vendredi 4 octobre 2013

Des hommes, des machos et des pannes érectiles…


Le sujet peut sembler délicat, voire irrévérencieux pour certaines âmes pudibondes. Mais il est abordé ici de manière clinique, que l’on soit bien d’accord, au moins sur ce postulat de base. A défaut de l’être sur le traitement qui suivra.
Bref, un ami de longue date, la cinquantaine bien tassée demande à me voir pour prendre un verre et discuter d’un sujet sérieux. Intrigué et inquiet, je l’invite. Au bout d’une bonne rasade d’un lubrifiant mondain, élevé en fût de chêne, il lâche le morceau : « Najib, j’ai des pannes d’érection ». 
Aïïe. Que dire face à une telle saillie, aussi tranchante ? Mon ami, macho invétéré, étalon parmi les étalons, a toujours vécu avec, pour et par son organe sexuel.  Il en parlait, dans le temps, comme d’un autre ami qu’il traîne avec lui, tous les jours. Des fois, son ami intime est impérial. D’autres, moins bon. Des fois carrément indomptable. Mais de là à accuser le coup avec une bonne rupture de dialogue entre lui et son engin, il y a certes péril en la demeure.
Ce théâtre intime devait immanquablement conduire à une visite médicale  chez un sexologue tant mon ami avait la frousse de ne plus se sentir « homme » comme il le répétait. Il va voir son toubib. Une bonne conversation entre hommes sur  cette tragédie humaine qui se joue avec passion, entre mon ami et son organe vital.
Le médecin lui a dit que le stress lui joue de sales tours. Mon ami n’est pas  rassuré pour autant. Son appendice viril lui fait défaut. Il se dérobe quand il en a le plus besoin. Mon ami souffre. Il veut encore vider son sac autour d’un autre verre.
C’est une révolution existentielle que mon ami découvre à 50 ans passés. Jadis sa verge lui ravissait sa volonté.  Son sexe était presque un tyran qui le tenaillait, lui rendait la vie dure, entre séductions, dragues, parties relevées, loin des connaissances, et là, il boude. Il fait la tête. Il demande un congé. Voire même une inscription au chômage.
« Et si je prenais du Viagra ». « Si ton médecin te le recommande, pourquoi pas.», que je lui lance, inconscient que son cas désespérée était telle qu’il était capable de tout pour retrouver sa complicité avec son instrument. Impuissance passagère muée en problème métaphysique. Je n’ai d’autres arguments que de lui demander d’acheter son viatique à la pharmacie. Au bout d’une semaine. Il appelle. « Tout va bien. Je suis redevenu un homme ». Mais tu as toujours été un homme, mon ami. « Non, je veux dire que j’ai retrouvé la forme ». Eh oui, le narcissique en mon ami, et en nous tous, les hommes, à la moindre avarie, crie au désastre tant cet appendice nous mène par le bout du nez et qu’est-ce qu’on aime cela.




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