je lui lance, inconscient que son cas désespérée était
telle qu’il était capable de tout pour retrouver sa complicité avec son
instrument. Impuissance passagère muée en problème métaphysique. Je n’ai
d’autres arguments que de lui demander d’acheter son viatique à la pharmacie.
Au bout d’une semaine. Il appelle. « Tout va bien. Je suis redevenu un
homme ». Mais tu as toujours été un homme, mon ami. « Non, je veux
dire que j’ai retrouvé la forme ». Eh oui, le narcissique en mon ami, et
en nous tous, les hommes, à la moindre avarie, crie au désastre tant cet
appendice nous mène par le bout du nez et qu’est-ce qu’on aime cela.
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