vendredi 28 mars 2014

Migrations des cigognes blanches au Maroc Les cigognes ne font plus le printemps

Selon plusieurs observateurs marocains, le pourcentage de cigognes blanches qui venaient nicher au Maroc a baissé de 63 pour cent en quelques décennies. Un indicateur majeur des changements climatiques qui ont touché le territoire marocain.



L’image d’Épinal des deux cigognes qui portent un bébé dans ses langes n’est pas prête de quitter l’imaginaire des enfants marocains. Il y aura toujours des cigognes nichées sur les hauteurs, au pic des minarets, sur les poteaux électrique, les pylônes haute tension et d’autres endroits en hauteur, égayant l’atmosphère de leurs coups de bec aux sonorités bien spécifiques. On verra toujours des cigognes, mais de moins en moins. Car les chiffres avancés par l’association marocaine de défense des cigognes Aprocib, présidée par Abderrahmane Chemlali, sont alarmants. Plus de 63 pour cent de ces échassiers ne viennent plus sur le sol marocain. Une baisse notée entre 1973 et 2005 et dont les tendances se confirment davantage ces dix dernières années. En cause selon l’association, les changements climatiques, mais aussi le braconnage. Les spécialistes avancent aussi la thèse des dépotoirs à ciel ouvert où pullulent les sacs en plastique qui, une fois ingérés par les cigognes, les étouffent et elles en meurent. A la lumière de ces nouvelles donnes, les cigognes qui venaient d’Espagne pour nicher en Mauritanie ou au Sénégal avec de longues escales au Maroc, deviennent de plus en plus rares.

Décharges publiques

Les réalités du terrain sont simples : le Maroc est un pays sec. La nappe phréatique, comme on le sait, s’appauvrit d’année en année. La désertification gagne du terrain et une large partie du territoire marocain est désertique. Les cigognes se rabattent sur les décharges publiques et mangent ce qu’elles trouvent. Impossible pour elles, comme l’avancent les responsables de l’association de défense des cigognes, de pourvoir aux besoin de leurs petits qui s’élèvent à plus de 140 kilos de viande. Ceci pour les 70 premiers jours après la naissance des cigogneaux. Inutile de préciser que c’est là une quantité impossible à amasser et que les charognes ne courent pas les poubelles. Restent donc les détritus, les nourritures décomposées des décharges. Et là les risques sont importants pour les échassiers. Il faut aussi parler de cette légende urbaine qui voudrait que la viande des cigognes soit un bon remède contre le diabète. Plusieurs braconniers se sont spécialisés dans ce créneau en piégeant des cigognes et vendant leur chair à des prix assez important. Certains avancent le chiffre de 200 dhs le kilo. Il faut dire que la légende court et que les malades sont prêts à débourser pourvu que cela marche.

Mythes et légendes

Pourtant au Maroc, la cigogne est un oiseau très aimé. Il est aussi protégé et presque sacré. Comme dans de nombreux pays africains, la cigogne est un oiseau porte-bonheur. La légende populaire nous apprend que la cigogne serait un imam. C’est aussi un saint homme qui serait habillé de deux burnous, en noir et blanc et qu’il veille sur les gens et les protège. Le mythe nous dit que ce saint homme a un jour manqué d’eau pour ses ablutions. Il a alors recours au petit lait pour se laver et faire sa prière. Mais le petit lait est béni  dans cette région du Sahara marocain. Il est aussi rare et c’est un péché de le consommer de cette manière. Le saint homme est alors métamorphosé en oiseau. Et il est expédié au Maroc pour trouver la rédemption. Certains voient dans le fait que les cigognes nichent sur les minarets des mosquées un signe de piété et de sacralité. Mais aussi bien  les mythes et les légendes ne peuvent rien face aux changements climatiques. Les cigognes sont touchées de plein fouet par la montée des chaleurs, la sécheresse et le manque d’eau. Et quand l’homme s’en mêle, c’est généralement mauvais signe.

   
Quelques chiffres

24 000 couples étaient recensés avant la seconde guerre mondiale, leur nombre est passé à 12 000 en 1940, puis à 13 500 en 1973, pour s’effondrer à 5 000 couples en 1995. Le recensement de 2015 risque d’être plus alarmant.



       

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